Chapitre 44 - Amour, gloire et disgrâce

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— Vous... Avez-vous besoin d'aide avec votre robe ?

Adrian venait de reboutonner sa chemise, tandis qu'Alisée s'efforçait de relacer son corsage. La première fois, elle avait trouvé le vêtement facile à enfiler, mais c'était avant que le roi ne sorte le cordon de presque tous les passants...

— Je... Ça va aller, mentit-elle en ratant un oeillet pour la énième fois.

Ses idées étaient tout sauf claires et son corps peinait à se remettre de sa frustration. Sa peau gardait encore le souvenir de chaque baiser incandescent, tout comme ses lèvres qui réclamaient désespérément celles du monarque. Elle voulait de nouveau le sentir contre elle, à un tel point que cela dépassait toute raison. Que Beatricia se débrouille toute seule, s'était-elle surprise à penser.

— Eh, fit-il doucement en attrapant ses mains tremblantes. Dès que tout est réglé, on reprend exactement là où en était, d'accord ?

Au voile qui assombrissait ses océans bleutés, elle comprit que cette interruption le mettait au supplice tout autant qu'elle, voire plus. Elle acquiesça en hochant la tête et il laça délicatement sa robe, jusqu'à ce qu'elle soit renouée au niveau de sa poitrine. Il s'éloigna aussitôt, comme s'il craignait de perdre le contrôle au moindre contact trop prolongé.

Elle remit ses chaussures et le suivit ensuite dans le couloir, où les attendait Duncan. Alors c'était lui qui avait frappé à la porte ? Le garde de la princesse haussa brièvement les sourcils en la voyant apparaître, mais ne s'appesantit pas davantage.

— Les intrus occupent la petite cour à l'entrée du palais, déclara-t-il en s'engageant vivement dans le corridor.

Rattrapés par la situation, les deux autres vampires lui emboîtèrent le pas.

— Quand j'ai quitté les lieux pour vous prévenir, leur effectif était estimé à une quarantaine d'individus, poursuivit-il. Tous sont armés d'épées, de haches en métal et en bois, mais ils ne s'attaquent pas à nos soldats et...

— Où est Isabella ? l'interrompit Adrian.

Alisée perçut une dangereuse tension dans sa voix.

— Justement, elle essaye de gérer les choses sur le terrain. Elle a donné l'ordre de ne pas s'en prendre aux intrus tant qu'ils restent pacifiques.

Le roi ricana.

— Laisse-moi deviner, c'est toi qui le lui as suggéré, n'est-ce pas ?

Le silence de Duncan fut assez éloquent. Maintenant qu'elle y repensait, la réserviste croyait se souvenir que tout à l'heure, le garde avait tutoyé Adrian. Depuis quand usaient-ils de telles familiarités ? Et cette manière qu'il avait eue de marteler la porte et de lui demander s'il pouvait entrer... Elle voulait bien croire que les circonstances l'exigeaient, mais tout de même !

— Est-ce que vous savez si les courtisans et les domestiques ont été mis à l'abri ? demanda-t-elle. Au cas où les choses dégénéreraient ?

Elle pensait surtout à Danila, Nessa et Drew. Heureusement que ces deux derniers ne se mariaient pas le lendemain !

— Oui, ne vous inquiétez pas, répondit le garde de sa dure voix à l'accent de la Terre de l'Émeraude. Comme tout le monde avait reçu l'ordre de rester dans ses appartements pour cette nuit, il a été facile de vérifier que chacun était en sécurité. De toute façon, le groupe ne montre aucune envie de davantage poursuivre sa progression dans le palais. Ils se contentent de rester "sagement" plantés au milieu de la cour.

C'était la première fois qu'Alisée l'entendait autant parler.

— Dans ce cas, pourquoi m'as-tu dit qu'ils ciblaient Beatricia ? l'interrogea Adrian.

Sang de Rose [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant