Chapitre 22

1.3K 80 10
                                    

Je due me frotter les yeux pour finalement réaliser que Thomas était bel et bien debout devant moi. Il me sourit doucement, une étrange sensation de déjà vu occupe mon esprit.

« Tu as bien choisi ton moment ! Je rigole nerveusement. Réveillé alors que ta soeur dort. »

Et pour dormir, elle dort ! Rien ne semble pouvoir briser son sommeil qui, il faut se l'avouer, est mérité. Rappelons qu'elle a trainé son frère sur une distance indéfini mais je suppose qu'elle a dû être longue. Mélissa, quant à elle, est maintenant assise sur une chaise entrain de souffler sur son thé brulant. Le réveil de Thomas ne semble pas lui procurer de sensation particulière mais pour moi ce réveil est annonciateur de nombreuses révélations.

« Thomas ? Il ancre un peu plus son regard dans le mien. Comment tu connais mon prénom ?

- Eh bien je... »

Hop ! Il s'effondre devant mes yeux, j'ai à peine eu le temps de le rattraper et lui éviter une énième chute. Mélissa quitte enfin son thé pour venir à mes côtés.

« C'est quoi ça encore ?

- Je crois que... Je repose Thomas sur mon lit. Je crois qu'il s'est levé bien trop vite.

- Il a besoin de sommeil... »

Après cette déclaration pleine de sagesse, Mélissa se rassoit sur sa chaise et retrouve son thé légèrement refroidi. La morale de ce qui vient de se passer est que personne ne veut jamais rien me dire : soit on quitte la conversation soit on s'effondre. Je vous l'accorde, il y a des circonstances atténuantes pour le deuxième cas.

Aux alentours de minuit, Mélissa et moi nous retrouvons face à un dilemme : Vinciane et Thomas dorment chacun dans nos lits respectifs donc la question est « On dors où ? ». La seule option de secours est le canapé miteux qui était là bien avant notre arrivé... Je regarde Mélissa dans le blanc des yeux pour lui transmettre toute la souffrance que jai dû supporter depuis mon séjour dans la cage. Elle lève les yeux en l'air et fait un grand signe de la tête me laissant le privilège, pas si grand, de dormir dans le canapé. J'ai gagné le canapé mais perdu la couverture. Résultat j'étais en boule sur le canapé qui grinçait à chacun de mes mouvements et Mélissa était elle aussi en boule dans la couverture parterre. La nuit s'annonce génial.

La nuit a été horrible en plus j'ai terriblement froid... Je me retourne sur moi-même mais je ne croise pas les cousins abimés, je rentre plutôt en contact des feuilles. DES FEUILLES ! J'ouvre brusquement les yeux : des arbres plus grands les uns que les autres m'entourent. C'est quoi ce bordel ? Je me lève aussi vite que je peux, il faut être aux aguets on ne sait jamais... Alors que j'explorais doucement les lieux une ombre sort des buissons. Sans grande surprise, Peter fait une entrée théâtrale pour changer. Attendez ! Ça veut dire que cette andouille ma kidnappée pour m'amener en pleine forêt sans raison particulière. Ce type a vraiment un problème.

« Putain Peter... Qu'est-ce que je fais dans la forêt ?

- Il faut que tu me suives. »

Toujours des ordres ! Il ne sait rien dire d'autres ? Je refuse catégoriquement de le suivre. Non mais on est où ? Je ne suis pas débile, s'il voulait me parler il aurait pu, je sais pas moi, envoyer un petit mot ou tout simplement venir me demander directement à la cabane comme une personne civiliser. Mais non ! Peter préfère faire des trucs complètement stupides comme à son habitude. Par conséquent, je me braque :

« Non.

- Comment ça non ?

- Non, je ne te suivrais pas.

- Ah oui ? Peter s'approche dangereusement de moi. Je peux savoir pourquoi ?

- Peut-être parce que j'ai dautres choses bien plus intéressantes à faire. »

Alors que je commençais à m'enfoncer dans la forêt pour retrouver mon chez moi et à l'occasion déjeuner mais Peter m'attrape violemment par la main.

« Reste !

- C'est quoi ton problème en ce moment ! Mon énervement se ressent dans ma voix.

- J'ai des choses à te dire...

- Ah oui ? Ça y est ! Monsieur est prêt à parler. »

Je lui fais face sans broncher. Peter soupire comme un boeuf. Ma main est toujours dans la sienne, si la situation était différente on aurait pu croire que nous sommes en couple. Bien évidemment à cet instant je suis bien loin dun sentiment amoureux, j'ai plutôt envie de lui foutre mon genou dans le ventre.

« Ecoute... Il faut que tu... »

Peter commençait à peine sa plaidoirie lorsque Thomas sortit de nulle part avec une Mélissa à bout de souffle loin derrière lui. Ma pauvre amie pose ses mains sur ses genoux pour reprendre un rythme cardiaque normal. Thomas s'approche rapidement de Peter et le force à lâcher ma main.

« Ne la touche pas Peter ! »

Me voilà étonnée ! Ce petit Thomas connait tout le monde c'est dingue. Il manquerait plus que les enfants perdus le connaissent et c'est le pompon. Ma tête tourne à deux milles à l'heure : comment Thomas connait Peter ? et vis-versa. Le petit nouveau roux aka Thomas m'attrape la main énergiquement avant de commencer à me conduire vers la forêt. Pourquoi tous les hommes de cette île ont la fâcheuse habitude de me dire où aller ? Alors que j'allais de moi-même lâcher la main de Thomas pour demander des explications, Peter a été plus rapide que moi et pousse Thomas.

« Tu vas lui faire quoi petit caïd ?

- Je vais lui dire toute la vérité ! Thomas se dépoussière les épaules avant de plaquer Peter au sol.

- Elle sait déjà toute la vérité ! Peter inverse la tendance et se retrouve sur Thomas en le maintenant par le col.

-Et sur son père ? »

Thomas venait de coller son poing sur le visage de Peter qui était maintenant le seul à terre. Attendez ! Marche arrière. Mon père ? Qu'est-ce que mon présumé père fait dans cette affaire ? Je lance un rapide regard à Mélissa qui est tout aussi perdu que moi.

« Comment ça mon père ?

- Il est en vie, Jade. Thomas me sourit en sapprochant de moi.

- C'est très bien tout ça mais ma mère ? »

Le sourire du roux disparait aussitôt. Ok. Vous la sentez la mauvaise nouvelle ? Car moi oui. Thomas s'approche de moi semblant me prendre dans ses bras en disant :

« Je suis désolé... Elle est morte... Sûrement assassinée »

Mon cerveau se déconnecte. Ma mère est morte. Tous mes doutes deviennent réels. Je me suis toujours persuadée que mes parents étaient morts, je leur avais fait des funérailles avec les moyens de l'île pour rendre la chose moins difficile pourtant la douleur est présente. C'est marrant tout de même qu'une personne qui m'est totalement inconnu me rende dans cette état... Lorsque je reviens à la réalité, je me retrouve dans les bras dun Thomas puant la tristesse et ce n'est pas du tout ce que je veux. Je m'écarte tout doucement de lui, il faut que je respire si je ne veux pas exploser. Au passage j'essuie les quelques larmes qui ont mouillées mon visage. Je tourne en rond encore et encore. Du coin de l'oeil je vois un Peter tendu.

« Dis-moi que tu ne savais pas. Je me fige devant Peter, je veux des réponses.

- Je Désolé Il fuit mon regard, une grande première.

- Mon dieu... Je lui donne la plus belle claque de ma vie. Maintenant, dit-moi tout ce tu sais !

- Lorsque tu es arrivée, tu avais 3 ans Ton père t'avait mise dans mes bras sans que je puisse réagir. Les dernières paroles de ton père furent « Je t'aime, elle t'aime. Je te retrouverais. » puis il m'a ordonné de nous effacer la mémoire à tous les trois. »

Je lève ma main pour le frapper mais la force m'échappe. Je m'écroule au sol, ma force disparait. Je n'ai plus la force de pleurer. Je lève les yeux au ciel. Inspire Expire

« Je ne veux plus jamais te revoir Peter. »

Mon ton était calme, glaçant. Je ne lui lance aucun regard. J'entends ses pas s'éloigner de moi. Une larme perle sur ma joue que je fais vite disparaitre. Je m'appuie sur mes mains pour doucement me relever. Je me dirige mécaniquement vers la cabane en prenant mes distances avec Thomas et Mélissa : j'ai besoin d'espace.

Le pays imaginaire...mon histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant