58* Coup de fil

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4752 mots

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19 février

Théâtre Minami-za
Higashiyama-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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-Bien, maintenant que nous avons fait le tour des loges, nous allons passer à la visite de l'arrière-scène !

L'annonce de la directrice du Minami-za est accueillie par plusieurs exclamations de joies, et Ohatsu sensei à de la peine à faire revenir un semblant de discipline face à notre impatience. La visite du théâtre touche à sa fin, et depuis que nous y avons mis les pieds, nous n'attendons qu'une seule chose : de voir la scène sur laquelle nous allons danser dans très exactement quinze jours.

-Veuillez me suivre mesdemoiselles, continue la directrice en nous invitant à quitter les loges.

Les filles trépignent tellement d'impatience qu'elles se bousculent presque pour sortir en première des loges. Leur comportement d'enfant – qui me fait d'ailleurs penser à certains garçons - ne manque pas de m'arracher un sourire en coin, ce qui n'échappe pas à ma meilleure amie et son sens aiguisé de l'observation.

-Un sourire ? On progresse dites donc ! Me taquine-t-elle en envoyant son coude dans mes côtes.

Je roule des yeux mais pouffe légèrement face à la remarque, ma foi pertinante, de Mina. Cette dernière sourit à son tour, fière de la réaction qu'elle a suscitée chez moi, avant de me demander, un peu timidement, le fond de ma pensée.

-Tu étais encore en train d'y repenser, c'est ça, Yu' ?

-Ouais, avouai-je avec un petit air coupable.

Mina prend une grande inspiration, se plante devant moi et pose ses mains sur mes épaules pour me secouer dans tous les sens. Ce geste est si soudain qu'une exclamation incontrôlée m'échappe.

-Et bien n'y pense plus, déclare ma meilleure amie avec vivacité. On est au Minami-za ! Profite de ce moment au lieu de te polluer l'esprit avec des bêtises.

-Facile à dire, soufflai-je à voix basse.

Cela fait quelques jours que les nationales ont pris fin, et je n'ai toujours pas digéré ce qui s'est passé. Les autres gars aussi n'ont pas l'air de s'en être remis. Je ne les ai pas revus en vrai, mais les quelques messages envoyés sur notre groupe suffisent amplement pour me l'indiquer. La défaite, même si s'en n'est pas vraiment une, nous est resté au travers de la gorge, tout comme la violente dispute entre Saito et Suzuki. Ils se sont battus, et je n'arrive toujours pas à y croire.

J'ai appris par l'intermédiaire de Yokoyama, lorsque je l'ai croisé devant les distributeurs à midi, que les deux secondes ne se sont toujours pas adressé la parole depuis. Il m'a aussi avoué que l'ambiance durant la reprise des entraînements, avant-hier, était vraiment tendue à cause de tout ça. Il a aussi ajouté que sans nous, les terminales, les deux heures de volleyball ont paru bien moins animées qu'à l'accoutumée. Même si ce n'était pas l'intention de Yokoyama, cela n'a fait que renforcer ma tristesse quant au fait de bientôt devoir quitter le club...

Et puis, il y a aussi ce qui est arrivé à Nishimura. Ou à son genou, plutôt. On a eu le droit à quelques brèves explications par messages concernant son état, lors desquelles il nous a affirmé que ce n'était rien de grave. Pourtant, il a bien loupé la moitié de la semaine de cours, ce qui est loin d'être ce que ferait une personne qui « va bien ». Je n'ai recroisé son visage angélique qu'une fois ce matin, au détour d'un couloir particulièrement bondé. Bondé à cause de toutes ses groupies qui se pressaient à ses pieds pour demander de ses nouvelles. M'enfin...

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