Chapitre 18

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Je me retrouve de nouveau seule mais cette fois-ci la solitude est un poids. Peter m'a lâchement abandonné sans la moindre explication alors que son attitude était plus que suspecte. Je décide de débuter des exercices de respiration pour tenter de me calmer. Inspiration... Expiration... Petit à petit mon rythme cardiaque redevient régulier. En m'appuyant sur le tronc du saule pleureur, je parviens à me relever malgré la douleur qui traverse mes jambes. Le soleil commence à se coucher et il serait peut-être temps pour moi de retourner à la cabane. Je suis persuadée que Mélissa m'y attend de pieds fermes pour avoir des explications. L'idée de devoir expliquer l'incompréhensible me fatigue déjà. Je m'étire le dos et pars en direction de la cabane, priant pour ne croiser personne.

J'étais à 500 mètres de la cabane lorsque des bruits de pas se sont manifestés. Décidemment, il faut que j'arrête d'espérer être seule car le karma m'envoie l'exact opposé. En tendant l'oreille, je remarque que les pas sont lourds, comme à bout de force. Le bruit se fait de plus en plus fort, par manque de courage mais surtout par non-envie de voir des êtres humains maintenant, je me recule du passage m'enfonçant dans les hautes herbes. Le karma, étant toujours contre moi, me fait tomber à la renverse  à cause d'un simple petit caillou. Ce n'est décidemment pas ma journée.

Les buissons en face de moi commencent à bouger. Je sens que je vais tomber nez à nez avec un enfant perdu qui va me taper sur le système. Mon intuition s'est lamentablement trompée car c'est une petite fille d'environ 8 ans qui se retrouve devant moi. Elle a le regard livide et semble épuisée. Ce qui est compréhensible car elle porte, tant bien que moi, un jeune garçon sur son dos. Mes yeux sont écarquillés devant la scène qui s'offre devant moi, c'est une première. Voyant que je ne réagis pas la petite fille aux cheveux salis par la forêt tombe à genoux et me regarde droit dans les yeux. Ses petits yeux en amande traduisent la peur et l'angoisse, signe de l'arrivée récente du duo. Ces yeux sont les mêmes à chaque nouvel arrivant sur l'île mais Peter parvient toujours à les calmer, pour ma part je ne suis jamais tombée nez à nez avec de nouveaux enfants perdus. Je me relève doucement pour ne pas brusquer la petite.

« Aidez-moi sil vous plait...

- Euh... Oui... Je m'approche d'elle. Je vais t'aid... vous aider, mais d'abord dit-moi ton nom.

- Vinciane... Je m'appelle Vinciane. »

Sa phrase était saccadée par les sanglots qui augmentent un peu chaque seconde. A côté d'elle se trouve le jeune homme. Il gisait parterre le visage plongé dans le sommeil. Tout en gardant un oeil sur Vinciane, je me rapproche du jeune garçon.

« Et lui ? Qui est-ce ?

- C'est mon frère... Mon grand frère ! Elle essuie grossièrement ses larmes. Il faut le sauver. Thomas réveille-toi ! »

Elle secoua énergiquement son frère pour le faire revenir à lui sans franc succès. Je pose une de mes mains sur son épaule pour lui indiquer d'arrêter. En m'approchant un peu plus de lui, je remarque une légère trainée de sang provenant de sa tête. Je lui tourne délicatement la tête, ce serait bête de le blesser encore plus, et vois une petite plaie à l'arrière de son crâne. Tout en inspectant la plaie superficielle de Thomas je me permets de demander à Vinciane la raison de cette blessure.

« Des hommes très grands nous ont amenés, puis ils nous ont balancés parterre mais la tête de mon frère s'est fracassée contre un rocher puis... Elle se stoppe pour reprendre une bouffée doxygène ; il est tombé dans les pommes. »

J'hoche la tête après le récit de la petite. Décidemment, tout le monde s'est donné le mot pour venir au Pays Imaginaire ! Mon regard s'arrête sur la tignasse du certain « Thomas », elle est d'une couleur indescriptible. Un mélange inédit entre le roux et le blond, je n'ai jamais rencontré de tels cheveux dans ma longue vie. De son visage se dégage un certain charme qui le rend quelque peu attirant.

« Il n'a rien de grave je te rassure... Avec quelques soins il sera bientôt sur pieds. »

Je souris franchement à Vinciane qui détendit son visage dans la foulée, rassurée de comprendre que la vie de son frère nest pas en danger. Malgré tout, la petite me fait rapidement comprendre qu'elle ne sait pas où mettre son frère pour le soigner, en d'autres termes elle veut que je les amène tous les deux dans MA cabane. Génial... Je ne vais pas les laisser seuls dans cette forêt hostile, je ne suis pas si méchante que ça ! Je fais signe à Vinciane pour qu'elle m'aide à mettre son frère sur mon dos. Une fois « bien » installé sur mon dos, je me rends vite compte que Thomas pèse son poids et que mes petites jambes épuisées me maudissent de leurs faire subir ça. Mon cerveau se fait violence en se disant : « C'est pour la bonne cause, tu peux le faire. » Mon corps reçoit une forte dose d'adrénaline pour me permettre de parcourir le bout de chemin qui nous mènera à la cabane. Je me visualise mon tendre lit pour me requinquer.

A plusieurs reprises, pendant le trajet qui est bien plus long que prévu, je tente d'interroger Vinciane sur leur arrivée sur l'île mais toutes ses réponses sont floues ou incompréhensibles. Je décide de lâcher l'affaire et de finir le trajet dans le silence reposant de la forêt.

Le pays imaginaire...mon histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant