Chapitre 48 - Retrouvailles

2K 319 385
                                    

Alisée se souvenait que du temps où elle vivait chez Dame Miranda, Kristal mettait un point d'honneur à décorer sa chambre avec plus ou moins de soin. Malgré son penchant pour les choses "raffinées", la petite rousse n'était pas dotée du meilleur des goûts, en témoignaient ses hideuses tentatives de confection de robes... Cependant, la réserviste s'était au moins attendue à ce qu'elle essaye de personnaliser cette petite pièce sous les combles, affreusement mal agencée.

Or la serveuse semblait avoir décrété que cet endroit ne valait pas la peine d'être sauvé. Sans doute les aveuglants murs orange l'avaient-ils confortée dans cette idée...

— Je peux m'assoir ? s'enquit Alisée en désignant le bord du lit simple.

Kristal l'y encouragea d'un geste empressé, sans la quitter des yeux. Elle paraissait encore se demander si elle n'était pas victime d'une hallucination.

La belle vampire se posa sur le matelas, qui geignit de désapprobation. Après un temps de réflexion, la petite rousse finit par l'y rejoindre, en prenant soin de garder ses distances.

— Le roi ne t'a pas tuée, finalement, lâcha-t-elle sur un drôle de ton.

Le but de cette constatation devait sans doute être de l'aider à l'intégrer, mais elle continua de fixer son invitée, comme si se détourner d'elle allait la faire disparaître.

— Il t'a mise à la porte ? enchaîna-t-elle.

— Non, j'ai décidé de partir et...

— Tu es partie du palais ? s'exclama-t-elle. Comment c'était, là-bas ? Comment est le roi ? Il est vraiment méchant ? Tu le voyais souvent ? Est-ce qu'on te fournissait tes robes, est-ce que...

Elle s'emmêla dans un millier de questions, sortant peu à peu de son semblant de léthargie.

— Kristal, je ne suis pas venue ici pour te parler de ma vie à la Cour, la coupa-t-elle fermement. J'imagine que nous n'avons pas beaucoup de temps avant que ta patronne ne vienne nous embêter, alors ne traînons pas.

— Je sais pourquoi tu viens me voir, se renfrogna son "amie". Seulement, je suis vexée que tu ne te sois pas inquiétée de moi plus tôt. Puisque tu as "décidé" de partir, j'imagine que tu ne devais pas être si prisonnière que cela...

Alisée fronça les sourcils.

— Toi et moi n'avons jamais été proches, lui rappela-t-elle. Si les rôles avaient été inversés, tu m'aurais oubliée à l'instant où le roi t'aurait acceptée. Et visiblement, je n'avais aucune raison de m'inquiéter, car tu as l'air de te porter comme un charme... Puis-je savoir pourquoi tu ne réponds plus à mes lettres ?

La serveuse croisa les bras sur sa petite poitrine et baissa les yeux.

— Enrica, ma patronne, s'est rendu compte de mon petit manège et m'a interdit de te réécrire. Et... Quelqu'un d'autre s'en est aperçu, aussi.

Elle observa un silence chargé de tension.

— Dame Miranda, avoua-t-elle enfin.

Le sang glacé de la réserviste ne fit qu'un tour et elle se releva d'un bond.

— Da... Dame Miranda est ici ?

Se pouvait-il que la vieille vampire l'ait repérée au village, ou même dans la taverne, ou...

— Non, non, je ne crois pas l'avoir vue ce soir, tenta de la rassurer Kristal. Elle habite la capitale du clan Tanner, à quelques lieues d'ici, mais vient souvent assister aux réunions des gens dont je t'ai parlé.

Sang de Rose [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant