59* Trois verres dans le sang (partie 1)

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10858 mots

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27 février

Maison
Arrondissement de Nishikyō-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Tout en revissant le gloss que je viens d'appliquer sur mes lèvres en guise de touche finale, j'effectue quelques pas en arrière afin d'observer mon apparence dans son ensemble. Et l'image que me renvoie mon miroir me satisfait au plus haut point. Mon maquillage est certes plus travaillé que lors des jours de cours, mais il reste tout de même assez sobre. Une fine chaine en or est accrochée à mon cou, assortie à mes boucles d'oreilles et aux bagues qui ornent mes doigts manucurés. Quant à ma tenue, elle est composée d'une robe noire à fines bretelles qui se prête parfaitement à l'occasion. Dans la vie courante, je n'ai jamais vraiment l'occasion de la mettre, et pourtant dieu sait à quel point je l'adore. Elle est très proche du corps sans pour autant trop en dévoiler, et le tissus est très agréable au toucher.

Je fronce cependant les sourcils en constatant que le décollé est bien plus proéminent que dans mes souvenirs, mais ce constat est loin de me déranger. J'aime beaucoup mon apparence de ce soir, et les regards que je risque de m'attirer ne pourront en rien venir entacher cela.

Une exclamation de surprise m'échappe lorsque je constate l'heure avancée que m'indique mon horloge. J'ai convenu avec Yutaka qu'on se rendrait ensemble à la soirée, vu qu'il ne connait pas Sendô. Il ne devrait pas tarder à arriver, et même s'il n'y a aucune chance que ma mère le croise étant donné qu'elle est déjà partie à l'hôpital à cause de son horaire nocturne, c'est pas le cas de Kai, qui est actuellement je ne sais ou dans la maison. J'ai pas trop envie de faire rencontrer mon ami et mon frère, dieu sait ce que mon frangin pourrait lui raconter d'embarrassant à mon sujet...

Je retrouve ma paire de talons au pied de mon lit, et je m'empresse de les enfiler. En réalité, ils appartiennent à ma mère, mais je me suis permise de les lui emprunter le temps d'une soirée. De toute façon, je serais rentrée bien avant elle, alors il n'y a aucune chance qu'elle se rende compte de quoi que ce soit.

Juste avant de quitter ma chambre, je m'empare d'un petit sac à main dans lequel je fourre le gloss à la cerise que j'ai utilisé, les clés de la maison et mon cellulaire. Un petit juron m'échappe en constatant que la batterie de ce dernier est à un peu moins de la moitié, mais il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Et puis de toute façon, je n'en aurait pas besoin.

Je me suis dépêchée, mais apparemment pas assez car lorsque je descends les escaliers, deux voix masculines me parviennent depuis le séjour. La ponctualité à tout épreuve de Mori' ne démord pas, même à des centaines de kilomètres de sa ville natale.

Quand j'entre dans le salon, les deux garçons cessent de parler pour se tourner vers moi. Leurs réactions ne se font pas attendre. D'un côté, mon frère fronce les sourcils face à ma tenue qu'il juge de son œil critique. Et de l'autre, il y a Morishige qui lâche une sifflement appréciateur, un sourire conquit sur les lèvres. Il a à merveille respecté le dress code, avec sa chemise couleur prune et son pantalon de toile foncé.

-Eh beh dis donc, s'exclame le fond blond en s'approchant de moi pour me serrer dans ses bras. T'as mis le paquet Yumi, t'es magnifique.

Je lui rend son étreinte en gloussant, heureuse d'enfin le revoir en vrai.

-Je te retourne le compliment, dis-je au creux de son oreille. Cette couleur te va vraiment trop bien.

On se sépare l'un de l'autre.

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