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Je crois qu'on a tous eu ce genre de gars sans amis dans notre classe. Vous savez, celui qui est discret, qui a toutes les bonnes réponses mais qui participe jamais, il a des notes justes à son niveau, ne parles à personnes, réponds juste quand on lui parle. Chaque année c'est le même profile qui reviens. J'imagine qu'on a tous un profile et qu'on est classé comme on le classe, lui. Une année, je l'avais bien observé, pas que j'étais obsédé par lui, non, je voulais juste comprendre comment des personnes peuvent être à ce point différent. Au début de l'années, je l'avais tout de suite repéré, c'était assez simple, c'est toujours simple avec eux car ils sont plutôt simples, simple dans leurs choix vestimentaire, simple dans leurs réponses, simple dans l'attitude et simple dans le monde en menant une vie simple. J'admirais leurs comportements. Ils n'avaient pas besoin d'être aimé pour être heureux. Enfin, je sais pas s'ils étaient heureux mais en tout cas, ils vivaient de cette manière sans protester ni changer.

Il était métis, chevaux coupé à ras. Des yeux marrons avec des touches de vert-marron. Ce que je remarquais à chaque fois qu'il était proche de moi, c'était ces grosses narines. Il portait toujours des pulls fins, des jeans usés et les mêmes chaussures d'une marque inconnues. Je m'en fichais de sa tenue. Il avait pas ceux profile intello que certains peuvent avoir comme étiquette. Il n'avait pas de lunettes et n'était pas fière, je veux dire, il ne se vantait pas. En même temps, quand je voyais les notes sur ces copies, c'est normal. Il recevait pas des mauvaises notes, il avait juste la moyenne, juste pas pile poil, juste dans les onze-douze, c'est tout et c'est pas mal. Il ne participait jamais, les profs l'interrogeaient seulement quand y'avait personnes d'autres à interroger. Il avait de bonne réponse dans tous les domaines. Je me souviens qu'un truc m'avait choqué : il avait huit de moyenne en espagnole pourtant il avait raison à chaque fois que la prof lui posait des questions à l'oral, en improvisant.

Maintenant vous avez son profile. Je peux vous décrire d'autre trucs si vous voulez. Des trucs que je suis pas sensé savoir puisque c'est en dehors de la salle ou on nous fessait cours, donc j'étais plus sensé m'intéresser a lui. C'est pas le cas. Les autres le savaient pas. Que je m'intéressais à lui particulièrement. Et si j'arrêtais de dire lui et que je l'appelais par son prénom ? Il s'appelait Ryade. En fait, je sais pas si à Ryade il y a un « e » ou pas.

Il mangeait tous les jours seuls à la cantine. Là-bas, y'avait que des tables de six ou huit de libre, celles de quatre était souvent utilisé par les plus rapide. Alors, il s'installait à une grande table et occupait une seule place. A manger au milieu de la salle, seul. Seul. Personne devant lui, personne à côté de lui, personne pour lui, personne avec lui. Lors des pauses ou des trous dans notre emploie du temps, il se baladait dans les couloirs (on se croisait parfois), il adorait tenir les bretelles de son sac. Quand je dis « adorait » je pense, c'est une habitude qu'il a mais avant que ce soit une habitude, il devait faire ça très souvent et pour faire ça très souvent c'est qu'il devait adorer le faire. Il prenait le train pour venir et repartait à pieds. Souvent, il fessait rien. Quand on devait attendre une heure ou attendre le prof, il attendait seulement, sans rien faire. En cours, il finissait en premier et après il attendait sans bouger, sans parler. Devant le lycée, en attendant que le portail s'ouvre, il patientait sans rien faire. Pas d'écouteurs, pas de téléphone, pas de livre ou autre choses. Il n'y avait rien pour l'occuper. Je sais pas si il avait des passion, ça me parait bizarre que oui.

Si je vous parle de lui d'une longueur de 658 mots et vous fait une description de lui c'est parce que pendant toute une année, il m'a fait réfléchir. J'ai essayé d'être sociable avec lui, je lui ai proposé de s'assoir à côté de moi, de faires les travaux en groupes avec moi, même de manger avec moi et d'autres amis à moi. Au début c'était cool. Parce qu'il mettait aucun signe de contentement sur son visage, je me disais que c'était parce qu'on se connaissait pas assez, qu'il se méfiait des inconnus et parce qu'on était pas amis. Il disait jamais rien, il libérait sa voix juste pour nous répondre et c'est tout. A la fin, ça devenait lourd et épuisant. Ça gênait aussi car on parlait sans que lui participe à la conversation. On aurait dit qu'il était à notre table juste pour nous entendre parler, comme si on était une radio pour lui. Et pour nous, il était une déco ou un meuble tellement il servait à rien (c'est pas méchant mais un fait). Alors on la laissé dans son coin. Il ne fessait pas d'efforts.

Souvent je me disais : et si... et si...

« et si on avait persévérer... et si on avait été plus gentil, il serait resté avec nous ?

Et si on était devenu ami, comment serait-il ? Et si... et si... »

En classe je l'observait et quand j'avais pas mes deux yeux dirigés vers lui, je me l'imaginais dans ma tête, lui, positionné doit sur sa chaise, à jouer avec son stylo, le coude sur la table, dos à moi, sur le côté droit. Et j'essayais de m'imaginais à quoi il pouvait bien penser.

Il me fessait de la peine, à être seul, à ne jamais être occupé, à toujours être silencieux. En même temps, à qui pouvait-il parler puisqu'il était seul ? Pourquoi sourire constamment si il n'y a personne avec qui partager ses bons moments ? Pourquoi être gentils avec les autres puisqu'on se connait et on sait que cette personne ne pourra jamais être amis avec nous ? Parce qu'on est trop discret, trop silencieux, trop seul, trop ci, trop ça, sans amis. Il n'y a pas d'intérêt à en retirer. Si il a pas d'amis, nous on peut pas s'en faire plus, si il a pas d'amis, et qu'on devient amis avec lui, les autres ne voudrons plus être amis avec nous. Parce qu'il porte une étiquette sur la tête. Et que tout le monde a peur. Et que tout le monde s'en fiche.

Il n'y a rien à tirer de cette histoire. Je ne suis pas devenu ami avec lui, c'est devenu une connaissance, puis un souvenir. Je continue à l'appelé « lui » ou « il » par ce qu'on était pas proche au point que je l'appelle autrement. Plus on avance dans l'histoire plus on remarque que c'était un espoir. Vous avez cru que j'allais l'appeler Rhyade parce que je vous l'ai dit. Et parce que j'ai parlé de lui, vous avez cru qu'il se passerait quelques choses avec moi. Mais non. Avec moi, c'était pareil. J'ai cru pouvoir le changer, lui permettre de se libérer. Parce que c'était ce que je m'étais dit. Que j'allais le faire, que je serais capable de le faire. J'ai parlé avec lui et j'ai cru qu'il se passerait quelques choses mais non. Vous avez vu que le chapitre avançait, que bientôt ce serait la fin, qu'il n'y a pas le temps pour que je vous avoue quoi que ce soit d'une potentielle relation entre nous, qu'elle soit amicale ou bien en amour. J'ai vu la même chose. Plus j'avançais, et plus l'année se finissait, j'ai compris au trois quart de l'année que rien ne se passerait. Et si je sais pas si à Ryade il y a un « e » ou pas, c'est parce que je sais pas qui est Ryade ni les éléments ni les évènements qui le constitue et qui font de lui Ryade. Je le savais, il est comme ça. Il n'y avait pas à espérer le changer. Et je suis comme ça, à vouloir quelque chose qui se termine aussi tôt.

Je sais pas quelle fin vous mettre. Je l'ai plus vu, même dans les couloirs. C'était comme si il avait disparu ou peut-être qu'il avait changé de lycée, ou peut-être qu'il était toujours là, plus discret que jamais car il ne voulait pas qu'une autre personne entre dans sa vie. Voilà la fin du chapitre. Tout comme moi, vous allez tourner la page, l'oublier, enfin, pas complètement, il restera un souvenir. Ensuite viendra le prochain chapitre de ma vie, vous aller vous concentrer là-dessus. Et si un jour vous voudrez relire ma vie, ce livre, vous vous souviendrez de lui tout comme moi je me souviens de lui quand je repense à ma vie.

Mes amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant