7* Le numéro

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3728 mots

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5 mai

Lycée de Kotodama
Arrondissement de Fushimi-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Ça fait un mois maintenant que les cours ont repris et quasi tout autant que je m'incruste dans un groupe composé exclusivement de gars. J'ai pris mes petites habitudes assez vite ; après m'être changée au préalable aux toilettes du rez de chaussé, je me dirige toujours tranquillement vers les vestiaires pour déposer mes affaires dans l'un des casiers. Je fais toujours gaffe à ce qu'aucun autre gars ne s'y trouve déjà en train de se changer. Mon but n'est pas de faire du voyeurisme non plus, juste de faire croire à tout le monde que je me change comme eux avant les entrainements, ici. La seule différence, c'est qu'après le cours, je suis la première à partir sous prétexte que je n'habite pas loin et que cela ne vaut pas la peine que je me change. Je ne suis pas la seule à me barrer avant comme ça. Un autre garçon de première année fait exactement la même chose. Fujita, je crois. Tant mieux, ça me fait moins l'air suspecte.

En parlant d'être suspect, Yamazaki est un vrai mystère pour moi. Durant l'entrainement matinal de hier matin – oui, super de commencer la semaine en se levant à 5 :00- il ne m'a fait aucune remarque au sujet de mon identité. Pas un sous-entendu, rien. Il m'a superbement ignorée, et je suis prête à parier qu'il n'a pas dit un mot à son ami. D'ailleurs, j'avais cru que son ami, Yokoyama si mes souvenirs sont bons, était comme lui de base. C'est-à-dire un gars moqueur à la personnalité manipulatrice. Un peu comme ce duo de première que j'ai repéré – un certain Watanabe et le Fujita qui ne se change pas non plus -qui passent leur temps à ricaner ou parler de la manager. Et devinez quoi ? j'ai tout faux ! Yokoyama, c'est la personne la plus adorable et bienveillante que je n'ai jamais vue. C'est une personne très mature, et j'avoue que c'est surprenant de se dire qu'il est dans la même année que les deux petit surexcités. Il se préoccupe beaucoup de tout le monde et ne tient jamais rigueur des sauts d'humeurs de son ami blasé. Je me demande bien comment leur amitié fonctionne.

En parlant du loup, les voici donc. Je viens d'entrer dans le vestiaire en sifflotant, le croyant parfaitement vide. Au fond, Yamazaki est en train de mettre son t-shirt pendant que Yokoyama fais la conversation pour deux. Le ton de sa voix est très enjoué, et quand ses yeux se posent sur moi, il s'interrompt.

-Ah salut Shimizu !

-Salut vous deux.

Yamazaki se retourne vers moi, mais ne répond pas. Il se contente de me lancer un regard un peu moqueur après avoir enfilé son t-shirt. Il doit sûrement se dire que je suis venue me rincer l'œil. Ou en tout cas, c'est ce qu'il essaye de me faire comprendre. Quel débile. Ça va s'était rien. Je détourne les yeux et me concentre sur mon propre casier. Je l'ouvre et y dépose mon sac.

-Tiens, tu t'es déjà changé ? me demande innocemment chignon boy.

J'ai parlé trop vite on dirait. Ça ne me fait rien, j'ai déjà une excuse toute faite.

-J'ai eu une heure de trou, le prof était malade, je dis en souriant. J'en ai profité pour faire un petit jogging avant.

Le prof était effectivement absent, mais je suis restée à la bibliothèque durant cette heure pour travailler. On a un contrôle d'anglais jeudi et Tsubaki m'a demandé un coup de main. Les langues, ce n'est pas trop son truc. Voyant que mon excuse est de béton, et cet imbécile me lâche donc la grappe. Son ami quant à lui n'y voit que du feu.

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