36*L'interlycée préfectoral (partie 3)

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4715 mots

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12 septembre

Gymnase municipal
Arrondissement de Kita-Ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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-Fin du quatrième set, victoire pour Yawata ! Résonne la voix grésillant du commentateur.

Si je parviens à étouffer le juron qui menace de franchir la barrière de mes lèvres, c'est loin d'être le cas de certains de mes coéquipiers. Les scores étaient vraiment serrés, et pourtant la victoire nous a glissé entre les doigts. Seigneur, et dire que ça ne se jouait qu'à un cheveux ! Le dégout d'avoir perdu ce quatrième set se lit clairement sur le visage de chacun de mes camarades alors qu'on rejoint, tout penaud, le bord du terrain.

-Hey ne tirez pas cette tête, nous apostrophe le coach dès que nous rejoignons les autres vers le banc. Rien n'est encore joué, vous avez encore toutes vos chances.

Nous avons perdu le premier set, mais gagné les deux suivants. Malheureusement, Yawata a réussi à prendre l'avantage au cours de cette avant dernière manche, ce qui leur a permis d'égaliser. En d'autres mots, ce cinquième et dernier set va se jouer très serré puisqu'il va nous départager une bonne fois pour toutes.

L'ambiance est vraiment pesante, et on est tous très à cran. La pression est bien plus difficile à supporter qu'elle ne le fût tout à l'heure, et ainsi couplée à la fatigue qui s'est accumulée au cours de la journée, ça ne fait clairement pas bon ménage. Garder son sang-froid en de telles conditions devient de plus en plus compliqué à mesure qu'on voit la place pour les nationales nous filer entre les mains, et le moral de l'équipe s'en voit inexorablement bien impacté. On est plus aussi concentrés qu'avant, et il y a de la tension entre nous aussi bien sur le terrain qu'au bord, pendant les pauses.

-On est vraiment mal, je souffle entre mes dents, le regard baissé sur mes pieds. Je ne sais pas comment on va faire...

Je crois rêver lorsque j'entends un rire amusé faire écho à mon soupir désabusé, et pourtant le sourire détendu qui orne les lèvres de Nishimura me confirme que rien ne vient de mon imagination.

-Toi aussi tu te mets à désespérer, Shimizu ? Pas très optimiste...

Inexplicablement, ou peut-être en raison de la pression constante qui commence sérieusement à peser sur mes nerfs, je sens la colère m'envahir. L'attitude nonchalante du châtain depuis le début m'agace, et à mesure que le match avance, cet agacement ne fais que grandir en moi. Surtout maintenant, alors que je suis directement confrontée à son regard éternellement narquois. Se rend-il seulement compte de la gravité de la situation ? il n'en donne absolument pas l'air, en tout cas.

-Bordel mais comment est-ce que tu peux rester aussi calme, Nishimura ? Explosai-je en me redressant vivement du banc. Est-ce que je dois te rappeler qu'on est à égalité, là ? Vous avez sous-estimé Yawata, et maintenant regarde ou on en est !

Ma cage thoracique se soulève au gré de mes respirations erratique tandis que je peine à reprendre mon souffle. Autour de moi, je sens le regard abasourdi de mes camarades peser sur moi, ne s'attendant manifestement pas à ce que je finisse par perdre mon sang froid alors que je suis habituellement plutôt raisonnable. Et c'est loin d'être mon genre à créer des vagues au sein de l'équipe. Il n'y a pas à dire, la colère que je ressens envers et contre tous à atteint des proportions incommensurable.

-Shimizu, m'appelle doucement Nishimura en posant sa main sur mon épaule. On doit rester calme là.

-JE SUIS CALME, dis-je en me dégageant brusquement de son étreinte.

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