Mozalieri - Une mélodie qui fait mal

Chapitre 6 : L'accident

Les deux groupes étaient assis autour d'une table à discuter. Ils venaient toujours à la même heure le matin pour installer le matériel sur la scène afin d'être prêts pour le concert du soir. Mais, à force de venir régulièrement dans le bar, ils avaient pris leurs marques, et ils étaient maintenant plus rapides dans la préparation, ce qui leur permettait de profiter d'une grande partie de la journée pour se reposer ou pour faire un peu de musique. Wolfgang jetait de fréquents coups d'œils à Antonio, mais pour une fois, il le laissait tranquille, le compositeur aux cheveux bruns semblait particulièrement de mauvaise humeur. Il est vrai qu'il était généralement froid et distant, décourageant les autres de l'approcher, mais aujourd'hui, il dégageait une aura vraiment sombre, et l'autrichien préférait rester prudent.
- Au fait, lança Ludwig, j'ai reçu un mail hier soir. Le festival musical Sonate, de Paris, souhaite nous inviter pour leur session de l'année qui démarre dans deux mois. Ils s'excusent du retard, mais ils ont eu des problèmes d'organisation durant cette édition. Bref, ils expliquent qu'ils veulent nous inviter depuis longtemps déjà, mais qu'ils n'en avaient pas la possibilité avant cette année puisque d'autres groupes avaient demandé à passer, et souvent, c'est sur dossier. Mais ils ont tenu à ce qu'Aupehra soit représenté cette fois, la cité est réputée pour sa culture musicale, alors ils nous ont contactés, et ils nous ont demandé si on connaissait un second groupe de qualité, je leur ai donc envoyé les clips de Requiem et ils ont beaucoup aimé. Je n'ai pas encore donné de réponse, il faut d'abord voir ensemble si on veut y aller, si ça vous intéresse aussi et comment on pourrait s'y rendre.
- Oh ! Cria Mozart en se mettant debout avec enthousiasme. Mais c'est trop bien ça ! Évidemment qu'on veut y aller, j'ai trop hâte !
- Calme toi, sourit le guitariste du groupe de Salieri. Je viens de dire que rien n'était sûr, ça va demander une grosse organisation pour gérer le trajet comme l'événement.
- J'vois pas où est le problème pour le trajet, le plus simple c'est de prendre l'avion.
Salieri se leva soudainement. Les autres le virent trembler, bien qu'il fasse tout pour se contenir.
- Hors de question, lâcha-t-il d'une voix glaciale.
Et, sans attendre de réaction, il partit dehors pour prendre l'air. Wolfgang ne comprit pas sa réaction, et il se rassit lentement. Il avait ressenti la rage du musicien jusqu'au fond de son être.
- Et bien, comme ça c'est tout de suite réglé, commenta Karl.
- Est ce qu'il va bien ? Demanda Constance, soucieuse.
Les membres des Danaïdes échangèrent un regard communicatif, et ce fut Thalie Helferstorfer, la bassiste, qui prit la parole avec assurance.
- Ne lui en voulez pas. Il y a quelques années, il a perdu ses parents et son frère dans un crash d'avion. Il aurait du être à bord avec eux, mais on avait un concert ce jour là, alors il avait annulé ses vacances en famille. Il s'en veut d'être en vie alors qu'eux sont partis. Et naturellement, il n'est pas question pour lui de parler d'avion, et encore moins de monter dedans.
- C'est ce que je sous entendais par voir comment y aller, ajouta Ludwig.
Wolfgang écarquilla les yeux avant d'ouvrir la bouche pour parler, mais il fut devancé par Florian.
- Tu ne pouvais pas savoir, inutile de t'excuser. En revanche, s'il est normal que nous vous expliquions tout ça, n'en parlez pas à Antonio. Il n'aimerait pas savoir qu'on raconte sa vie quand il est absent. Vous savez bien, il est... tellement lui quoi...
Il jeta un regard vers la porte pour vérifier que le concerné ne revenait pas avant de poursuivre.
- Aujourd'hui, c'était pas le bon jour, cela fait pile deux ans que l'accident a eu lieu. Je lui ai dit d'annuler le concert de ce soir, mais il tenait à le faire. Je pense que la musique lui fait du bien. Soyez cools, et laissez le juste tranquille.
Ses yeux accrochèrent la silhouette de l'autrichien qui, se sentant visé, hocha la tête. Le blond avait toutefois une autre idée en tête.
- Après le concert ce soir, ça vous dirait d'aller dans un bar boire un verre. Je connais un endroit sympa et peu fréquenté. En plus, j'ai promis à Fred, le barmaid, de revenir le voir, c'est lui qui m'a fait venir ici, grâce à lui j'ai rencontré les membres de mon groupe.
Il plongea son regard dans celui de Florian.
- Qu'en penses tu ? Ça lui plairait ? Ici, il est tout le temps accosté par des gens, là bas, il pourra peut-être être plus tranquille.
- C'est une excellente idée, approuva le batteur. On fait ça.

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Les musiciens entrèrent dans l'établissement, et lorsque le barmaid aperçut le blond, il sourit en leur souhaitant la bienvenue. Puis, il reconnut les Danaïdes, et fut enchanté que le célèbre groupe vienne dans son bar, aussi offrit-il la première tournée aux jeunes adultes. Ils s'installèrent autour d'une grande table et commencèrent à discuter. Salieri était toujours silencieux, mais il paraissait plus apaisé, chanter sur scène avait eu sur lui un effet bénéfique que les autres avaient bien remarqué. Constance, qui avait profité de la journée pour faire quelques recherches, prit la parole.
- Euh, pour en revenir au festival Sonate, j'ai trouvé une correspondance en train pour Paris quelques jours avant l'ouverture. Si jamais vous voulez y aller, je pourrais commander les billets.
- Oh, sourit Ludwig, c'est vraiment cool. Si tout le monde est ok, on pourra organiser tout ça ensemble Constance.
Tout le monde se tourna vers Antonio, qui sirotait son cocktail en silence, et il soupira en voyant l'attention qu'on lui portait soudainement.
- C'est d'accord pour moi.
Tout le monde cria de joie, et pour fêter ça, Wolfgang commanda une tournée de shooters, invitant Fred à se joindre à eux, ce que le barmaid accepta avec plaisir.