Chapitre 41 - Danse éternelle

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Trois jours plus tard, Alisée trouva une grande boîte nacrée déposée devant sa porte. Exceptionnellement, Nessa n'était pas venue prélever son sang, ce qui l'avait poussée à jeter un oeil dans le couloir. Aucun signe de vie de la femme de chambre, pas plus que de la moindre agitation.

Intriguée, elle attrapa le paquet et le déposa sur son lit. Elle ôta délicatement le ruban argenté noué autour de lui, puis souleva le couvercle pour découvrir une petite carte posée par-dessus un autre emballage. Une délicate écriture venait s'inscrire sur le bristol.

« Si vous n'avez pas changé d'avis, retrouvez-moi une heure avant minuit dans le grand hall.

— Votre Présomptueuse Majesté Préférée »

À la lecture de ces mots, elle secoua la tête en souriant. Elle s'intéressa ensuite au reste du contenu de la boîte et... poussa une exclamation de surprise.

Une robe y était soigneusement pliée, d'une couleur qu'elle ne parvenait même pas à décrire. Le tissu semblait avoir été teinté avec les rayons de l'astre solaire, brillant de mille feux malgré le faible éclairage des chandelles. De fines pierreries venaient se fixer sur le bustier, qui se laçait à l'avant. En dépliant le vêtement, elle vit la large jupe aussi légère qu'un nuage tomber jusqu'aux pieds du lit. Doré ensoleillé, réussit-elle enfin à qualifier la teinte, complètement émerveillée.

Où Adrian avait-il été chercher une telle robe ? Certes, de magnifiques tenues défilaient chaque jour au palais, or à côté de celle-ci, toutes paraissaient bien fades. Y compris la robe rouge que la réserviste portait pour l'opéra.

Jetant un coup d'oeil à sa pendule, elle constata qu'il ne lui restait qu'une demi-heure avant de rejoindre le roi. Elle troqua donc ses vêtements actuels contre cette sublime tenue, étonnamment facile à enfiler. Comment a-t-il fait pour qu'elle soit à ce point à la bonne taille ? se demanda-t-elle en contemplant son reflet dans sa psyché. Les bretelles en tulle parsemées de fil d'or retombaient à la perfection sur ses épaules, et la jupe n'était ni trop longue, ni trop courte. Sûrement que Nessa lui a donné un coup de main.

En temps normal, les tons de jaune et de doré ne faisaient pas partie de ses préférés, mais cette nuance-là lui seyait mieux qu'aucune autre.

Elle prit une seconde afin de mettre un peu d'ordre à ses cheveux frisés, qu'elle ne s'embêta pas à coincer dans un chignon. Une barrette dorée posée sur sa coiffeuse attira son attention et elle la fixa en toute hâte, craignant d'arriver en retard.

D'ordinaire, à pareille heure, les corridors du château grouillaient de domestiques et de courtisans, cependant Alisée les trouva étrangement déserts. On aurait dit que tout le monde dormait... ou avait reçu l'instruction de ne pas causer de raffut.

Elle parvint au grand hall sans avoir croisé une seule âme et arrivée près du sommet des escaliers, marqua une hésitation. À peine quelques jours plus tôt, elle s'était résolue à cesser tout contact avec Sa Majesté. Pourtant, voilà qu'elle s'apprêtait à passer elle ne savait trop quelle soirée en sa compagnie. Arrête de te poser mille questions et assume un peu tes choix.

Ce fut donc d'un pas déterminé qu'elle sortit de l'ombre et posa son pied sur la première marche... avant de s'immobiliser de nouveau.

Au bas de l'escalier se tenait Adrian, appuyé contre l'une des luxueuses rampes sculptées. Jusque-là dos à elle, il se retourna dès qu'il entendit le subtil bruissement de sa robe. Malgré les dizaines de mètres qui les séparaient, elle vit ses yeux étinceler si intensément qu'elle ne put réprimer le même sourire que le sien. Une drôle de sensation, tout sauf désagréable, commença à s'emparer d'elle lorsqu'elle se décida à descendre.

Sang de Rose [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant