42* Renaissance

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2857 mots

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26 octobre

Arrondissement de Minami-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Les rayons de lumière qui traversent le store mal fermé me tirent de mon maigre sommeil, et j'ouvre mes paupières avec lenteur. Ma vue est encore brouillée par la fatigue, mais même dans cet état, je distingue les contours flous du mobilier qui entre dans mon champ de vision. Je n'ai beau pas reconnaître immédiatement les lieux, le décor m'est étrangement familier, tout comme l'odeur fraîche des draps dans lesquels je suis emmitouflée. Roulant sur le côté, j'enfouis mon nez dans l'oreiller, profitant des derniers instants de ce calme pour humer avec délice les effluves de jasmin et de menthe qui l'imprègnent.

Doucement, à mesure que le brouillard qui enveloppe mon esprit se dissipe, les souvenirs de la veille finissent par me revenir. Tout me revient, maintenant, et dans les moindres détails. Moi qui aurais préféré que ce ne soit que le fruit de mon imagination débordante, je me rends bien compte que ça n'a rien d'un mauvais rêve. Je me suis bel et bien disputée avec ma mère. Violement, même. Mais ce n'est pas tout...ce qui a suivi me revient également.

-Seigneur, gémis-je en expirant grandement. Quel histoire...

Au moins, la suite de mes souvenirs explique ce que je fiche dans cette chambre qui n'est pas la mienne. J'ai dormi chez Nishimura.

Un petit cri de surprise m'échappe lorsqu'un bip sonore particulièrement désagréable à mes oreilles retentit dans toute la pièce. D'un bon, je me redresse en position assise sur le lit, en quête de la provenance du son. Mes yeux finissent par tomber sur le réveil numérique, posé sur la table de nuit. Il en fait du bruit, pour si petit appareil. M'en saisissant, je ne trouve cependant pas la manière de le faire cesser. Seigneur, mais comment est-ce que ça s'éteint ?

Ce n'est qu'au bout de quelques longues secondes que je parviens à désactiver le réveil de mon camarade. Un rapide coup d'œil sur l'appareil m'indique qu'en ce lundi 26 octobre, il est désormais 06 :02, qu'il fait précisément 11.8 °C dehors.

Un nouveau soupir m'échappe, non pas à cause de la température ridiculement basse en ce début de journée, mais parce que nous sommes lundi. Cela signifie que j'ai cours dans environ deux heures et demie. Seigneur...

La journée à peine commencé et je sens déjà une migraine d'enfer montrer le bout de son nez.

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Plus j'observe mon reflet, et moins je m'y reconnais. Pourtant, c'est bien moi que j'observe dans le miroir. C'est si étrange comme sensation.

Je ne saurais pas dire ce qui me perturbe le plus. Il y a trop d'éléments dissonants qui s'offrent à moi pour que mon esprit puisse faire le tri. A commencer par ce pansement qui orne ma pommette, légèrement enflée. On dirait que je me suis battue. Encore heureux que le fond de teint de la mère de Nishimura est assez couvrant pour cacher l'hématome qui s'est formé sur ma joue, en plus d'être plus au moins à ma teinte ! J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de l'avoir utilisé sans sa permission. Nishi m'a assuré que je pouvais utiliser les quelques produits présents comme s'ils étaient miens – « ce n'est en tout cas pas à moi que ça va manquer, Shimizu ! »- mais je n'ai pas osé. J'abuse déjà suffisamment de son hospitalité comme ça, alors je me contenterais de ça pour l'instant. Je préfère attendre d'arriver au lycée pour utiliser ma trousse à maquillage, laissée en cas de besoin dans mon casier. 

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