56* L'interlycée national (partie 3)

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5756 mots

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14 février

Tokyo Metropolitan Gymnasium
Arrondissement de Shibuya, Tokyo
Métropole de Tokyo
Japon

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L'arbitre siffle pour indiquer que le match est interrompu, mais tout le monde l'avait déjà compris depuis bien longtemps. Autour de moi, j'entends des murmures parcourir la foule, mais je ne saisis pas un mot de ce qu'ils disent. A dire vrai, je n'ai même pas fait l'effort d'essayer.

Toute mon attention est portée sur lui, et rien d'autre.

Seigneur. Dites-moi que je suis en train d'halluciner, que ce qui est en train de se passer n'est rien d'autre que le fruit de mon imagination. Parce que moi, je refuse d'y croire. Je refuse de d'accepter ce qui vient de se passer. Ça ne peut pas arriver maintenant. Pas à lui, pas à nous.

Figée sur place, je n'arrive pas à esquisser le moindre mouvement. J'aimerais aller le rejoindre pour m'assurer que tout va bien, et pourtant, mes jambes sont clouées au sol. Elles refusent de m'obéir, tout comme mes lèvres qui restent désespérément closes lorsque j'essaye de parler. Comme si un nœud m'empêchait de produire le moindre son.

Tout ce que je peux faire, c'est regarder le triste spectacle qui s'offre à moi. Celui dans lequel l'un des pires scénarios possible vient de se réaliser.

A mes côtés, le coach pousse une multitude de jurons, et du coin de l'œil, je le vois se précipiter vers le terrain. Cela me sort de ma torpeur, et à mon tour, je traverse à grande foulée la distance qui me sépare du petit attroupement qui s'est formé.

En arrivant, je vois Atsumi tendre sa main vers Nishi pour l'aider à se relever. Prudemment, le châtain finit par se redresser garce au soutien de son meilleur ami, mais son genoux le rappelle très vite à l'ordre et il grimace.

-Il faut l'emmener à l'infirmerie, coach.

Atsumi s'efforce de parler le plus calmement possible, mais son visage aborde une mine soucieuse qui ne trompe pas. Lui aussi, il est inquiet.

-J'en ai bien l'impression, oui, soupire le coach en se frottant le visage des mains.

L'adule soupire à nouveau, en proie à quelques dilemmes intérieur. Il semble hésiter à dire quelque chose, mais au dernier moment, il se ravise et dit tout autre chose.

-Bon écoutez-moi. Je suis désolé les garçons, mais le match doit reprendre. Je vais faire remplacer Nishimura par Yamazaki, on a pas le choix.

Les deux concernés échangent un regard mais n'émettent aucun commentaire. Peu à peu, le groupe se fait disperser par le coach qui laisse le soin à Sumire de renvoyer tout le monde à son poste, sur le terrain ou sur le banc de remplacement. Il ne reste plus que Nishi, soutenu par Atsumi, le coach, et moi parce qu'il m'a demandé de rester.

-Atsumi, poursuit l'adulte en se tournant vers lui. Toi, tu retournes sur le terrain. On ne peut pas se permettre de te remplacer.

Le vice-capitaine serre les dents, mais se retient de contredire le coach. Il aurait sans doute voulu accompagner lui-même son ami à l'infirmerie, mais il sait que le coach à raison.

-Shimizu, continue le coach d'un ton calme. Tu vas accompagner Nishi à l'infirmerie, et t'en profitera pour te faire examiner aussi.

J'hoche la tête en signe d'approbation, et je m'approche de Nishimura pour venir le soutenir à mon tour. Atsumi m'aide à passer l'un de ses bras autour de mes épaules, et je m'efforce à rester le plus droite possible lorsque je le sens s'appuyer un peu sur moi. J'ai pas envie qu'on m'échange avec quelqu'un d'autre sous prétexte que je n'ai pas la force nécessaire pour lui servir de béquille jusqu'à l'infirmerie.

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