2* La rentrée

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1768 mots

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14 avril

Lycée de Kotodama
Arrondissement de Fushimi-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Quand j'arrive aux grilles du lycée Kotodama, je suis immédiatement frappée par la taille du bâtiment. Ça alors, c'est ici que je vais passer mon année scolaire ? Je ne m'attendais pas à ce qu'un si petit endroit abrite un édifice haut de plusieurs étages et qui s'étale sur une longueur non négligeable. L'extérieur n'est pas en reste non plus : il y a même un abri à vélo à l'entrée du campus mis à disposition pour les élèves qui, comme moi, font le trajet à bicyclette. A mesure que j'avance vers ce qui parait être entrée principale, je distingue au loin un grand terrain de sport extérieur, un peu derrière le lycée. Eh bien, on ne s'embête pas ici. De nombreux grand arbres de cerisiers jalonnent le chemin menant au bâtiment. Cela tombe bien, c'est justement la saison. Leur fleurs rose pâle, en plus d'offrir un spectacle des plus apaisants, parfument agréablement les environs. Je compte bien passer ma pause de midi sous l'un d'eux. Enfin, à condition qu'il ne se mette pas à pleuvoir. Le ciel est déjà particulièrement gris aujourd'hui.

Je fouille dans mon sac, à la recherche de mon portable. Je finis par le trouver après avoir cherché à l'aveuglette, entre deux cahiers. Dirigeant ensuite l'objectif au-dessus de ma tête, je capture en un clic la jolie scène qui se joue devant mes yeux. C'est vrai que j'ai tendance à prendre tout et n'importe quoi en photo. Il me faut bien de quoi alimenter mes réseaux. Satisfaite de mon cliché, mes doigts pianotent rapidement sur l'écran, et l'instant d'après la photo est publiée dans ma story. Chose faite, je constate qu'il est déjà huit heures et quart. Mes cours commencent dans quinze minutes, je ferais bien de m'activer un peu.

Je reste plantée comme une débile à l'entrée, ne sachant pas trop où aller. J'ai bien conscience de bloquer le passage par la même occasion, mais mes jambes refusent d'avancer. Comment est-ce que je suis censée m'orienter dans ce lycée ? il n'y a aucune indication nulle part. et même s'il y en avait, le flot d'élèves est tellement dense que ce serait impossible de voir quoi que ce soit. Je vais me perdre c'est sûr. Heureusement, je repère tout de même les listes de classes, affichées à gauche de l'entrée. Je parviens à me frayer un chemin non sans quelques difficultés et consulte les listes, à la recherche de mon nom.

Yumi Shimizu, classe 3-C. salle 204, deuxième étage.

Je ne suis ni dans la classe de mon frère, ni au même étage. Je suis un peu déçue, je l'avoue. D'ailleurs, je n'ai pas vraiment vu Kai ce matin. C'est à peine si on s'est adressé deux mots. Il est parti bien plut tôt que moi et ne m'a pas attendu. A l'heure qu'il est, il doit déjà être dans sa salle depuis un bon moment. Et je ferais bien d'y aller aussi si je ne veux pas être en retard.

C'est non sans quelques difficultés que je rejoins enfin ma salle de classe juste à temps pour le début du cours. A mon plus grand désarroi, je ressens immédiatement une multitude de regard curieux se poser sur ma personne lorsque je fais mon entrée. Ils doivent sans doute penser que je me suis perdue. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un change d'établissement juste avant son année de terminale. Je perçois même quelques regards jaloux ou encore envieux à mon égard. Mais bon, je ne m'y attarde pas. Sans vouloir paraitre hautaine ou prétentieuse, je suis habituée à essuyer les regards sur ma personne. Ne serait-ce rien qu'en faisant de la danse, au studio. Alors cela ne m'embête pas plus que ça. Resserrant ma prise sur la lanière de mon sac, je décide de ne pas y prêter attention et pars m'installer, la tête haute, dans une place discrète au fond de la classe. Je défais tranquillement mes affaires et ignore les murmures. Je suis agacée, mais je ne le montre pas. Ils pensent que je suis sourde ou quoi ? Pour mon plus grand bonheur, le professeur entre peu après et le cours débute enfin, ce qui met un terme à ce moment un peu gênant.

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