Chapitre 33 : Sur le quai

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Les membres des deux groupes ne purent s'empêcher de soupirer quand ils entendirent le cri de Wolfgang, qui courait vers eux. Depuis quelques jours, l'autrichien était intenable, enfin, encore plus. Antonio avait du s'absenter pendant deux semaines, devant se rendre à New York au nom de leurs groupes rencontrer le patron de leur label et présenter leurs maquettes. Ils avaient tous choisi unanimement l'italien pour les représenter car il était non seulement le plus expérimenté dans le domaine de la musique, et le plus responsable, mais aussi le plus réputé auprès du public, bien que le leader de Requiem soit monté en flèche depuis sa première fois sur scène. Ils n'avaient pas pu y aller tous ensemble car les emplois de temps de chacun n'étaient pas compatibles, et il avait fallu honorer leur contrat avec Vyenn en poursuivant les concerts. Wolfgang s'était donc porté volontaire pour être le chanteur des deux groupes pendant l'absence de son amant. Il connaissait les chansons de Salieri par cœur et leurs voix étaient si complémentaires que le rendu restait prometteur. Mais le jeune musicien était rapidement devenu insupportable puisque son copain lui manquait terriblement. Et leurs amis avaient eu du mal à le canaliser pendant ces deux interminables semaines. Ils avaient tous décidé de venir à la rencontre d'Antonio sur les quais d'Aupehra, qui rentrait aujourd'hui, et dont le bateau ne devait plus tarder. Évidemment, le brun n'avait pas choisi l'avion pour se rendre aux États-Unis, il s'y était rendu par la mer. Le voyage était certes plus long, mais plus rassurant pour lui. Mozart, le dernier arrivé comme à son habitude mais exceptionnellement à l'heure, sautilla auprès d'eux.
- Le bateau est pas encore là ?? Il sont en retard ?? Quelqu'un a reçu un message d'Antonio ?? Tout va bien ??
S'il avait été intenable pendant ces derniers jours, il était actuellement pire que ça. Sa hâte de retrouver Antonio le rendait hyperactif, et il était déjà suffisamment surexcité en temps normal. Constance, qui avait une patience à toute épreuve, y compris celle de supporter l'autrichien, posa ses mains sur les épaules du blond pour l'empêcher de sauter sur place.
- Wolfi, calme toi enfin. Tout va bien, le bateau est à l'heure, on le verra approcher d'ici une dizaine de minutes. On est venus en avance pour être sûrs de ne pas louper son arrivée. On a pas de messages de lui, mais tout va bien.
- Mens moins fort, Constance, lança alors Karl. On lui a écrit pour se plaindre de son copain qui s'excitait de façon insupportable, il nous a envoyé «J'arrive bientôt, et bon courage.»
Mozart laissa son regard balayer ses amis.
- Comment ça pour se plaindre ? Bande de traîtres. Et comment ça «bon courage» ?
Constance envoya au bassiste un regard désapprobateur, avant de se retourner vers le leader de Requiem.
- Il te taquine voyons. Bon, calme toi un peu, respire, tout va bien.
Wolfgang sembla alors plus discret, ce qui ne dura que quelques minutes, puisque dès que le navire apparut à l'horizon, approchant du quai, il se remit à sautiller sur place en criant. Le quart d'heure qui suivit fut long pour chacun d'entre eux, et pour leurs tympans. Quand le bateau fut arrêté, la gigantesque rampe d'accès glissa jusqu'au sol, et les premiers passagers descendirent lentement. Les yeux de Wolfgang s'agitaient de toute part, essayant de repérer la silhouette de Salieri. Quand il le vit enfin, avançant parmi la foule en traînant derrière lui une grande valise, le blond se mit à courir dans sa direction. Salieri remarqua vite le jeune homme qui fonçait sur lui, et qui n'avait vraisemblablement pas l'intention de ralentir en approchant. Au dernier moment, Mozart sauta sur lui, et par un réflexe miraculeux qu'il n'avait pas senti venir, Antonio lâcha sa valise, passant ses bras autour de la taille de l'autrichien pour le soutenir tandis que l'élan de son cadet le faisait reculer de quelques pas. Mais il l'avait attrapé, et le plus jeune s'en sentit très satisfait, accroché au torse de son partenaire comme un koala autour d'un arbre particulièrement confortable, les jambes serrées autour de ses hanches avec force. Alors qu'il se laissait aller contre son aîné, enfouissant son visage dans son cou pour humer ce parfum qui lui avait tant manqué, Antonio lui parla.
- Tu ne peux donc jamais faire comme tout le monde et juste venir vers moi calmement ?
- Non il peut pas, lança alors Karl qui arrivait à son tour avec les autres. Mais promis Antonio, la prochaine fois, on le tiendra en laisse pour te ménager.
- Au passage, très joli attrapage de Wolfgang, tu l'as choppé en plein vol, le félicita Lorenzo avec un sourire.
- C'était ça ou je finissais plaqué par terre, soupira Salieri.
Wolfgang rigola dans son cou avant de venir murmurer à son oreille, le chatouillant de son souffle.
- Et t'aurais adoré ça en plus.
Sans le lâcher, Salieri leva une de ses mains pour lui faire une pichenette sur le front.
- Ne commence pas.
Le blond finit par libérer son amant de son emprise, et Antonio put se tourner vers tout le monde, les musiciens attendant impatiemment le bilan de ce voyage.
- Excellente nouvelle, les informa alors Salieri, tout le monde a adoré les maquettes, ça va avancer très vite maintenant ! Et on m'a même parlé d'une éventuelle tournée aux États-Unis une fois les albums sortis.
Requiem comme Les Danaïdes en furent ravis. Ça s'annonçait très prometteur pour leurs carrières. Le brun se tourna vers son partenaire, qui ne cessait de le fixer.
- Tu es content de la nouvelle ?
- Très, assura l'autrichien avec un sourire éblouissant. Mais je suis surtout content que tu sois rentré. Tu m'as terriblement manqué.
Le plus âgé sourit doucement avant de frotter affectueusement le dessus de sa tête avec sa main.
- Tu ne peux donc plus te passer de moi ?
Wolfgang fit la grimace.
- Je suis trop amoureux, j'y peux rien ! Quand t'es pas là, je suis trop triste !
- Par triste, il veut dire insupportable, intervint Florian.
Antonio sourit une nouvelle fois et il passa son bras autour de la taille du blond pour le ramener contre lui, posant son autre main sur sa joue, la caressant du bout des doigts.
- Moi non plus je ne peux plus me passer de toi, murmura-t-il doucement, les yeux plongés dans ceux de son cadet. Tu m'as manqué aussi, Wolfgang.
Il pencha doucement la tête pour s'emparer des lèvres du blond, qui se sentit fondre de bonheur. Les autres sourirent face à ce tableau des plus romantiques. Ils étaient tous vraiment contents de voir Antonio sourire si souvent, depuis qu'il était accompagné de leur tempête blonde préférée.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant