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Un jour, un gars m'avait ajouté sur Instagram, je l'avais accepté et m'était abonné à lui en retour. Il se nommait Samuel Gula. Sa photo de profile était un jeune garçon de mon âge, environ seize ans. Cheveux en volume, châtains, je ne voyais pas la couleur de ses yeux mais il m'a dit qu'ils étaient verts, des bras un peu musclés, il portait une chemise blanche et seulement les deux derniers boutons étaient fermés. Sur sa description, il avait mis qu'il était dans le même département que moi, qu'il avait un chien, une chaine YouTube, j'ai immédiatement été voir pour en savoir plus sur cet inconnu qui m'avait ajouté comme ami. Beaucoup d'abonné. Beaucoup d'abonnement. Il semblait gentil. Et il l'était vraiment. C'était du réel.

On a beaucoup parlé. Beaucoup et très longtemps. Je suis même tombée amoureuse de lui et lui aussi développait des sentiments pour moi, ça aussi il me l'a dit. Plus on parlait et plus je devenais accro aux messages qu'on s'envoyait. On se disait tout. Il me donnait un sentiment de liberté. Quand on ne pouvait pas parler, ça me manquais et je pensais toute la journée à rentrer chez moi pour envoyer quelque chose et avoir dans la seconde sa réponse.

Quelques mois, environ quatre mois, après notre rencontre, après avoir discuté nuits et jours ensemble, il m'a envoyé un message que je n'oublierais jamais tellement j'ai ressenti des papillons partout dans le ventre.

Je t'aime Libby.

Tu veux sortir avec moi ?

J'avais éclaté de joie. J'avais sauté sur mon lit, je criais comme une dingue et avait secouer la tête dans tous les sens. J'étais tellement heureuse. Vous voyez, il me l'a dit et en premier en plus.

Je t'aime aussi Sam.

OUI je VEUX sortir avec toi.

Et voilà, on sortait ensemble. Rien n'avait réellement changé. A part les smileys. On m'était des cœurs. Et on se disait je t'aime. Comme un vrai couple. On s'était jamais vu en vrai mais c'était un meilleur ami pour moi, un crush et ensuite mon petit ami. Toutes les étapes de notre relation avaient été géniale, j'ai eu tellement de fois des étoiles dans les yeux et le cœur qui battait de la plus belle des passions. Notre amour était réelle. C'était du réel.

Un bon soir, il m'a envoyé une photo. Quand je l'ai ouverte, je l'ai vue, portant une autre chemise. Je me moquais souvent de ses chemises et lui des bobs que je m'étais à chaque appel vidéo. Pour rire et parce que j'étais détendu, j'ai décidé de mettre une chemise comme lui. Je l'ai enfilé et l'ai boutonné. Elle était rouge au carreau bleu nuit, une variation de cette magnifique nuit étoilée. J'ai posé mon bob rose pâle sur ma tête et je me suis prise en photo. J'ai cliqué sur envoyer et hop, la photo est partie rejoindre son destinataire. Sa réponse n'a pas tardé. Une autre photo, une même chemise verte, mais cette fois-ci, elle était ouverte. Alors j'ai répondu à mon tour par une autre photo de moi, la même chemise rouge et encre, mais cette fois-ci, je l'ai ouverte. On voyait mon soutif noir. Ça ne me dérangeait pas. On était ensemble. Il n'y avait pas de gêne.

Et c'est parti en couille.

Il m'a dit :

Putain, qu'est-ce que t'es magnifique.

Photo

J'ai pensé : comme toi. J'aurais peut-être dû penser : comme cette nuit. J'ai appuyé pour voir sa photo.

Il était dessus. Par contre, sa chemise, elle, n'était pas dessus. J'ai continué le jeu que j'ai commencé. J'ai défait ma chemise. Ça ne me posait aucun problème, lors de la précédente photo que j'avais prise, on voyait déjà mon soutien-gorge. Tous ce qui changeait sur celle-là, était mes bras dénudés. Ça ne me dérangeait pas. J'ai appuyé sur l'icône et l'application m'a prise en photo. Encore un clic, et il a reçu mon message. Je me disais que ce jeu prenait fin, c'était fini. Je me suis rallonger sur mon lit et ai entendu le son de ma sonnerie de téléphone. Je l'ai rallumé, c'était un message de Samuel. Je l'ai lu. J'étais bouche-bée.

Je crois que tu as oublié d'enlever quelque chose.

J'ai tout de suite compris à quoi il fessait référence. Et je me suis dit que c'était hors de question que j'envoie ce genre d'image. Non. Et puis il m'a renvoyé un message m'encourageant. Et j'ai cédé. Parce que j'étais amoureuse de lui. Et parce qu'il était impatient. Et que je l'étais aussi. J'ai dégrafé mon sous-vêtement, je me suis relever, j'ai rentré le ventre, mis correctement mes cheveux et voilà, une photo de moi à moitié dénudé prenait place dans ma galerie. Et dans sa galerie. Il l'a vue car l'application a marqué en gris « vu ».  Il a fait une capture d'écran car l'application a marqué "Samuel Gula a fait une capture d'écran". J'ai eu peur. Puis j'ai eu confiance. Et j'ai attendu, j'ai stressé, j'ai angoissé. Sous le clair de lune. A moitié nue.

Mes mains sont devenues moites, je triturais mes doigts, je m'enfonçais les ongles dans mes paumes, je m'arrachais les bouts de peaux qui font le contour de mes ongles. Et enfin, j'ai pu reprendre ma respiration.

Qu'est-ce que t'es bandante, putain. avec des emojies salasse.

Photo

Une photo de sa bite. Sa bite violacée avec ces boules ridées et son pouce et son indexe qui forment un cercle autour de sa bite. J'avais été très choqué. J'étais resté trop longtemps, les yeux rivés sur sa bite avant d'enlever l'image. Je croyais halluciné. Je voulais pas ça. C'était pas ce que je voulais.

J'ai pété un câble et me suis énervé dans ma chambre. Il y avait mes parents à coté en train de regarder la télé.

Putain mais pourquoi tu m'envoie ça ?

C'est pas ce que tu voulais ?

Bordel mais c'est quoi ton problème ?

Putain mais c'est toi tu me chauffe et après tu me reproche tes conneries ? Sale chienne

Nique ta mère. C'est bon, va te branler ailleurs et ne m'envoie plus de messages.

Espèce de pute. Va te faire foutre.

Et toi va te faire enculer espèce de mangeur de bites.

Et je l'ai bloqué. Je sais pas ce qu'il a fait de ma photo. Il ne me l'a pas dit. Aujourd'hui, je retiens qu'un truc, c'est lui qui m'a dit de faire ça. Il m'a dit de le faire. C'est lui qui me l'as dit.

Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant