Chapitre 8 : Promesse

138 11 0
                                    

Le musicien courrait. Il était en retard, encore une fois. Mozart entra dans le bar et s'approcha des personnes présentes avant de s'arrêter, reprenant son souffle.
- J'suis là, c'est bon ! Dit-il entre deux respirations.
Personne à Vyenn n'était surpris de le voir arriver après tout le monde, ils avaient déjà commencé la préparation de la scène pour le concert de la soirée, et ils étaient dans les temps.
- Antonio te cherchait, l'informa Florian, simplement.
Wolfgang ne fut surpris que pendant deux secondes. Après les évènements qui avaient eu lieu quelques jours avant, il semblait normal que le leader des Danaïdes veuille le voir.
- Ah, où est-il ?
- Comme d'habitude, sourit le batteur. Enfermé dans sa loge à ruminer.
Le blond le remercia avant de se diriger dans le couloir. Il ouvrit la porte sans frapper, affirmant d'un air taquin.
- Pour être honnête, maestro, je ne pensais pas que vous vous en souviendriez...
La porte claqua violemment dans son dos, et avant qu'il ne puisse dire un mot de plus, Salieri l'avait plaqué contre le mur, la main serrée autour du cou du jeune autrichien. Ce dernier plongea aussitôt dans le regard furieux, et aussi effrayé, du compositeur.
- A qui as-tu répété tout ce qu'il s'est passé ?! Rugit-il.
Il fulminait, mais Wolfgang comprit aussitôt que sa colère était en fait une véritable et sincère terreur qu'il tentait en vain de dissimuler. Bien que la sensation soit désagréable, il appréciait la poigne ferme du musicien autour de sa jugulaire, il trouvait ça excitant et amusant, surtout en connaissant les préférences de son aîné.
- Personne, murmura-t-il avec difficulté.
Antonio soupira de soulagement, relâchant la pression. Mozart profita de l'instant pour renverser les rôles, et ce fut le plus âgé qui se retrouva plaqué au mur, les poignets maintenus fermement au dessus de sa tête par la main du leader de Requiem. Salieri se demanda comment il pouvait avoir autant de force dans un seul bras pour l'immobiliser ainsi. Le blond s'approcha alors de son oreille pour y susurrer quelques mots.
- Je n'ai rien dit à personne car j'ai du respect pour vous, et pour vos secrets intimes, maestro. Mais ne croyez pas que j'ai oublié ce que vous m'avez dit. Tout comme je crois comprendre que vous vous souvenez de tout ?
Antonio hocha lentement la tête, ce qui le fit sourire. Avec lenteur, il enserra la gorge du brun de ses longs doigts fins, profitant de sa main libre, avant d'y exercer une légère pression qui fit accélérer le rythme cardiaque comme la respiration de sa victime.
- Excellent. Ceci dit, je vous trouve bien violent pour quelqu'un qui a ce genre de désirs...
L'italien rougit subitement, détournant le regard vers le fond de la pièce.
- Si ça peut vous faire plaisir, enchaîna Wolfgang d'un ton sensuel, étranglez-moi encore, et autant de fois que vous le souhaitez. Mais entre nous, je sais bien que c'est plutôt l'inverse qui vous fait bander.
Tout en parlant, il avait resserré sa prise autour du cou gracile de l'italien, qui haletait sous la sensation. Ce dernier tentait de garder l'esprit lucide, fixant machinalement le mur du fond pour ne surtout pas croiser le regard de son cadet. Un sifflement admiratif retentit, et la voix moqueuse de Mozart s'éleva.
- Je disais ça comme une expression, maestro, pas besoin de prendre ça au premier degré.
Salieri n'eut pas besoin de baisser les yeux pour savoir que son corps s'était une nouvelle fois éveillé. Le blond le lâcha finalement avant de saisir son menton pour le forcer à le regarder. Machinalement, celui-ci posa ses deux mains sur la poitrine de son cadet.
- Je maintiens ce que je vous ai dit ce soir là.... Susurra-t-il. Mais sachez que plus j'attends, plus j'ai envie de vous. Je vous ai fait une promesse, je la tiendrai.
Il ouvrit la porte, laissant le compositeur respirer et retrouver son espace vital.
- Je dis aux autres que vous nous rejoignez plus tard. Vous avez besoin d'un peu de temps et d'intimité. A moins que vous ne souhaitiez de l'aide ? Ou peut-être que je peux vous regarder ?
- Dégage ! Cria alors Antonio, embarrassé par la situation.
Il entendit le rire de Mozart résonner dans le couloir puis dans ses tympans. Mais il était trop tard, il savait tout, et il saurait le lui rappeler.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Le bruit des valises et des pas précipités résonnait sur le sol de la gare. Ils étaient en retard. Constance avait pourtant organisé leur emploi du temps minutieusement, mais si Joseph avait été à l'heure au point de rendez-vous, Karl et Franz avaient mis leurs réveils trop tard. Quant à Wolfgang, il avait complètement oublié d'en mettre un. La jeune femme avait du aller le réveiller en frappant à la porte de son appartement, abandonnant le temps qu'elle avait initialement consacré à sa coiffure. Vêtue d'un jean clair et d'un chemisier blanc qui lui allaient très bien, ses longs cheveux blonds formaient une crinière sauvage sur sa tête. Les trois autres garçons avaient choisi le confort pour ce trajet, et portaient simplement joggings et t-shirts. Mais Mozart aimait trop soigner son style, alors, malgré son retard, il avait pris le temps de choisir un pantalon noir et une chemise colorée, mais il n'avait pas pu se coiffer, ses cheveux clairs étant dans un état désastreux qui lui donnait un air débauché, mais il avait réussi à se maquiller dans le bus, ses yeux étaient donc cernés de paillettes dorées. Les membres de Requiem arrivèrent finalement sur le quai, essoufflés, où leurs partenaires des Danaïdes les attendaient. Eux étaient arrivés en avance, et ils avaient eu le temps de s'apprêter correctement. Habillés avec élégance, le seul qui se démarquait était Antonio, qui avait choisi un jean ébène, troué à divers endroits, et une chemise noire et blanche à carreaux. Mais il portait cela avec une telle prestance que ça passait complètement. Lorenzo Da Ponte, le claviériste, et parfois parolier, leur sourit.
- Et bien, vous avez de la chance, le train à une demi-heure de retard, sinon vous l'auriez loupé.
Les nouveaux arrivés pointèrent leur leader du doigt dans un même geste.
- C'est la faute de Wolfgang.
- Hey, protesta celui ci.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant