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Jusqu'à mes onze ans, mon père m'aidait à me laver. Je l'aimais beaucoup. Et il m'aimait beaucoup. Sans doute plus que moi, après tout, je suis sa création, c'est lui qui m'a créé, il m'a permis d'être ici, de vivre cette vie qui m'appartient, et à contribué à la fabrication de ma personnalité.

J'avais une petite baignoire blanche, je pouvais m'allonger dedans, qu'il restait encore un peu de place. Maintenant, je suis obligé de plier mes jambes. Je fessais couler l'eau et quand elle atteignait un niveau haut, je coupais et j'entrais dans l'eau. Je profitais de la chaleur, je me sentais bien à chaque fois. Je pouvais me détendre. Lorsque je prenais mes respirations, je sentais que si je le voulais, que si mes jambes étaient moins lourdes, mon corps pourrait presque flotter à la surface. Mes doigts fripaient un peu. Et mes cheveux fonçaient sous le contacte de l'eau. J'occupais mon esprit en jouant avec la mousse blanche, avec l'eau et le gant de toilette. Je restais maximum un quart d'heure et mon père rappliquait. Il prenait dans sa main droite le pommeau de douche et l'autre main, il la mettait dans mes cheveux. Il déversait le savon sur la boule de bain et me la frottait délicatement contre la peau. Il agissait comme si j'avais encore six ans sauf que j'en avais un peu moins du double. Il fessait glisser sur ma tête le liquide du shampoing et frottait. Je ne disais rien. Pour moi, c'était normal. Tous les parents lavaient ses enfants jusqu'à leurs onze ans.

C'est à l'école que j'ai appris que si mon père continuait à s'occuper de moi dans la salle de bain, c'est que c'était probablement un pervers ou un pédophile. Mon père n'était ni l'un ni l'autre. Mais après ça, j'ai commencé à voir les choses sous un autre angle. Il était probablement l'un des deux. Pour que personnes ne disent quoi que ce soit de méchant sur mon père, pour que personne ne l'insulte ou appelle la police, ou parce que ça commençait à me mettre mal à l'aise, je lui ai demandé d'arrêter. Mais je ne lui ai pas dit toute suite. J'ai attendu car je me répétais que c'était rien. Mais je sentais ses grandes mains sur mon corps, ses yeux sur ma poitrine, sa respiration contre mon dos nu. Je me crispais de plus en plus avant de me décider d'aller le voir. Il avait d'abord rallé disant sans cesse « je suis ton père, c'est normal ».

Après cette discussion, il n'est plus jamais revenu me voir quand j'étais dans la salle de bain. Au début j'avais peur, je ne savais pas si je devais fermer la porte à clé. Puis finalement, je me suis dit que non, ça ne changeras plus rien maintenant qu'il a vu mon corps changer au fil des années. Et puit c'était tout de même mon père derrière cette porte, pas un inconnu. Me laver seule était perturbant, je n'avais pas pris l'habitude. Je le fessais et à chaque fois que je touchais mon corps de mes doigts, je repensais à ses mains qui n'était pas du tout baladeuse et que peut-être j'ai été dure avec lui alors que je n'aurais pas dû car il ne le méritait pas. Je frottais jusqu'à ce que ma chair devienne rouge, tout en me reprochant mon comportement. Je me retrouvais seule, dans l'eau qui devenait de plus en plus vite froide, dans une toutes petite pièce au mur émeraude. Je dirais que les dix premiers jours, ont été les pires. Dans ces moments, je comprenais ces personnes qui étaient claustrophobe ou ceux qui ont peur d'être seul et ceux qui ont peur des profondeurs des mers ainsi que ces dangers insoupçonnés.

Ensuite, tout c'est bien passé. 

Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant