Antan (Volume 1)

18.Les Falaises Écarlates

- Théo, tu peux rester faire la tournée de ce matin ? Je dois acheter des ingrédients pour la bière et la semaine.

Théo n'avait pas dormi de la nuit et se sentais assez mal comme si quelque chose de grave était arrivé, il répondit inquiet :

- Bien-sûr, ne traînes pas cependant, je sens que quelque chose ne tourne pas rond...

Yvann fronça les sourcils avec incompréhension mais acquiesça en passant la porte de l'auberge.

Personne n'était à l'intérieur, dehors, le ciel gris ne changeait guère de d'habitude.
Au milieu de bouteilles, de tables propres et d'aucuns clients, Théo s'ennuyait énormément.

Pour passer le temps, il appliqua une technique de méditation que lui avait appris Vlad pour faire le vide et mieux se sentir.
Il s'agenouilla au sol, posa ses mains sur ses genoux et ferma ses yeux.
Le temps passait, et Théo apercevait des flashs discrets comme une sorte de présage :

De chevaux galopant à toute allure, trois cavaliers, dont deux chevaliers sombres. Il portait une armure complète, exactement la même, il ne parlaient pas, même quand il s'agissait de fouiller ou frapper des... enfants.
Le dernier était une sorte d'évêque ou un homme propageant la culture de l'Aîné, il était grand, en armure blanche et dorée.
Sur son dos, un marteau de guerre assorti à son armure pendait par quelques lanières de cuir.
Toutes les plaques d'acier de son armure émettaient des cliquetis métalliques au fur et à mesure que le cheval galopait.
Cependant, à la fin de son rêve, avant que Théo rouvre les yeux, ces hommes se dirigeaient vers son auberge !

Il se réveilla et se releva en vitesse, faisant comme si de rien était, regardant son épée juste derrière le comptoir, attendant la revenu d'Yvann...
Il entendit tout d'abord les fers à cheval frappant contre les pavés défoncés de la route, puis quand ils s'arrêtèrent devant l'auberge, trois hommes sautèrent de ces montures dans de grands bruits sourds.
Un des vétérans sombre ouvrit la porte de la taverne pour laisser entrer ce qui ressemblait de plus prêt à un paladin...
Un homme chargé de résoudre les comportements "impies", de punir cela par les manières les plus efficaces, souvent la mort donc.

Théo avait beaucoup de choses à se reprocher en plus de l'héritage de sa famille royale, il possédait des pouvoirs innés et surnaturels.
Malgré tout il ne perdit pas son sang froid et joua la comédie à merveille.
Leur pointant respectueusement une table pour qu'ils s'assoient tous les trois :

- Messieurs, c'est un honneur de vous recevoir dans notre humble taverne, que puis-je vous servir ?

Le paladin qui s'asseya aussitôt posa en équilibre contre la table son énorme masse ensanglantée.
Théo suait à grosses gouttes sur son front et son cou, il sentait son estomac se resserrer alors qu'il attendait la réponse de l'inquisiteur :

- Oh, je ne veux rien, mes hommes non plus, à part peut-être une information...

Théo s'adossa au comptoir devant leur table jouant le plus possible le rôle du paysan qu'il est censé être à Grisaille :

- Oh bah vous savez, il y a plein de ragots en tous genre qui circule par ici, que voulez-vous savoir ?

Alors que ses hommes ne bougeaient pas d'un cil tels des statues, leur chef caressait bizarrement le manche de son arme :

- Sais-tu si récemment un gamin, pas plus de 20 ans je pense s'est rendu ici après un voyage au Nord ?

Théo sentait son souffle s'accélérer, c'était définitivement lui qu'ils cherchaient...

- Non, on parle plus de bagarres d'ivrognes ou du fait que le seigneur de Grisaille demande des taxes bien trop exigentes...

L'homme se leva, se mettant face à une fenêtre, juste à droite de la porte d'entrée, il marmonait juste assez fort pour que tout le monde l'entende :