Chapitre 51 - Prisonniers

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Alisée passa la moitié du trajet à interroger Adrian et Isabella. Quitte à jouer les pires curieuses, elle voulait tout savoir à propos de la princesse et du "prince des vampires". Étonnamment, Son Altesse ne paraissait pas trop agacée par ses questions, ayant au contraire l'air plutôt amusée. Ainsi, elle lui apprit que cela faisait environ trois cent soixante-dix ans qu'elle avait rencontré Duncan, et presque autant de temps qu'ils étaient mariés.

— Au départ, il était un loup-garou, mais il a changé d'espèce rien que pour moi, déclara-t-elle avec une pointe de fierté.

Les yeux de la réserviste s'exorbitèrent. Un loup-garou, en plus ? Si elle se souvenait bien des paroles du roi, l'une des plus sombres périodes de guerre inter-espèces de l'Histoire, la Régence du Presque-Siècle, s'était terminée environ quatre siècles auparavant. Comment Isabella avait-elle pu tomber amoureuse d'un lycanthrope juste après cela ?

— Il est assurément l'homme le plus fou du monde, badina le roi. Ou alors, peut-être cherchait-il juste à quitter sa petite Terre de l'Émeraude et il a vu une bonne occasion de connaître la vie de château...

Décidément, entre lui et Danila, tous les Loups de l'Émeraude semblaient vouloir devenir des vampires...

— Vous raconter toute l'histoire serait beaucoup trop compliqué, reprit la princesse en ignorant la remarque de son père. Sachez simplement qu'absolument personne ne doit savoir qu'il est mon mari.

Même s'il n'était jamais venu à l'idée d'Alisée d'en parler à qui que ce soit, le regard soudain glaçant de Son Altesse acheva de la convaincre.

— Notre famille ne peut se permettre d'exposer ses faiblesses, poursuivit-elle avec une gravité saisissante. Je suis déjà une cible si l'on veut atteindre mon père, alors il est hors de question que Duncan en devienne une que l'on peut utiliser contre moi.

Toute inflexion légère avait déserté sa voix. Le silence qui tomba suite à ses paroles fut uniquement atténué par le roulement des roues du carrosse et les claquements de sabots. Les yeux de la belle vampire se rivèrent un instant à ceux d'Adrian, tandis que les mots d'Isabella flottaient encore entre eux. Faiblesse. Cible...

— Je vous remercie de m'accorder votre confiance, fit la réserviste en se reconcentrant sur la princesse. Je vous promets de ne jamais rien révéler à propos de vous et votre... garde.

Il lui était encore difficile de le considérer en tant que prince... Face à son hésitation, la fille du roi gloussa.

— Il est tout de même véritablement mon garde du corps, l'informa-t-elle. Tout comme Daniel et quelques autres soldats.

L'évocation de Daniel lui fit se souvenir de l'ouverture du bal masqué. Le petit numéro qu'avait joué Isabella en dansant avec le collègue de son mari avait-il un rapport avec ce dernier ? S'agissait-il d'une simple "diversion" pour ne pas trahir leur relation, ou avait-elle cherché à le provoquer après une quelconque dispute ? Alisée n'osa formuler sa question, ayant toutefois plutôt tendance à croire la seconde option.

— Sans vouloir couper court à votre curiosité, commença le monarque en regardant l'extérieur plongé dans une semi-obscurité, je crois qu'il va bientôt être l'heure de boire mon sang.

Si elle pensait un jour entendre une telle phrase...

— Je vous rappelle que vous allez vous sentir horriblement mal une fois les vingt-quatre heures écoulées, insista-t-il. Après plus de soixante-dix années de vampirisme, ressentir une véritable fatigue physique risque de vous faire étrange.

Sang de Rose [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant