Antan (Volume 1)

2.Théo De Grisaille

"Ce fut un temps de bonheur que le Temps des Rois, une période où la guerre n'était plus si meurtrière que la Grande Guerre le fut.
Un temps où l'homme ne se concentrait que sur le commerce et l'art, où les seigneurs régnaient au service du seul vrai roi : Ulfric des Plaines d'Emeraudes.

Semblant immortel, ce roi bon et juste commandait toute la Petite Île avec honneur et parcimonie, comme si son destin en avait toujours été ainsi.
Quelques affaires fâcheuses étaient parfois d'actualité, bien-sûr, mais les conflits se réglaient dans le respect et les valeurs chevaleresques en ces temps-là."

- Mais ce temps est révolu depuis bien longtemps.

Théo regardait sa figure paternelle et avait un air triste.

Il continua :

- Tu t'attendais à mieux j'imagine ?
Mais voilà, toutes les familles de nobles ont toujours été obsédées par le pouvoir, c'est comme ça.

Le jeune homme, dans l'auberge de bois noircit, assis près d'une table abîmée, était perplexe :

- Mais où est Ulfric alors ?

Le vieil homme assis à sa gauche lui rétorqua de son haleine sentant l'hydromel et d'une voix endormie :

- Mort...
Et s'il y avait un moyen de le ramener, il est perdu depuis longtemps.
Depuis que ce vieux fou de Skuld a trahi et tué son roi, on vit tous dans la peur.

En effet, le seigneur Skuld avait trahi le trône, et il en était de même pour son ami Dijkstra, seigneur des Îles-Dorées.

Le vieux Yvann vivait dans une grande auberge connue de nombres de gens à la ronde.
Son établissement "La table du vétéran" était établie aux frontières de la région des Falaises Ecarlates, le territoire du roi Skuld "le sans-pitié", surnommé ainsi pour ses exploits durant les guerres et pour le prix exorbitant de ses impôts.

Théo était un orphelin, recueillit à la naissance par cet aubergiste, vétéran, amoureux de l'hydromel nordique et de sa vieille épée.
Ce n'était pas un mauvais bougre, loin de là, il était ni grand, ni petit, il était trapus et un peu gras.
Yvann était assez pâle de peau, il avait le physique typique des régions du Nord, et ne se laissait jamais manquer de respect par personne.

Dans la grande auberge, Théo admirait tous les jours un objet très spécial, un objet qui attirait toujours l'attention de tous les voyageurs en quête d'un verre ou d'un lit pour la nuit.

Derrière le comptoir, entre deux rangée de bouteilles se tenait un présentoir à arme, et sur celui-ci était entreposée une lame magnifique :

Toute argentée, polie de toute part, l'acier de cette épée reflétait le moindre rayon de lumière l'environnant.
Son manche, noircit par les flammes de la guerre semblait robuste et lourd, et au centre de la garde, était placée une petite gemme rouge et brillante. L'épaisse lame de cette arme à une main était décorée d'une longue gouttière brillante.

Théo s'imaginait tous les combats que le vieux Yvann avait pu mener muni de cette lame et lui demandait souvent de les lui conter. Cependant, l'aubergiste restait toujours muet, issu d'une famille de fermiers, il n'avait jamais voulu être soldat.
Il en avait été contraint.

Le jeune habitait Grisaille, de l'autre côté de la colline grise.
Là, il vivait avec le vieil aubergiste en bordure de Grisaille.
C'était comme son nom l'indique, un endroit très nuageux.
Comme toujours le ciel était gris, il pleuvait et on ne voyait le soleil que par quelques interstices rares formant des sortes de magnifiques rayons solitaires traversant les nuages.