L'aube, sombre, froide.
La pluie frappant le marbre brûlé terreux, les arbres redoublant d'effort pour respirer. La pluie abondante formait une brume inquiétante sur l'horizon en ruines.Le Sanctuaire semblait vivant, observant ses deux invités, dans un silence pesant. Ces deux voyageurs semblaient être des étrangers dans un pays de mort et de désolation...
Les gens évitaient ce lieu depuis longtemps, accusant les esprits de s'y être installer. Les habitants de Grisaille y avaient mis le feu, car l'homme y avaient semée la destruction en y menant d'innombrables batailles.On racontait que les esprits des guerriers morts aux combats cherchent encore le chemin pour rejoindre l'Aîné ou les pleures de leurs veuves, attirés par les cris et les combats, en tout cas c'est comme ça que les vieillards s'amusaient à effrayer les jeunes.
Théo avait peur, ses paumes étaient moites, ses poils hérissés, son échine tendue. Ses pas légers et timides attiraient sûrement l'attention des esprits pensait-il.
Le chevalier marchait le pas lourd et assuré, en portant un grand sac de cuir noir, guettant le moindre mouvement, la plus infime menace.La peur était-elle inexistante chez lui ? Se questionnait Théo.
Le chemin de gravats déconstitués était parsemé de cadavres, putréfiés depuis longtemps, il ne leur restaient plus que des os et des lambeaux de chair recouvert de poussière.
Les corps des soldats semblaient regarder Théo et son compagnon d'aventure.
Le jeune homme attrapa le bras de Vlad, qui, après quelques pas, écarta le jeune garçon de lui en grognant tel un gros animal.Théo baissa les yeux vers le sol poussiéreux, conscient de la situation et de son âge mais tellement effrayé.
Puis marchant la tête baissée, le jeune garçon remarqua que le chevalier s'arrêta net, regardant au loin et s'agenouillant doucement et en silence :
Il ne respirait que très doucement, le moins bruyamment possible, il enleva sa capuche et regarda Théo.Il pointa du doigt le sommet d'un tas de pierres difforme.
Une silhouette se tenait dessus, semblant ne pas tenir sur ses deux jambes, le bipèdes traînait une épée sur la pierre, produisant un crissement métallique aiguë et désagréable.Théo tomba sur le dos en voyant la scène, il mit ses mains sur sa bouche afin de ne pas crier, c'était un mort-vivant, un vrai.
En regardant avec plus de sang froid et une des mains de son maître sur l'épaule, Théo remarquait alors des lambeaux de chair qui pendaient à la créature sombre.
Il en émanait des bruits aiguës et ténébreux, comme s'il se recevait encore et encore le coup qui l'avait tué en boucle.
Le jeune homme ressentait à présent de la pitié pour cet être criant à la venue des rayons du soleil.Contrarié, Théo ne pouvait détourner les yeux de la bête souffrante et ne remarqua pas que Vlad sortit un arc et eu le temps de décocher une flèche dans la tête de la créature.
Théo de Grisaille, voyant à présent le mort-vivant tomber avec fatigue, mort sur le coup, ressentait de la tristesse.Il parla avec colère :
- Pourquoi tu as fait ça ??
Vlad voyant son compagnon d'aventure les larmes aux yeux lui répondit sans aucuns désirs de se justifier :
- N'aies pas de pitié pour eux, c'est un coup à se faire égorger.
Théo répondit une boule à la gorge d'un ton puissant :
- Il ne nous avait rien fait, c'était injuste ! Il n'était pas dangereux...
Il mit une main sur la bouche de Théo violemment tout en regardant aux alentours, inquiet.
Puis, en chuchotant il parla avec un ton de reproche en retirant sa main du moulin à parole qu'était le jeune homme :- Tu ne sais rien de ces créatures pas vrai ?? Ces erreurs de la nature peuvent devenir bien plus dangereuses qu'elles le sont déjà !
On verra comment tu te débrouille contre un marche-nuit en combat singulier.Finit-il en soupirant.
Théo se tut, laissant sa place au silence, faute de connaissances le jeune homme préféra faire confiance à l'expérience de son maître, mais était rongé par la frustration.
Les deux explorateurs se remirent en route, traversant le tas de gravats où errait un peu plus tôt la créature perdue.
Théo accusait le coup, les yeux regardant ses pieds, il déambulait alors que son maître semblait indifférent.
Le jeune homme aurait quelques reproches à lui faire mais attendait que le moment soit plus propice et moins dangereux.
Le chemin menait à une place circulaire toute marbrée comme la coupole du Sanctuaire, des tribunes surélevées l'entourait, des fissures et des crevasses traversaient l'esplanade de toutes parts.
C'était un amphithéâtre qu'utilisait sûrement l'église de l'Aîné dans le temps.En s'approchant de son centre, Théo remarqua des traînées de sang, certaines étaient coagulées, mais d'autres non, cela l'inquiéta.
Il tira la manche de son compagnon qui le rejeta une fois de plus en lui faisant comprendre qu'il avait déjà remarquer ce qui effrayait le jeune homme.Un grand tas d'ossements était érigé au centre de la place et au milieu des tribunes sombres, ici l'aube semblait être le crépuscule.
Théo par simple curiosité tâtonna les os de sa main essayant de reconnaître à quels animaux ils appartenaient.
Ce fut pour le jeune homme une sorte de jeu amusant, mais les conséquences en furent gravissimes.En effet, en émettant des vibrations en manipulant les ossements, quelque chose semblait avoir pris vie à l'intérieur du tas macabre.
Les os tremblèrent, le tas rabougrie, jusqu'à laisser entrevoir les pièces d'une armure ténébreuse.Théo, contemplant son erreur et voyant son mentor s'éloigner, il l'appela apeuré. Celui-ci rappliqua les sourcils froncés, l'air plus inquiet encore que d'habitude.
La peur de Théo devint de la terreur et il hurla :
- Mais qu'est-ce que c'est que cette chose ?!
La bête se releva, se retournant vers les deux hommes, ses articulations craquelant au sein d'une armure sombre et éventrée.
Sa respiration aiguë et inconstante semant même un semblant de stress dans l'esprit de Vlad.
Son heaume à présent relevé et tourné vers le colosse le regardant, laissait voir à travers le métal éraflé, deux grands yeux blancs.Se levant complètement à présent, et écartant les bras de son plastron ensanglanté, la bête faisait la même taille que Vlad.
Ses cottes de mailles éviscérées pendaient en émanant des cliquetis terrifiants.
Le temps sembla comme figé, le ciel comme assombrit.Le chevalier répondit enfin à son apprenti, concentré
- C'est un marche-nuit.
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Antan (Volume 1)
AdventureLes royaumes sont en désordre depuis des années maintenant, le ciel s'assombrit de nouveau... Mais avec l'obscurité vient peut-être la braise qui enflammera de nouveau l'arbre cendré des Plaines d'Émeraude ?