29* Rivaux

81 16 54
                                    

4156 mots

______________________________

2 septembre

Kyoto Brew Coffee
Arrondissement de Fushimi-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

______________________________

-Et voici votre Iced Matcha Latte, annonçai-je en souriant tout en posant la boisson sur le comptoir. Merci de votre visite, et à bientôt !

On a beau être en semaine, il y a particulièrement beaucoup de gens au Kyoto Brew Coffee ce soir. Les clients s'enchaînent les uns après les autres pour commander, me laissant pas une seconde de répit depuis que j'ai commencé mon service. A dire vrai, je n'ai même pas pu prendre un instant de pause pour souffler, et Hanae non plus, d'ailleurs. La situation est à peine gérable à deux, alors si l'une de nous manque à l'appel, je n'ose pas imaginer le retard que l'on prendrait sur les commandes ! On ne peut pas se le permettre.

Les trois dernières semaines de vacances, c'est à peine si je les ai vu passer. J'étais tellement dans ma bulle que quand le mois de septembre a débuté, et avec lui la reprise des cours, ça m'a fait brusquement revenir à la réalité. La reprise de la vie d'étudiante avec toutes ces contraintes ne m'avait clairement pas manqué. Surtout en sachant tout ce qui m'attend.

Ce deuxième semestre promet d'être bien plus chargé que le précédent. Déjà rien qu'avec le volleyball, je vais en baver.  L'inter lycée de septembre débute dans deux semaines à peine, et le coach nous fait venir désormais tous les matins avant les cours,  à six heures, pour un entraînement intensif et obligatoire. La raison ? Parce que le studio de danse perquisitionne désormais le gymnase trois jours sur cinq après les cours, et que les deux autres jours de libres sont donnés au club de foot, qui eux sont les derniers à avoir la priorité. Ça doit d'ailleurs bien les énerver de se voir piquer leurs heures par le club de volley, ma foi bien plus réputé au lycée Kotodama qu'eux, et par un groupe de danse venu de nulle part qui plus est.

Cependant, j'avoue que moi aussi, ça m'embête un peu. Enfaite, l'inter lycée de septembre ne sert qu'à déterminer quelle équipe représentera la préfecture de Kyoto au tournois national, en février. Ce qui signifie que si l'on remporte la victoire en septembre, ce sera loin d'être une vrai victoire puisqu'il ne s'agit que de préliminaire au « vrai » tournoi. Ce qui signifie que si on gagne, on va devoir redoubler d'efforts pour le tournoi de février. Et ces heures supplémentaires ne sont pas compatibles avec mes heures intensives de danse. Surtout que si on gagne le tournoi préfectoral, je vais devoir jongler entre ça et mon spectacle de danse ! C'est tout simplement impossible.

J'ai beau d'un côté espérer que nous allons nous faire éliminer aux préliminaires, c'est très peu probable. Ce n'est pas pour rien que le club de volley du lycée à la priorité sur tous les autres clubs en période d'inter lycée. En m'inscrivant au club de volley masculin, je ne m'étais pas renseignée sur leur passif. J'aurais dû, d'ailleurs. J'aurais appris que le club de Kotodama est sorti gagnant plusieurs années consécutives du tournois, et a donc à chaque fois représenté Kyoto au nationales. L'année dernière, ils sont arrivés jusqu'en quart de finale ! Si j'avais su, je me serais inscrite dans un club moins prise de tête, histoire de simplement rabattre le clapet de Mina sans avoir à m'investir autant.

En parlant d'investissement, il y a la danse. Demain soir, il y aura le premier entraînement officiel de danse dans le gymnase du lycée, et ma chorée n'est toujours pas au point. J'ai beau avoir travaillé d'arrache-pied dessus durant mes trois dernière semaines de vacances, elle est loin de me satisfaire. Et demain, Ohatsu sensei va me tuer en voyant que j'ai si peu avancé même avec les trois mois qu'elle m'a donné. Bon sang, quelle poisse ! En plus, avec mes réveils matinaux dû à la merveilleuse idée du coach Tadachi, je suis bien trop épuisée le soir pour faire quoi que ce soit pour la danse lorsque je rentre du travail. Parce que oui, les deux jours par semaine où je n'aurais pas la danse, je serais derrière le comptoir du Kyoto Brew Coffee. C'est le minimum pour ne pas me faire licencier. Alors quand est-ce que je suis sensée bosser ma chorée perso ? Et les cours ? Seigneur, les cours ! Mes notes vont en prendre un sacré coup, je le sens...

UndercoverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant