Chapitre 16 - Une monstrueuse attraction (1/2)

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L'heure qui suivit fut passée dans des manèges qui nous mirent la tête à l'envers et nous firent pousser des hurlements à nous en casser la voix. Tout y passa : des attractions qui nous donnèrent le tournis à celles qui nous propulsèrent dix mètres au-dessus du sol. Michael me suivit, parfois un peu à reculons, à bord des monstres de métal qui nous retournèrent l'estomac pour notre plus grand plaisir. Enfin, ça dépendait pour qui.

Le sentiment de plénitude que je ressentis à cet instant fut une véritable bouffée d'air frais tant nous nous amusions comme deux gosses. C'était un soulagement : après avoir tant désiré ce rendez-vous, j'avais fini par le redouter. J'avais eu peur de ne pas ressentir ce que j'avais éprouvé la veille.

Auprès d'un autre garçon.

Sentir mon cœur s'accélérer par la simple présence de Michael à mes côtés me faisait un bien fou. J'avais l'impression d'émerger d'un étrange rêve, d'avoir retrouvé mes esprits après un moment d'égarement. Et peut-être ma promesse envers Nika n'allait-elle pas être si compliquée à tenir finalement.

Pour nous reposer un peu, nous décidâmes de flâner du côté des jeux d'adresse. Je regardais sans les voir les joueurs qui s'essayaient à la carabine ou aux fléchettes sous le sourire avide et carnassier des tenants des stands. Personne ne remportait jamais les immenses peluches accrochées à leur auvent. Je les détaillai distraitement, en train de siroter un jus de pomme, lorsque je tombai nez à nez avec un petit loup gris, dont le pelage me parut aussi doux que du velours. Un coup de foudre instantané m'unit immédiatement à lui, qui ne fit que se renforcer quand je sombrai dans ses yeux mordorés. Je le pris en main, déjà amoureuse :

— Mais... il est adorable.

— C'est Truffy, le héros d'un dessin animé pour enfants, m'apprit Michael, et j'entendais son sourire dans sa voix. Tu ne le connais pas ? Il faut dire qu'il n'est plus très populaire de nos jours...

— Non, personne ne m'en a jamais parlé, m'offusquai-je. C'est un vieux dessin animé ?

— Un peu. C'est une histoire assez dramatique. Au début du film, sa meute l'abandonne parce qu'il a un défaut à la patte et qu'il a du mal à marcher.

— Quoi ? m'indignai-je. Quelle affreuse histoire !

— Oui, enfin non, se rattrapa-t-il en tentant de contenir son hilarité grandissante. Ensuite, il est recueilli par un loup solitaire qui devient comme un père pour lui.

— Et ce père, il meurt à la fin, c'est ça ? demandai-je, méfiante.

J'avais vu bien trop de Disney pour me faire avoir.

— Non, promis, l'histoire se termine bien. Il retrouve même sa meute, la sauve d'un terrible feu de forêt et devient un héros.

Il se passa la main sur la nuque, pensif.

— Je suppose que la morale est qu'il y aura toujours quelqu'un pour nous accepter tel que l'on est et croire en nous ? En tout cas, c'est l'un des films préférés de ma sœur.

Je le regardai avec des yeux ronds.

— Tu as une sœur ? m'étonnai-je. Je l'ignorais.

— Une sœur jumelle, précisa-t-il. Elle s'appelle Danielle.

Je vis comme il suffisait qu'il la mentionne pour que son expression s'illumine.

— Jumelle, en plus ! Tu as une photo d'elle ?

L'Éclaireur glissa une main dans la poche arrière de son jean pour en sortir son portefeuille. Avec délicatesse, il récupéra une photo qu'il avait rangée dans l'un des interstices et me la donna. Le cliché les représentait, sa sœur et lui, devant un gâteau d'anniversaire surmontée d'une épaisse couche de crème fouettée. Je comptai quinze bougies.

Incandescence - Livre I - L'éclat de l'acier [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant