Chapitre 61 - Fin de chanson

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Alisée ne se souvenait quasiment pas de sa mère. Si elle savait ce à quoi elle ressemblait, c'était uniquement grâce au minuscule portrait conservé par son père. Or, au-delà de la simple apparence physique, l'énergie qui se dégageait de sa tante lui évoquait celle qui l'avait abandonnée.

Maintenant qu'elle faisait face à cette femme qui lui était bel et bien familière, elle comprenait pourquoi elle l'avait tant troublée, dans la taverne. Qu'elles le veuillent ou non, quelque chose les liait.

— Il me semble que tu t'appelles Alisée, n'est-ce pas ? reprit Valérie en levant fièrement son menton. Tout est un peu flou dans ma mémoire, tu m'excuseras si je me trompe...

À son petit regard perçant, l'interpellée comprit qu'elle savait très bien ne commettre aucune méprise.

— Comment savez-vous qui je suis ? s'enquit la réserviste sur le même ton dédaigneux.

Sa tante éclata de rire. Derrière elle, de nouveaux hommes étaient arrivés, dissimulant dans l'ombre des armes ensanglantées. Il en suffirait de quelques autres pour qu'ils se retrouvent en supériorité numérique, ou au mieux, à égalité avec la troupe du roi.

— Je t'ai reconnue dès que ton regard a croisé le mien, au Rocher du Vieux Ben. Je ne sais pas si on te l'a déjà dit, mais tu ressembles énormément à ton cher frère...

Alisée se raidit et la main d'Adrian se resserra autour de la sienne.

— Sans compter la beauté dont tu as hérité d'Hortense, ajouta la femme avant de se tourner vers Jae-Sun. J'imagine que tu ne dois pas dormir sur tes deux oreilles, avec le meurtre de la mère de ton chéri qui pèse sur ta conscience...

Une dangereuse flamme s'alluma dans les yeux du Song.

— Je n'ai fait que tuer sa meurtrière, répliqua-t-il. L'unique chose qui m'empêche d'être tranquille, c'est le fait de ne pas vous savoir morte avec elle. Mais croyez-moi, vous allez bientôt la rejoindre.

Valérie s'esclaffa, imitée par ses disciples.

— Oh, que de menaces ! feignit-elle de s'émouvoir. J'imagine que je devrais en trembler de peur...

Son regard moqueur s'attarda ensuite sur les doigts entremêlés d'Alisée et Adrian.

— Voyez-vous cela, s'amusa-t-elle en inclinant la tête. Cette Dame Miranda ne s'était pas trompée à ton sujet...

La concernée sentit un frisson remonter le long de son échine et les surprenants battements de son coeur s'accélérèrent. Comment a-t-elle pu faire le lien entre toi et Dame Miranda ? L'attention que sa tante porta soudain sur Kristal fit office de réponse.

— Si tu savais à quel point nous te surveillions, ma pauvre petite... Ton ancienne propriétaire était venue me dire qu'elle t'avait surprise à envoyer des lettres au palais. Plus particulièrement, à la vampire qu'elle avait offerte comme réserviste à Sa Majesté... Une certaine Alisée, dont elle m'a aussitôt fait partager l'image à travers un souvenir.

Celle qui était désormais une Neutre prit sur elle pour ne pas trembler, alors que les pièces commençaient à se recoller dans son esprit désordonné.

— Dame Miranda m'a dit qu'elle te connaissait bien, ma chère Alisée. D'après elle, il suffit qu'un homme fasse briller de jolis diamants ou de belles pièces d'or sous ton nez pour que tu écartes les cuisses. Je constate qu'elle disait la véri...

— À votre place, je me la fermerais tant qu'il est encore temps, la coupa le roi.

Son ton en aurait découragé plus d'un, or Valérie ne cilla pas.

Sang de Rose [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant