13.La mort du seigneur

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Il s'approchèrent alors tous deux des grandes portes du palais, recouvertes par le voile de neige épais qui accompagnait l'hiver.

Tout était d'un calme assourdissant, le ciel ne laissait pas entrevoir ne serait-ce qu'un rayon de soleil et le vent était glacial.
Quelque chose hantait ces lieux, Vlad le sentait, et son neveu aussi.

Théo savait pourquoi les portes étaient si immenses grâce à sa culture générale, en les traversant, il se rappela d'une des leçons d'Yvann : 

Le palais tout entier aurait était construit par les trolls du nord, pacifiques à l'époque, qu'on avait surnommés les béhémoths.
Les mêmes créatures que celle que venaient d'affronter Théo et son oncle.

C'était un couloir sombre, même s'il était éclairé par des torches sur toute sa longueur, des armures de collections étaient entreposées des deux côtés.

Pour Vlad, cela n'avait en rien changé d'avant, mais pour Théo, jeune et innocent, tout était si immense que sa tête tournait dans un bâtiment si grand.

À la fin du couloir, des gardes se tenaient là, munis de lances, deux, quatre, six...
Ils étaient bien nombreux, pourquoi donc ?

Vlad méfiant accéléra le pas vers la salle du trône, dépassant tous les gardes deux par deux, sentant l'adrénaline monter dans tout son corps.

Bientôt et quand il traversa les portes dans un terrible fracas, toute la cours se retourna devant lui.

C'était un enterrement.

Vlad vint, seul, alors que Théo l'attendait près des portes à sa demande :

- Eh bien ? Messires et gentes dames, quel est donc cette festivité morose ?

Les gens se retiraient à mesure que Vlad traversait la salle jusqu'à arriver aux marches d'escaliers qui conduisaient au siège d'argent.

Un cercueil était la, sur le grand autel ou les gens venaient, posaient leurs mains implorant leur seigneurs des demandes toutes plus inutiles que les autres.
Vlad quant à lui n'était pas n'importe qui, surtout pour l'homme dans le sombre cercueil d'argent.

- Bragg... Qu'a-t-il bien pu se passer... ?

Un soldat s'approcha et attrapa Vlad par le bras, grand et les cheveux bruns, il lui reprocha :

- Vous n'avez rien à faire ici !

Vlad se retourna tout à coup, se redressant, dépassant tout le monde de sa taille, et ayant derrière lui un aura qui effraya même Théo qui détourna les yeux.
Il rugit enragé :

- Vraiment ?! Pourquoi n'aurais-je pas ma place ici, Bragg était mon ami, et celui de mon père avant moi !
Pourquoi n'ai-je pas été prévenu de sa mort, répondez, bande de traîtres et de lâches ! 

Le soldat, tomba sur le dos alors que l'aura de Vlad grandissait, engloutissant dans les ombres la pièce, ses dents apparentes, ses yeux injectés de sang noir...
L'ombre grandissait contre les murs de la pièce, Vlad fou de rage s'apprêtait à prendre le soldat sur le sol de pierre et à en faire un exemple.

Mais sa rage devînt de la tristesse lorsque Théo s'empressa de s'interposer entre son oncle et sa proie.

- Je suis désolé mon oncle...

La pièce s'éclaircit peu à peu alors que Théo mena Vlad sur un balcon dont il frappa les portes de son épaule.

- Il est mort. Et je n'étais pas là...

Théo regardait le ciel au loin, la forêt qui entourait plus ou moins le château, la neige et le grand marché. Les trois hommes morts rencontrés plus récemment étaient toujours là, jonchant de leur sang la douce neige d'hiver.

Alors que Vlad réfléchissait à son deuil, Théo, triste, respirait le bon air frai du Nord, ne savant pas s'il y retournerai un jour.

Soudain, on entendit sonner une corne particulièrement puissante au loin, sans prévenit.
Théo ne voyait rien alors qu'il tapa son oncle de son épaule :

- Qu'est-ce que c'est ?!

Vlad rétorqua rapidement, plein de stress et de stupéfaction :

- Lucius ??

Puis il sauta par dessus le balcon du premier étage, à environ 15 mètres de hauteur.
À son impact, le poing et un genou à terre, il brisa les pavés gelés en dessous de lui.
Tous les habitants qui n'étaient pas concentrés sur le son de la corne, avait vu l'action plutôt impressionnante de Vlad qui se releva comme si de rien n'était.

Théo n'avait rien vu venir :

- Quoi Lucius ? Le maître d'arme ?

Vlad s'empressa de courir vers la forêt, proche, suivit de son neveu.
Ils sortirent tous les deux leurs lames acérés alors que le vent gelait les cheveux de Théo et la barbe de son oncle.

On entendit un énorme bruit d'explosion venant de la forêt, suivit de bruits d'arbres brisés.
Armés, Vlad et Théo se préparaient à voir sortir de là un chariot ou un gros animal, mais l'odeur de braise et de cendres ne collait pas :

D'ailleurs, le jeune homme remarqua que son oncle était perturbé, que pouvait donc être ce danger ?
Mais ce que Théo ne savait pas, c'était que cet adversaire faisait partie des plus redoutables existants, Vlad le savait.

Mais il savait aussi qu'il aurait bientôt de l'aide, il fallait juste le retenir pour ne pas qu'il s'en prenne à la ville.
Il n'eut cependant pas le temps de finaliser sa stratégie, qu'une bête énorme sortie de la forêt dense en brisant les arbres calcinés.

Vlad eut un sursaut de peur et d'appréhension :

- Qu'est-ce que...?

Marmonna-t-il bouche-bée.

L'être faisait plusieurs mètres, c'était à se questionner sur la raison de sa présence.

Il était fait d'une forme humanoïde, tout en armure, bien qu'en très mauvaise état, ainsi que sa cotte de maille apparente.

Ce qui interpela Vlad tout d'abord et plus que tout :
C'était sa peau.

Sa peau apparente sur son cou et l'un de ses bras n'était pas anormalement pâle ou moisie, non, Vlad aurait préféré !
Sa peau était rougeâtre, brûlée.
Des yeux de feu scintillaient à travers les interstices de son casque, ses mains étaient recouvertes de gantelets lui conférant des griffes acérées noires, comme toute son armure hérissée de pointes.

Tout le monde recula en voyant la bête enragée.
Tout le monde hésita à prendre la fuite pour sauver sa vie, même Vlad avouerai en cet instant qu'il fut terrorisé !

Ce n'était pas n'importe quel être ou monstre, ce n'était pas un marche-nuit ou un nécromancien, la bête colossale et maléfique n'était nul autre qu'un démon.

Un démon, recouvert d'une armure forgée en enfer, et de flammes maléfiques, déterminé à anéantir toute vie l'entourant...

Antan (Volume 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant