Antonio était furieux quand il ferma la porte de son appartement. Ce nouveau musicien, Mozart, était d'une arrogance qui le mettait hors de lui. Il traversa le salon, entra dans la chambre et se laissa tomber sur son lit, fermant les yeux. Inconsciemment, sa contrariété venait pourtant plus de la facilité déconcertante avec laquelle Wolfgang avait lu en lui que de son attitude, bien qu'exécrable. Depuis des années, Salieri faisait en sorte de ne rien laisser paraître, il dissimulait ses émotions comme ses désirs, ne montrant qu'une façade froide et contrôlée qui seyait à merveille avec sa réputation d'artiste talentueux détaché de tout. Et ce soir, la musique de Requiem, et plus particulièrement la voix de son leader, avait tout réduit à néant. Il avait eu l'impression d'être mis à nu par ces compositions incroyables, et toutes les violentes pulsions en lui étaient sorties d'un coup. Si Mozart avait été concentré sur son show, il ne l'aurait jamais vu. S'il l'avait décelé ainsi, c'est qu'il l'avait épié. Et il détestait ça. Il se sentait faible, impuissant et prisonnier de l'emprise de cet inconnu virtuose. Antonio porta la main à son cœur, le sentant se serrer sous la violence de ses sensations. Il grimaça, trop d'émotions s'emparaient de lui, et elles étaient trop fortes pour qu'il les contrôle. Le jeune homme était comme un volcan, il restait endormi longtemps, restant de marbre, les sentiments violents s'entassant dans son être, et puis, lorsque son corps atteignait sa limite, il explosait. Il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait l'apaiser quand il perdait ainsi ses moyens. Le jeune homme se leva et entra dans la salle de bain. Il retira lentement sa veste, l'accrocha au porte manteau, puis il remonta ses manches, révélant ses avant-bras pâles et marqués de cicatrices fines. Il ouvrit un tiroir et en tira une lame. Un couteau, qui appartenait à sa famille depuis des générations, une sublime dague en argent qui datait du XVIIIème siècle. Il caressa le côté tranchant du bout des doigts, puis il saisit le manche et il longea sa peau avec l'arme, traçant de multiples coupures dans sa chair. Le sang s'écoula sur lui avant de tomber sur le sol, et il laissa la lame tomber, s'accroupissant sous la douleur. Il gémissait en sentant les picotements parcourir ses bras, mais paradoxalement, il soupira d'aise. Ces sensations fortes remplaçaient ses pensées noires et lui permettaient de s'échapper, un temps durant, de tous ses problèmes. Toujours assis au sol, il s'adossa au mur et laissa la douleur extérioriser tout ce qui le tourmentait.
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Antonio était réveillé depuis une heure quand il entendit frapper contre sa porte. Posant sa tasse de café sur la table, il traversa le salon pour aller ouvrir. L'invité entra simplement en le saluant familièrement.
- Bonjour Florian, répondit Salieri en refermant derrière lui.
Florian Gassmann était le batteur de son groupe, mais aussi et surtout son meilleur ami depuis le début de sa vie. Personne ne le connaissait mieux que cet homme. C'est pourquoi, à peine arrivé, il remarqua les cernes qui enserraient les yeux sombres de son ami, et il lui saisit les poignets, remontant ses manches pour fixer les plaies récentes.
- Tu as recommencé.
Le musicien détourna les yeux, embarrassé. Mais Florian ne lui reprochait pas son comportement, il était simplement inquiet. Il laissa son regard parcourir la pièce, et saisit la tasse de café qui reposait sur la table pour sentir son contenu.
- Et tu n'as pas mis que du café là dedans.
L'autre lui jeta un coup d'œil innocent mais le batteur désigna la tasse.
- Essaie pas de mentir, ça sent le rhum à plein né. Dès le matin, Antonio, ton cas s'empire ces derniers temps.
Il vint saisir le bras de son interlocuteur et le força à s'assoir sur le canapé.
- Ok, je comprends que ce soit difficile, mais tu peux me parler si tu le souhaites. Ou bien contacter des médecins si tu préfères. Mais il faut que tu trouves le moyen de guérir ton esprit.
Sur ces paroles, il alla chercher de quoi désinfecter les blessures de son ami, prenant soin de bander ses avant bras avec attention.
- Ta dépression dure déjà depuis presque deux ans. Et rien ne semble s'arranger, ça me fait peur. Je ne sais même pas si tu as pu faire ton deuil, ou si tu es encore en train d'essayer ?
Salieri haussa les épaules, les yeux rivés vers le sol. Florian posa une main sur son épaule.
- Tes parents et ton frère voudraient que tu t'en sortes. Ils n'aimeraient pas te voir dans cet état. Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé.
Antonio soupira alors et il enleva la paume de son acolyte.
- T'es gentil, mais franchement, c'est pas ça. Pas cette fois du moins.
- Alors qu'est ce qui t'a poussé à te charcuter ce coup ci ?
- J'arrivais pas à gérer des émotions trop fortes. C'est récurrent, t'inquiète pas pour ça. Je connais mes limites mine de rien. J'aimerais bien rester seul, s'il te plaît.
Le batteur se leva alors, jetant un regard anxieux à son ami.
- Bien sûr que je m'inquiète, tu es mon meilleur ami, et ça fait des mois que je te vois sombrer un peu plus chaque jour sans pouvoir rien faire. Tu te fais du mal, et tu aimes ça, c'est effrayant. Qui sait, un jour, peut être que rester sous tes limites ne te suffira plus, et tu te mettras vraiment en danger. Antonio, j'ai pas envie de te voir souffrir. Promets-moi de faire ce que tu pourras pour t'en sortir.
- Je... Je vais essayer.
Florian hocha la tête et se dirigea vers la porte. Il se retourna toutefois avant de quitter l'appartement.
- Nous avons une répétition d'ici deux jours, n'oublie pas, même le groupe compte sur toi, si t'as besoin, demande à décaler, personne ne t'en voudra.
- C'est bon ça ira.
Le jeune homme partit, laissant le compositeur seul.
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Mozalieri - Une mélodie qui fait mal
FanfictionTW sexe, littérature érotique, lemon, BDSM, scarifications, self harm, traumatismes, alcool Univers alternatif, personnages de Mozart L'Opéra Rock, ship Salieri/Mozart Wolfgang Mozart emménage dans la grande ville d'Aupehra, réputée pour sa culture...