Chapitre 17 : Discussion intime

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Salieri était allongé dans son lit, occupé à checker ses réseaux quand Wolfgang ouvrit la porte de la chambre et entra. En un regard, le plus âgé devina qu'il revenait du bar, comme presque tous les soirs depuis qu'ils étaient arrivés à l'hôtel. Il retira son haut, puis son pantalon, avant de fixer avec malice le brun.

- J'étais sincère en te taquinant aujourd'hui maestro... J'ai vraiment envie qu'on refasse un tour...

- Tu as déjà eu quelque chose de ma part aujourd'hui.

- Oh, Antonio, tu es si peu romantique. C'était dans les toilettes.

- Et bien au risque de te décevoir, vu les courbatures que je me suis tapées toute la journée, il est hors de question que je te laisse encore te jouer de moi. On a du travail demain, et on se lève tôt, je veux me reposer.

Wolfgang fit la moue en fixant le sol, dépité. L'italien soupira en le voyant agir comme un enfant, et il repoussa sa couette, cédant à son caprice.

- Si tu ne me fais pas chier, tu peux venir.

Aussitôt, le blond fonça dans le lit, entourant la taille de son aîné de ses bras pendant que celui ci rougissait de cette tactilité aussi soudaine qu'adorable qu'il n'avait pas prévue. Il reprit ce qu'il faisait, essayant d'oublier la présence du jeune homme contre lui, mais ce dernier commença à l'embrasser doucement sur l'épaule, puis le cou, profitant qu'il soit lui aussi torse nu.

- Mozart, j'ai dit quoi ?

- Pardon, mais tu sens si bon, j'ai envie de te manger...

Salieri reposa son téléphone sur la table de nuit avant de se tourner face au plus jeune, saisissant sa mâchoire de sa main.

- Contrôle toi un peu bordel. J'ai dit que je voulais du repos. Alors si c'est pour que tu me sautes dessus dès que je ferme les yeux, tu dégages.

- Non, promis, je reste sage. Mais je peux te serrer contre moi ?

Antonio soupira, hésitant, avant d'acquiescer. Il se tourna cependant, dos au jeune homme, pour maîtriser ses propres pulsions qui s'éveillaient au contact de l'autrichien, et celui-ci se colla à son dos, les bras enroulés autour de sa taille. Les joues cramoisies, se demandant encore pourquoi il lui avait proposé de venir dans son lit, Salieri fut cependant forcé d'admettre que c'était agréable. Il se détendit lentement, et se laissa aller contre le torse de Wolfgang avant de fermer les yeux.



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Le salon s'était passé à merveille, et le dernier jour arriva vite. A L'issue de celui-ci, Sonate invita les deux groupes à une soirée en haut de la tour Eiffel, ce qui plut beaucoup aux musiciens. Installés sur des tables en haut du célèbre monument, ils profitaient tranquillement de la ville pour la dernière fois du séjour. Wolfgang, qui écoutait la discussion de ses amis, leva finalement la tête pour chercher Salieri du regard, mais le brun n'était nulle part. Curieux, il quitta la table, puis la pièce pour parcourir les couloirs extérieurs de la tour, à la recherche de son aîné. Il le trouva finalement seul dans un coin, accoudé à la rambarde, le regard perdu dans sa contemplation. Le vent, frais et léger, faisait doucement balancer ses longues mèches ébènes. Approchant en silence, sans le quitter des yeux, l'autrichien se fit la réflexion, pour la énième fois, qu'il était beau. Antonio était plongé dans ses pensées. Ces moments à Paris avaient été intéressants d'un point de vue professionnel et riches émotionnellement. Mais à l'approche du départ, il retombait dans sa mélancolie, et ce depuis plusieurs jours. C'était peut être pour ça que le blond avait été calme depuis quelques temps, il l'avait peut être pressenti. Il ne l'avait que très peu taquiné depuis qu'ils avaient dormi ensemble. Et il n'avait pas recherché à lui réclamer du contact. Le compositeur soupira, il allait retourner à Aupehra, il aimait cette cité, mais elle lui rappelait sans cesse ses démons. Ses yeux se baissèrent sur le sol, si lointain, et il se dit inconsciemment qu'une chute de cette hauteur serait mortelle. Machinalement, sans que son esprit de ne le décide, il avança d'un pas. Mais un bras saisit subitement son poignet, et il tourna la tête pour voir Mozart. Il était si proche.

- La vue est belle, maestro ? Demanda innocemment le plus jeune.

- Oui...

Sa voix n'avait été qu'un murmure. Wolfgang se rendait-il compte du moment qu'il avait interrompu ? Avait-il décelé ce à quoi il pensait ? Lui avait senti son rythme cardiaque s'accélérer quand il avait avancé vers le vide.

- La mienne aussi est magnifique.

Salieri fronça les sourcils, s'apprêtant à le questionner sur ce qu'il regardait, mais il s'arrêta avant d'ouvrir la bouche, il avait compris. C'était lui, la vue de l'autrichien.

- Mozart, je voudrais savoir.

- Tout ce que tu veux.

- Est-ce que... je suis un jeu pour toi ? Je veux dire... Est-ce que je ne suis une conquête parmi tant d'autres dans ta lancée ?

Sentant les doutes et la fragilité de l'italien, le blond répondit sérieusement, sans lâcher son poignet.

- Tu n'es pas un jeu. J'aime tout ce qu'il y a en toi, et je te désire, autant physiquement que moralement. J'ai envie d'être avec toi. Pour être honnête. Je n'ai jamais été porté sur l'exclusivité et les relations fermées par la jalousie et la possessivité, mais si c'est la condition pour me mettre avec toi, je me sens prêt à abandonner mon indécence. Sauf avec toi, bien sûr.

Antonio secoua la tête.

- Non, c'est pas ça.

Il se mordit la lèvre, baissant les yeux.

- C'est juste que je suis terrifié à l'idée d'être abandonné. Je l'ai déjà été trop de fois. C'est pour ça que je reste seul tout le temps, mais toi, tu as forcé mes défenses, tu as tout foutu en l'air...

- C'est surtout nous que j'ai envoyés en l'air.

Salieri rougit encore, pestant contre son humour, et le blond se reprit aussitôt.

- Pardonne moi, c'était trop tentant. Je t'écoute.

L'italien prit une longue inspiration.

- Je veux dire... Tu peux faire ce que tu veux avec qui tu veux, je m'en fiche, je ne suis ni jaloux, ni possessif. Je ne te demande pas de museler qui tu es et de t'enfermer avec moi. Mais si tu joues avec moi pour m'avoir dans ton lit et ensuite me laisser tomber, c'est sans moi, je ne veux pas.

- Antonio, si c'était là mon intention, pourquoi je serai en train d'avoir cette conversation avec toi ? Je t'ai déjà fait mien. Mais je reste. Je ne me lasserai pas de toi, et je ne te laisserai pas. Jamais. Parce que je me suis rendu compte depuis quelques temps que je n'ai jamais aimé comme je t'aime.

Le brun sentit son cœur rater un battement, il plongea son regard dans celui de son cadet.

- Tu n'as pas peur d'être avec quelqu'un qui a autant de problèmes psychologiques que moi ?

- Non, du tout, sourit l'autrichien. Je prendrai soin de toi. Et on gérera ces problèmes ensemble. Enfin... si tu veux être mon copain...

Le leader des Danaïdes le fixa un instant, immobile. Son rythme cardiaque était bien trop rapide, et il se demandait si Mozart pouvait sentir son pouls puisqu'il tenait son poignet.

- Alors... souffla doucement le plus âgé, ça me va... Wolfgang.

Cette fois, ce fut le cœur de l'autrichien qui s'arrêta. Antonio entremêla ses doigts dans ceux de son interlocuteur, et il avança, comblant la distance entre eux avant de venir poser ses lèvres sur celles du blond. Celui ci sentit son être entier exploser, et il répondit au baiser avec fougue. Jamais il n'avait été aussi heureux.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant