Chapitre 13 : Bloqués

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Le festival était un véritable succès. Trois jours étaient déjà passés, et chaque nouvelle journée entraînait une vente de places maximale. La scène des deux groupes d'Aupehra avait constamment une foule monstrueuse dans ses alentours, ils étaient les favoris de Sonate pour cette édition. En cet après midi de la quatrième date, Requiem explosait sur scène, sous les hurlements d'un public subjugué et bruyant. Ils étaient passés après les Danaïdes, qui avaient su séduire les visiteurs eux aussi. Salieri buvait de l'eau après sa prestation, derrière la scène, jetant quelques regards sur celle ci pour admirer le talent brut de Mozart. Celui-ci chantait avec entrain, adulé et porté par les spectateurs, bougeant avec énergie sur la plateforme. Antonio, comme d'habitude, était ensorcelé par la musique qui résonnait dans ses tympans, et aussi et surtout par la voix divine du jeune chanteur. La musique se termina, et Wolfgang rigola en remerciant les gens d'être venus.
- Vous savez, dit-il avec force, je suis très heureux d'être venu ici avec les Danaïdes, et de partager cette scène avec eux. J'ai l'impression que c'était hier, le jour où je suis entré dans un bar pour découvrir ces musiciens talentueux. Je suis un grand fan de leurs musiques, je connais leurs chansons par cœur. Et quitte à être avec eux aujourd'hui, j'aimerais leur rendre hommage en faisant en live une cover de l'un de leurs morceaux.
Des applaudissements retentirent.
- Mais j'aimerais pousser un peu plus cet hommage, continua l'autrichien avant de tourner la tête vers le rideau qui coupait la scène de l'espace repos des musiciens. Je serai ravi de chanter aux côtés du leader et soliste incroyable du groupe. Antonio Salieri, me ferais-tu l'immense honneur de monter sur scène pour qu'on fasse ça ensemble. Après tout, une chanson des Danaïdes sans ta sublime voix, c'est bien plus triste.
L'italien était bouche bée et figé. Est-ce que Wolfgang flirtait avec lui devant tout un public ? Florian lui mit un micro dans les mains avant de le pousser sur scène, avant qu'il ne puisse réagir. Trop tard, les gens l'avaient vu et l'acclamaient. Il avança lentement sur l'estrade pour rejoindre Mozart, et les deux hommes échangèrent un regard intense. Ils se crurent seuls au monde pendant une seconde. Juste avant que la musique ne commence. D'un même mouvement, sans même s'être concertés, ils se tournèrent pour se mettre dos à dos. Mozart chanta le premier, commençant le couplet, puis, Salieri le termina, et ils reprirent ensemble le refrain. Le rendu était magnifique, leurs voix combinées se complétaient dans une harmonie pure. Les spectateurs étaient ébahis par leur talent. Même les acolytes d'Antonio, qui regardaient depuis l'arrière, étaient surpris d'un tel résultat. Quand le morceau se finit, la foule explosa comme jamais elle ne l'avait fait. Des cris, des bravos, des sifflements, les gens applaudissaient ou sautaient sur place, tout pour manifester à quel point ils avaient aimé ce duo. Mozart s'inclina de façon excessive pendant que Salieri restait plus discret, et ils quittèrent la scène pour rejoindre les autres dans l'aire de repos. Les musiciens des deux groupes vinrent les féliciter pour cette performance qualitative, puis, l'autrichien saisit la main de son aîné.
- Il faut vraiment qu'on compose un morceau ensemble, maestro !
Il le fixait avec une telle adoration que l'italien se sentit gêné.
- Euh oui... D'accord.. Murmura-t-il en regardant ailleurs.


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La première semaine était passée rapidement. Ils avaient tant de travail qu'une fois rentrés à l'hôtel, ils étaient tous épuisés. Salieri avait fui le plus possible son cadet quand ils étaient dans la chambre, alternant entre s'enfermer dans la salle de bain et faire semblant de dormir. Il avait peur de le confronter. Après être allé à la réception récupérer une information, Antonio entra dans l'ascenseur pour remonter. Alors que les portes se refermaient, quelqu'un arriva en courant et les força à s'ouvrir avant de le rejoindre. Wolfgang. Le brun jura intérieurement et regarda sur le côté.
- Bonjour maestro, t'étais descendu boire un verre au bar toi aussi ? Je t'ai pas vu pourtant ?
- Tout le monde ne pense pas qu'à picoler, lâcha-t-il.
L'autrichien eut un rire.
- Alors, pardonne moi mais là t'es culotté. C'est qui que j'ai retrouvé torché dans une ruelle déjà ?
Le leader des Danaïdes rougit alors, honteux.
- Je ne bois pas comme ça en déplacement professionnel !
Vexé, il croisa les bras, priant pour que l'ascenseur se dépêche. Mais ce dernier fit un étrange bruit avant de se figer. Mozart appuya sur les boutons, mais rien ne sembla faire redémarrer la machine.
- Euh, on est bloqués.
- Quoi ?! S'écria l'italien. Mais c'est pas possible, c'est un cauchemar !
- Sympa pour moi, merci.
Le blond appuya sur la touche vocale liée au service informatique.
- Oui ? Répondit une voix dans le combiné.
- Bonjour, dit poliment Wolfgang, l'ascenseur est coincé, vous pouvez nous aider ?
- Oh, je vais regarder ça, vous êtes dans quel ascenseur ?
- Le deuxième, entre le rez de chaussée et le deuxième étage.
- Entendu, ça risque de prendre un moment, peut être vingt ou trente minutes. Désolé, on fait au plus vite.
- Merci !
Antonio se mit la main devant les yeux, dépité, et l'autrichien le regarda en faisant la moue.
- Ah bah super, t'as l'air vraiment heureux à l'idée de passer moins d'une heure enfermé avec moi.
- Mozart, c'est pas ça.
- Ah ? Et bien éclaire moi maestro.
Salieri releva la tête, et il continua de fixer sur le côté pour ne pas avoir à croiser les iris de son cadet.
- Je crois que tu sais très bien de quoi je parle.
Mozart sourit lentement, avant de combler la distance entre eux. Machinalement, l'italien recula, mais son dos heurta bien vite le rideau de métal. Le plus jeune se colla à lui, et il posa ses lèvres dans son cou, le faisant frémir. Puis il vint susurrer à son oreille.
- Et si on passait à la vitesse supérieure ? On a assez attendu non ? T'es trop sexy, je n'en peux plus de dormir à deux mètres de toi sans pouvoir caresser ton corps... J'ai vraiment envie de te prendre et te culbuter... J'arrête pas de te regarder sur scène, ton petit cul si parfait, je le dévore des yeux en attendant de le bouffer en vrai.
Salieri devint cramoisi. Son cadet avait déjà été plus subtil, là, il lui faisait explicitement du rentre dedans avec du dirty talk, et ça se révélait très efficace. Wolfgang laissa sa main glisser sur le t-shirt de son collègue, la laissant descendre jusqu'à venir caresser son pantalon au niveau de l'entrejambes. La bouche de l'italien était tout près de son oreille, et il put entendre avec précision sa respiration se couper, puis accélérer juste après qu'il eut glapi. Il massa lentement la zone sous ses doigts jusqu'à sentir l'érection venir, gonflant le tissu pour tenter de s'en échapper. Les joues d'Antonio étaient toujours écarlates, et il regardait sans voir, abandonné à son désir qui augmentait. La commande vocale s'activa alors.
- Euh, désolé, mais en fait il y a une caméra, et du coup on vous voit...
Mozart n'aurait pas cru que Salieri puisse rougir davantage, et pourtant. Il s'écarta, souriant à la caméra, amusé, et pendant que l'italien se cachait le visage de ses mains, lui éclatait de rire.
- Oups.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant