21* Prémisses du camp

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4740 mots

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25 juillet

Lac Biwa
Préfecture de Shiga
Japon

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C'est en fin d'après-midi, après presque deux heures de trajet, qu'on arrive enfin à destination. Dans l'ensemble – si on omet les problèmes rencontrés juste avant le départ - le voyage c'est plutôt bien passé. J'étais assise à l'avant avec Sumire, et on n'a pas arrêté une seconde de parler. L'ambiance dans le car était plutôt légère, tout le monde avait hâte d'enfin aller à ce camp. Les gars ne parlaient d'ailleurs plus que de ça, on s'est bien moqués d'eux avec ma manager, à les entendre faire leur paris débiles. Ce voyage promet d'être haut en couleur !

C'est donc dans la ville de Takashima, au nord-ouest du lac Biwa, que nous nous apprêtons à passer deux semaines tous ensemble. Pour tous nous gérer, le coach a fait venir Mikoto – il l'a présentée comme une amie mais je suis sûre que c'est sa copine - pour l'aider à tous nous superviser. Elle doit avoir à peine plus de vingt ans elle aussi, et avec ses jolis longs cheveux noirs et son teint de pêche, Mikoto est loin de ne pas s'attirer les commentaires des autres joueurs de volley. Durant le trajet, ils ont essayé d'abord d'établir la nature de leur relation, à elle et leur coach, pour ensuite déterminer s'ils avaient une chance. C'est vrai que la différence d'âge n'est pas si importante que ça, mais tout de même. Avec Sumire, on n'a pas arrêté de rigoler face à leur stupidité. Parce que pour nous, c'est évident qu'il se trame un truc entre le coach et Mikoto.

Pour ces deux semaines, on va loger dans une petite auberge traditionnelle tenue par un couple d'âge moyen qui connaissent bien notre coach. Sumire m'a confié qu'à chaque année, le club de volley s'y rendait autour de la même période. Apparemment, la pension est bien située par rapport aux différents lieux auxquels il est prévu qu'on aille. De plus, elle m'a dit qu'il y avait un onsen. J'ai hâte d'aller me prélasser dans les sources chaudes, même si j'imagine qu'on n'aura pas vraiment l'occasion d'y faire un tour avec le programme chargé qu'on va avoir.

Trainant nos lourdes valises derrière nous, on se rend donc dans l'auberge dans laquelle nous allons séjourner. Le ryokan est en effet assez isolé de la route, et on doit donc faire un bout du chemin à pied. Je suis bien contente de ne pas avoir emporté trop d'affaires, parce que le passage est loin d'être tout plat. La façade de l'auberge apparait heureusement assez vite devant nous, et je constate avec étonnement qu'elle est assez petite. A mon avis, on doit bien occuper les trois quart des chambres à nous tous.

Quand on arrive à l'accueil, un homme que je soupçonne être le gérant vient nous accueillir avec un grand sourire. Il échange une poignée de mot avec le coach et Mikoto pendant que les gars envahissent littéralement le petit coin où sont disposés quelques canapés et une table basse. Si au début ils se tiennent plus au moins, ça devient très vite la pagaille. Certains, pour ne pas citer de noms, sont pires que des piles électriques, et leur attitude s'est propagée sur le reste des gars plus vite qu'un feu de forêt. Seigneur, on va faire fuir le peu de client qui sont venus se reposer ici si ça continue.

-Eh un peu de tenue ! S'exclame le coach en se tournant vers nous. Excusez-les, ajoute-t-il à l'adresse du gérant en se courbant. Le voyage a été long et ils n'ont pas pu se dépenser avant.

-Allons Kozume, ne vous en faites pas. C'est la jeunesse, voilà tout !

Le gérant rigole, Mikoto aussi, mais ce n'est pas le cas du coach. Il nous adresse un sourire crispé qui pourrait presque passer pour un vrai. Mais son regard quant à lui ne trompe pas son agacement.

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