Antan (Volume 1)

3.La proposition

A peine le géant avait finit sa phrase, qu'un long silence parcourra l'auberge avant que quelques conversations à voix plus basses reprirent. 

Il s'approcha, et les bougies et chandeliers vacillaient à chacun de ses pas sur les planches de bois moisies de la vieille auberge. 
Théo était maintenant adossé au comptoir, il n'y avait pas d'issue, la terreur faisait trembler tous les muscles du jeune homme immobile. 

Alors que Théo usa de tout son courage pour tenter d'appeler à l'aide, en vain, l'un des clients de l'auberge assis à une table plus loin, se leva d'un coup.
Alors que le monstre tendait doucement une main vers Théo, il entendit le crissement d'une lame sur son fourreau de cuir. 
Le titan se retourna au quart de tour, et le jeune homme pu alors voir un homme, une épée à la main dans le fond de l'auberge. 

C'était un soldat de la garnison, accompagné de quatre de ses hommes.
Il s'approcha en grognant :

- Laisses donc ce garçon mon vieux ou tu pourrais bien le regretter. 

Le démon se tourna complètement dos à Théo, il serra ses poings recouverts d'acier qui grincèrent sous la pression de ses phalanges.

Le jeune, terrorisé, ne sachant que faire, sentit monter en lui une poussée d'adrénaline qui le poussa à agir.
Il attrapa avec une agilité dont il n'avait même pas conscience l'épée de guerre d'Yvann. 

Mais en se retournant vers l'étranger, Théo aperçut l'officier qui l'avait défendu, ainsi que ses compagnons gisants au sol la plupart inconscients, les autres gémissant faiblement. Théo ne remarqua qu'à peine les clients se ruant à l'extérieur de l'auberge.

Il concentra tout son courage, regarda le dos du monstre et se prépara à frapper de la pointe de son épée. Il s'exécuta de toutes ses forces et la lame acérée traversa légèrement la côte de maille usée du titan au niveau de son flanc. Théo eut l'air satisfait, du moins jusqu'à ce que le démon se retourne pour le regarder droit dans les yeux avant de l'assommer sommairement.

Tout devint d'une obscurité assourdissante, mais il ne s'écoula pour le jeune homme que quelques instants :

Quand il se réveilla, Théo était sur le dos, il avait un mal hargneux au front, et était couché sur un tapis de cuir plus ou moins confortable.
Il gisait près d'un feu, dans un bâtiment qu'il ne connaissait pas mais qui lui était pourtant familier. Son toit en forme de coupole était effondré depuis si longtemps que le lierre avait pu s'installer à l'intérieur de l'édifice, ici, les murs étaient gravés de fresques retraçant toutes la même histoire, celle de l'Aîné.

"Cet endroit ne peut être que le Sanctuaire", se dit Théo.

Alors qu'il allait commencer à se redresser, il entendit des pas, les mêmes pas.
Le bruit du métal sur les dalles blanchâtres du sanctuaire lui rappelait le danger auquel il avait été confronté très récemment. 

Entendant les pas se rapprocher dangereusement, Théo fit semblant de dormir, dans l'espoir d'entendre quelque chose d'important ou de voir par ses yeux entrouverts le visage de son agresseur :

Un homme s'assit à côté de lui, et le sol en trembla, c'était bien le même homme.

"Mais que me veut-il ? Pourquoi moi ? Pourquoi cet endroit ?"

L'homme, agitant une brindille dans les flammes finit par parler, une deuxième fois de sa voix rauque et effrayante :

- Je sais que tu ne dors pas.

Théo se redressa très lentement, en espérant apercevoir un peu mieux l'homme qui venait de lui parler. Il parla apeuré et d'un ton faible :

- Pourquoi vous en prendre à moi, espèce d'assassin ?!