chapitre 24

1.2K 71 3
                                    

J'ai l'impression que je passe mon temps à traverser l'île imaginaire de long en large sans jamais faire de pause, mes jambes peuvent affronter n'importe quel marathon ! Le camp des Charmant commence à se dessiner devant nous mais une voix des plus désagréables se distingue des autres : celle de Peter. Quelle poisse ! Mélissa est la première à réagir en me jetant dans le buisson. Alors que j'allais hurler ma douleur pour me plaindre de mon coccyx, Mélissa me plaqua sans délicatesse sa main sur ma bouche.

« Tu la fermes et tu écoutes. »

Je lève les yeux en l'air et tends l'oreille pour pouvoir comprendre la discussion qui se déroule non loin de nous.

« Donnez le plus d'informations aux filles

-Pourquoi nous ferions ça, Peter ? Interrogea la méchante reine.

-Car sinon vos chances de revoir Henry vont encore baisser. »

L'avantage avec notre superbe cachette est la magnifique vue sur le camp des Charmant, tout le monde est dans notre visuel même la tête prétentieuse de Peter.

« Tu peux compter sur nous Pet'...

-Je t'arrête tout de suite Crochet, je ne suis pas votre ami. Peter retrouve alors son célèbre sourire en coin. Vous devriez plutôt vous méfier de ce qui peut vous arriver. »

Puis comme à son habitude, il disparait dans l'obscurité de la forêt. Il devrait sérieusement penser à se renouveler dans ses disparitions, ça devient vraiment redondant.

« pffff ! »

Mon soufflement est sorti tout seul. Ridicule. Si Peter pense faire une bonne action en demandant aux Charmant d'être plus clair avec nous, c'est perdu pour lui. Ils nous auraient aidés même sans l'intervention de notre chef. Vous pouvez me croire que je veux avoir les réponses à mes questions ; terminé les réponses vagues.

Mélissa et moi débarquons au camp des gentils. Si nous étions dans un film d'action cliché hollywoodien nous marcherions au ralenti avec des bourrasques de vent dans le visage pour faire bouger nos cheveux, bien loin d'être soyeux. Puis si nous étions dans un film policier, Mélissa serait le « good cop » alors que je serais le « bad cop » prêt à casser des gueules.

Lorsque nos visages se distinguent enfin à travers l'obscurité environnante, Emma se presse dans notre direction avant de nous interroger :

« Comment va Henri ?

-Je n'en sais rien, puis on ne vient pas pour ça. »

Mon ton est plus glacial que prévu et je le vois sur les visages surpris de Mélissa et Emma. Mais heureusement pour nous, Marie-Margarette arrive pour calmer la situation.

« Calme-toi Jade...

-Je n'ai jamais le droit d'hausser la voix ? Je vous fais peur ? Car vous devriez. »

Sur ces belles paroles toutes aussi sanglantes que les premières, je brise un arbre en deux sans savoir exactement pourquoi et comment. C'est alors que tout le campement me dévisage, même Mélissa est de la partie. Je leur fais peur, je suis un monstre. J'ai tellement de colère qui ne demande qu'à sortir. Comment la sortir sans tuer quelqu'un au passage ?

Alors que j'allais me mettre à pleurer, mes nerfs ne peuvant plus supporter autant de pression, Mélissa vient poser sa main gauche sur l'une de mes épaules en me chuchotant de respirer profondément. Ce que je fis sans râler. En expirant, je me laisse tomber sur la première souche d'arbre que je trouve, pas trop loin du feu de camp car la nuit commence à tomber et tout le monde sait que les nuits au Pays Imaginaire sont souvent fraiches.

« J'en ai marre... Je chuchote, ma voix est quasiment inaudible. Si seulement je n'avais jamais vu le jour, ça m'aurait évité pas mal d'ennuis... en commençant par Peter. Je me claque les joues avant de reprendre, cette fois-ci assez fort pour être entendu. Je veux des réponses. Des réponses claires. Ce n'est pas la mer à boire que de retrouver son père, nan ? »

Je me claque de nouveaux les joues, un peu plus fort pour empêcher les larmes de couler. Mon regard est vide, bloqué sur le rien. Je ne fixe personne en particulier pourtant j'ai limpression de tous les regarder dans les yeux. Leur montrer à quel point je suis faible, incapable de continuer sans devenir de plus en plus agressive. Je le sais, c'est en moi.

« Quel père ? Me questionna David.

-Le monsieur sans lequel je ne serais pas là. Celui qui m'a abandonné, pour mon bien. Hahaha, que des paroles pour se rassurer de l'impardonnable. »

Je fixais David dans les yeux. Je sais que mon discours résonne en lui comme les non-dits d'Emma sur son abandon. Les paroles d'une enfant qui aurait pu être la leur. Il ne supporte pas mon regard et préfère s'en détourner pour retrouver les yeux réconfortant de Marie-Margarette.

« Tu sais qui ça peut être ?

-Tu n'as pas une question plus débile Crochet ? Tu t'attends à ce que je te réponde « ho oui je sais exactement qui il est » ? Crois-moi je ne serais pas venu vous voir, je serais déjà en chemin pour le retrouver et le confronter à la réalité ! Pour lui dire à quel point c'est un con !

-HO MAIS TU TE CALMES ! Mélissa venait de me couper la parole. CONTINUE COMME CA ET PERSONNE NE T'AIDERAIT, T'ES BIEN PARTIE CONTINUE ! »

Mes yeux étaient humides mais ma volonté empêchait mes larmes de couler. Je me rassies sur ma souche alors que Mélissa essayait d'expliquer la situation au petit groupe. Elle leur parla notamment du discours de Thomas sur mon passé et ma famille.

« Je pense avoir une idée, dit Crochet après une minute de silence. Il y a un vieux pécheur à Story Brook. Comment il sappelle déjà...

-Carter. Lança Régina. »

Elle qui faisait comme si cette conversation ne l'intéressait pas, la voilà entrain de nous aider. Bizarrement, l'idée de pouvoir donner un nom à mon père me soulage et apaise un peu ma haine de tout à l'heure. Ça ne change rien au fait que ce soit un idiot qui abandonne son enfant. Peut-être que lui aussi me cherche. Peut-être que la mémoire lui est revenue lorsque Emma a délivré Story Brook.

« Si tu veux revenir avec nous, reprit Régina, il faut nous ramener Henri.

-On verra ça... dis-je dans un souffle »

Ma réponse ne semble pas contenter Régina et tout le petit groupe, n'oublions pas que je reste du côté des « méchants ». Je pense tout de même répondre à leur demande, seulement s'il m'assure un départ sans supporter cet insupportable Peter.

Bizarrement, les Charmant nous proposent de rester dormir pensant que l'épais brouillard qui recouvrait déjà toute l'île nous empêcherait de rentrer saines et sauves au camp des enfants perdus. En abusant de leur gentillesse, nous acceptons. Leur repas serait peut-être meilleur de ce que l'on nous sert habituellement.

Après un repas presque copieux, David et Crochet nous préparent deux lits d'appoint alors que nous finissons la vaisselle avec Marie-Margarette.

« Ne t'inquiète pas Jade, commença-t-elle, je suis certainement que tu retrouveras ton père rapidement une fois à Story Brook. »

Je ne lui réponds pas mais lui souris tout de même sincèrement. Malgré mon sale caractère, Marie-Margarette essaie de toujours restée agréable et gentille avec moi, autant quavec Mélissa.

Le pays imaginaire...mon histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant