Chapitre 22 : Jalousie ?

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Les deux musiciens avaient voulu passer la soirée dans un bar, ou plus exactement, Wolfgang avait voulu sortir, et il avait insisté pour qu'Antonio l'accompagne. Excentrique, le plus jeune était rapidement monté sur le bar pour danser et chanter une fois quelques verres descendus. Le brun, assis un peu plus loin, le regardait simplement en sirotant un cocktail. Un mouvement près de lui attira son attention et il tourna la tête pour voir une jeune femme qui lui souriait. Elle était jolie, avec ses cheveux longs châtains et ses yeux verts.

- Vous êtes Antonio Salieri, des Danaïdes ?

- Oui.

- Je suis vraiment fan de votre musique.

- Merci beaucoup.

Elle rougit légèrement et continua.

- Je vous trouve très attirant... Est-ce que je peux vous offrir un verre ?

L'italien ouvrit la bouche pour répondre mais une voix le devança.

- Peut-être que le copain de ce séduisant beau gosse n'apprécie pas que vous lui fassiez des avances, jeune demoiselle.

A peine eut-il terminé qu'il s'installa sur les genoux de son aîné, avant de saisir sa mâchoire pour l'embrasser sauvagement, introduisant sa langue dans la bouche de Salieri, qui se sentit rougir face à cette réaction si vive. Le plus jeune montrait sans aucune discrétion qu'il était à lui. La jeune femme s'excusa aussitôt, embarrassée, avant de disparaître sous le regard fier du blond.

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Antonio ferma la porte de son appartement avant de se tourner vers l'autrichien qui s'était assis sur le canapé du salon, mal à l'aise. Le brun vint s'assoir près de lui, et il remarqua que l'autre fuyait son regard, ce qui était surprenant.
- Alors, que s'est-il passé ? Questionna-t-il doucement.
Il n'était pas fâché contre lui, seulement curieux. Mozart était pourtant l'extravagance et le libertinage même. Il avait toujours entretenu des relations libres, sans aucune possessivité et sans aucune règle. Il avait donc du mal à comprendre la réaction qu'il avait eue quelques heures avant.
- Pardon... Murmura le blond doucement. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Je n'avais jamais ressenti de jalousie, mais là, ça m'a percuté et j'ai pas su gérer. Je.. Tu m'en veux ?
- Non, bien sûr que non. J'ai trouvé ça vraiment mignon tu sais. Même si me galocher comme ça devant tout le monde était un peu gênant. Mais je pense qu'il est important qu'on en parle.
- Oui je comprends, répondit son cadet en baissant la tête.
Salieri saisit son menton pour le relever et plonger ses yeux dans les siens.
- Tu me veux pour toi tout seul ?
L'autre réfléchit pendant un instant.
- Non... Tu es libre de faire ce que tu veux... Ce ne serait pas juste que moi j'ai le droit de coucher avec qui je veux, et pas toi. Mais... Je crois que je suis jaloux d'imaginer que quelqu'un d'autre puisse entretenir le même lien que celui qu'on partage tous les deux. Je veux être unique à tes yeux... Sinon je ne serai plus rien... J'ai peur d'être facilement remplaçable...
- Wolfi, écoute moi.
Le plus jeune écarquilla doucement les yeux, attentif. C'était la première fois qu'il utilisait son surnom.
- Avec ou sans moi, tu es un homme exceptionnel. Tu es bienveillant, gentil, taquin, un peu gamin parfois, mais terriblement attachant, attentionné, adorable et fort. Tu es beau, attirant, flamboyant, tu es une véritable étoile. Tu es un musicien virtuose, un génie, et un chanteur hors pair. Je ne veux pas que tu te sentes démuni quand je ne suis pas avec toi. Ta voix peut m'ensorceler aussi facilement que tes mains sur mon corps, autant te dire à quel point c'est simple. Tu ne m'as pas attendu pour exister, alors ce n'est pas maintenant qu'il faut vivre à travers mon regard. Personne, jamais, n'aura ce lien avec moi comme toi, tu l'as. Je te rappelle que des tentatives pour m'approcher, il y en a plein, et tu en as été témoin de nombreuses fois. Je n'ai jamais répondu, parce que ça ne m'intéresse pas. Peut être qu'un jour quelqu'un me plaira, comme quelqu'un pourra aussi te plaire, mais dans mon cas, j'en doute. Mais si ça devait arriver, ça ne ressemblera en rien à ce qu'on partage ensemble. Tu m'as longtemps cherché, emmerdé, et fait perdre les pédales. Mais aujourd'hui, Wolfgang, c'est toi et toi seul qui fais battre mon cœur. Tu m'as rendu fou de toi. Personne ne pourra me détourner de tes yeux si magnifiques. Je t'aime, tu entends ?
Cette fois, ce fut l'autrichien qui eut les larmes aux yeux.
- Antonio... Je t'aime... Je t'aime tellement.
L'italien sourit avant de se pencher, s'emparant des lèvres de son cadet qui enroula ses bras autour de son cou, le serrant contre lui.


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Installés en tailleur sur le sol, autour de la table basse, quelques instruments près d'eux, les deux amoureux composaient. Le résultat de leur travail en commun était étonnant. Ça ne ressemblait en rien au style plutôt rock de l'un ou de l'autre, c'était une partition unique, une mélodie hybride complètement différente de tout ce qu'ils avaient créé individuellement. Mozart était ravi, il trouvait ça sublime. Et les paroles qu'ils avaient écrites étaient si intenses, si personnelles. Il avait hâte de présenter cette production a Requiem. Il vit que le brun fronçait les sourcils en fixant leur feuille de notes.
- Qu'est ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas ?
- Si... J'aime énormément, mais j'ai un doute.
- Dis moi ?
- Je ne pense pas que les autres vont valider. C'est pas du tout le style de ton groupe ou du mien. On est pas tous seuls, on n'a pas à décider ce que Requiem et les Danaïdes feront sans leur avis, et je ne sais pas s'ils approuveront.
L'autrichien vrilla son regard passionné dans celui de son aîné, qui se sentit happé par l'intensité de ses pupilles. A quoi songeait-il encore ?
- Je suis persuadé du contraire. Faisons un pari !
- Quel genre de pari ? Demanda le plus âgé, méfiant.
- Si tu as raison, je cesserai de te taquiner en public et en privé pendant une semaine.
- Une semaine de tranquillité, c'est presque trop beau pour être vrai. Et que veux-tu si j'ai tort ?
- Que tu me laisses organiser une soirée avec tout le monde dans le lieu que je veux, et comme je veux . Et pas le droit de refuser de venir !
Salieri le fixa un moment, essayant de trouver le piège.
- Entendu, lâcha-t-il enfin.
Mozart tendit la main vers lui. Antonio soupira et la serra.
- Parfait, on ne peut plus se défiler !
Il tira alors sur la main de l'italien, le faisant approcher de lui, et il l'embrassa avec passion.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant