31* Rumeurs

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3069 mots

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3 septembre

Lycée de Kotodama
Arrondissement de Fushimi-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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A mesure que la fin des cours approche, j'ai l'impression que l'horloge ralentit. Mon esprit divague toutes les deux minutes, et j'ai toute la peine du monde à rester concentrée sur ce qui se passe devant le tableau. Quelle idée, aussi, de nous mettre une branche telle que l'histoire en dernière heure. Déjà que ce n'est pas ma tasse de thé, la façon dont notre professeur parle est monotone à mourir. Même lui semble n'avoir en tête que le moment où il pourra enfin quitter cette classe. Je me demande s'il a remarqué que personne ne l'écoutait. La moitié des élèves sont en train de faire autre chose, et les autres sont à deux doigts de s'endormir. Et ça va bientôt être mon cas si cette foutue aiguille ne se décide pas rapidement à atteindre la demie.

Lâchant le criterium avec lequel je gribouillais dans la marge de mon cahier, un soupir un peu trop bruyant m'échappe alors que je me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Sumire, assise devant moi, se retourne pour me jeter un coup d'œil compatissant. Elle aussi n'a pas l'air très emballée par le cours qui se déroule à quelques mètres de nous.

-Plus que trois minutes avant la fin, me souffle Sumire en mimant le chiffre de ses mains.

-Trois de trop, je murmure de manière dramatique. Ce cours est vraiment trop chiant.

Quelques paires d'yeux se tournent vers moi, et je comprends que j'ai peut-être parlé trop fort lorsque je réalise que même le professeur s'est tu. Il plisse les yeux, semblant chercher d'où vient cette soudaine agitation, et son regard se pose sur moi.

-Une remarque à faire peut-être, mademoiselle Shimizu ? Me demande-t-il avec une pointe de soupçon dans la voix.

Quelques murmures se font entendre autour de moi, d'élèves visiblement excités à l'idée d'assister à autre chose que le cours d'histoire. L'attention de l'ensemble des élèves présents se porte sur moi lorsque je rétorque finalement.

-Je n'ai pas réussi à entendre ce que vous avec dit en dernier, sensei, me rattrapai-je en affichant une mine désolée.

Ignorant les rires qui fusent de mes camarades, je tiens bon afin de paraître crédible. Du mouvement provenant de ma droite attire mon œil, et mon regard finit par croiser celui de l'auteur. Hajime Sendô, qui somnolait sur sa table il n'y a pas moins d'une minute, m'observe de ses grands yeux mordorés, la tête négligemment posée contre sa main. Ça ne fait aucun doute qu'il fait partie des élèves qui ont été tirés de leur rêveries parce que le professeur a parlé d'autre chose que de son cours. Professeur qui semble croire mes mots au vu de son air soudain moins tendu.

-J'apprécie votre intérêt pour mon cours, mais je vous prierais de ne pas perturber vos camarades.

-Oui, sensei.

-Bien, qui peut répéter ? Demande-t-il en baladant son regard sur la classe. Pourquoi pas vous, mademoiselle Tsubaki ?

Au même moment, la sonnerie signalant la fin du cours retentit, sauvant par la même occasion ma chère manager d'une humiliation sans nom. Ce n'est pas sans un hâte certaine que je m'empresse de fourrer mes affaires dans mon sac, et la voix de notre sensei est très vite couverte par le raclement des chaises sur le parquais de la classe. Cependant, juste avant de sortir de la salle de classe, le prof fournit un effort au niveau du volume sonore de sa voix pour nous rappeler nos obligations.

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