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A la fin de ma sixième, avec des amis nous avions décidé d'aller faire un pique-nique. Nous étions sept en tout. Et nous ressemblions un peu au sept nains. Nos pioches étaient nos sacs occupés par nos sandwichs et nous étions sept personnalités différentes. Tout se passait très bien. Nous n'arrêtions pas de rigoler, de manger et de parler. C'était la fin de l'année scolaire et nous voulions faire un dernier repas juste nous. Nous étions tous très petit et nous étions tous assis sur une énorme nappe bleue. Les fleurs étaient moches, sèches et sans passion, le soleil tapait et les abeilles nous emmerdaient. Mais nous nous amusions.

Et puis, quelqu'un a proposé de faire un jeu. Je vous dirais bien que c'est parce que nous nous ennuyions mais ce serait vous mentir. Il n'y avait jamais de long blanc ou de silence gênant. Nous trouvions toujours quoi dire et quoi faire pour que ce midi reste animé. Et dans l'ambiance, nous avons tous accepté de jouer à « action ou vérité ». Nous trouvions ça cool. Et là, vous me demandé action ou vérité ? Je réponds vérité et vous dit la vérité. La vérité est que si une bande de collégiens vous dit que quelque chose est cool, ça ne l'est pas. Non.

Luce a commencé. Elle a interrogé Damien.

- Action ou vérité Damien ? Elle lui avait demandé.

Il avait hésité. C'était pourtant pas compliqué. Y'avait pas besoin de se poser trente-six milles questions. Tu dis au hasard. Action ou vérité, aller hop, vérité. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait. C'est ce que moi j'ai fait quand mon tour est venu.

- Action.

- Maintenant tu dois parler sans dire les « e ». Elle avait crié en rigolant hilare de son gage.

J'avais rigoler moi aussi. Nous tous. Même lui. Nous étions aux anges. Tout le monde choisissait « action » car c'était drôle. Et puis, nous étions tous amis, nous connaissions les secrets de l'autre alors il n'y avait rien a tiré de « vérité ». C'était maintenant à moi. Et comme je vous l'ai dit, j'ai choisi action. Je voulais bougé, prouvé aux autres que j'étais courageuse et que j'avais le courage de faire un truc dangereux comme par exemple escalader un arbre ou faire la course avec la première voiture qui allait passer.

Damien avait choisi pour moi. Il m'avait dit :

- Embrasse sur la bouche Lucas.

Lucas était le gars dont j'étais le moins proche. C'était pour ça qu'il l'avait choisi lui et pas Julien. Lucas était le genre de gars à porter des lunettes bleues qui, avant qu'il ne les prennent, attendaient qu'on les achète aux rayon bébés. Il écrivait mal, son écriture était illisible et en plus, il était allergique au pollen et n'arrêtait pas d'éternuer et de se moucher. Quand je l'ai regardé pour savoir s'il était d'accord, mon gage n'avait pas l'air de le déranger. Ni de le satisfaire.

Je me suis approcher de lui en me déplaçant sur mes jambes avant. Et arriver à sa hauteur, j'ai posé mes lèvres sur les siennes. J'avais douze ans, les bisous ne sont pas les même que ceux qu'on fait quand on en le double. Le baiser avait duré le trois quart d'une seconde. Pour nous, c'était ça, s'embraser comme des adultes. Je me suis très vite écarté de lui. Ce contacte que m'avait apporté sa bouche contre la mienne n'avait pas été désagréable, je voyais ce geste de la même manière que quand on se prenait la main.

Je m'apprêtais à retourner m'assoir à la place vide que j'avais laissé dans notre cercle quand il a commencé à parler.

- Ahh, beurk, tes lèvres sont dégueu.

Tout le petit groupe avait explosé de rire. Même Lucas riait. Mais pas moi. J'avais la plupart du temps les lèvres abimé car je me les mordais à cause du stress et de l'anxiété. J'avais pris cette mauvaise habitude. Je me les abimais et m'arrachait la peau, ce qui me causait beaucoup de blessure et quand une nouvelle peau apparaissait pour cicatriser, je l'enlevais. J'appliquais beaucoup de crèmes mais je recommençais à chaque fois. Ce qu'il venait de me dire me vexait et m'avait vexé pendant un bon bout de temps. Personnes ne s'en était aperçu. Ils se moquait et avait sans le savoir créer mon premier complexe. Vous voulez une deuxième vérité ? Il ne s'est jamais aperçu que j'ai été fâché contre lui. Pourquoi ? Parce que c'était les grandes vacances et qu'on ne s'était pas vu pendant deux mois et que la rentrée signifiait nouvelle classe, nouveaux amis. Après ce midi, nous nous sommes vue quelques jours et c'est tout.

Le soir en rentrant, je me suis dit que ce n'était pas la peine de faire une fixette sur les mots blessant qu'il m'avait balancé à la figure. Ce n'était qu'un abrutit. Et que c'était probablement la première et la dernière fois qu'il embraserait une fille car personnes ne tomberas jamais amoureux d'un idiot comme lui. Ou tout simplement : personne ne tombera amoureux de lui, même s'il devient beau, même s'il devient intelligent, les gens seront toujours dégoutés par lui comme il m'avait dégouté et qu'il avait dit que mes lèvres le dégoutaient.

Ensuite, je n'ai plus jamais toucher à ma bouche, ce moment m'avait tellement marqué que j'avais peur que d'autre me fasse la remarque. Et puis je me disais que si un jour je voulais embraser un garçon, il faudrait que mes lèvres soient parfaites. Parce que sinon, jamais personnes ne voudras de moi et que je finirais seule comme cet imbécile de Lucas.

Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant