39* La décision

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3424 mots

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22 octobre

Lycée de Kotodama
Arrondissement de Fushimi-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Lorsque les dernières notes s'évaporent dans l'air, je m'immobilise. Mon souffle est vraiment court et je ne sens plus les muscles de mes bras et de mes jambes à force de danser, mais je suis loin de m'en soucier. Le regard satisfait que me lance Ohatsu sensei quand ma chorégraphie personnelle se termine vaut bien tous mes efforts. Derrière elle, Mina lève ses deux pouces en l'air, en guise d'approbation, et Sumire, qui est venue assister à notre entraînement de danse, m'adresse un large sourire.

-Très bien merci Shimizu, je te laisse aller sur le côté. Tsubaki, à toi.

Je laisse donc ma place à Sanae, non sans retourner le regard hautain qu'elle me lance, et rejoins le reste des filles dans un coin du gymnase. Car en effet, nos cours de danse prennent encore place dans le gymnase de Kotodama. Notre groupe s'y réunit toujours trois fois par semaine, après les cours, pour préparer le spectacle prévu pour dans un peu plus de quatre mois. Le temps file tellement vite, je n'arrive pas à croire que dans si peu de temps, je serais en train de danser sur la scène du Minami-za face aux recruteurs les plus réputés de tout le japon.

D'un côté, ça m'intimide un peu de me dire ça, mais de l'autre, ça ne fait que me motiver davantage. Ces derniers temps, avec les entraînements de volleyball qui ne font que reprendre gentiment, j'ai tout le loisir d'enfin pouvoir me concentrer pleinement sur la danse. Je m'y perds corps et âme. Du matin au soir, pas un instant ne passe sans que j'y resonge d'une manière ou d'une autre. C'est à peine si je fais autre chose que danser de mon temps libre. Je me suis enfin investie à 100%, et j'obtiens enfin les résultats escomptés. C'est certes encore loin d'être parfait, mais je suis persuadée que si je ne lâche rien, j'aurais une chance d'impressionner les recruteurs.

A condition que tout se passe bien d'ici là.

De la musique se met soudain en route, m'informant sans que je n'aie besoin de me retourner que Sanae s'apprête à montrer la chorée qu'elle a préparé. Je ne sais toujours pas ce qui a poussé Ohatsu sensei à lui accorder, à elle aussi, un solo de sa propre composition. Si au début, cette annonce m'avait un peu secouée, désormais je m'en moque comme de ma première chemise. C'est peut-être seulement une impression, mais depuis que Tsubaki a obtenu un créneau pour sa chorée, elle me lâche enfin un peu la grappe.

Depuis la scène dans la réserve, elle s'est tenue plutôt tranquille. Je ne sais pas si je devrais me sentir rassurée, ou au contraire m'inquiéter. Soit elle stagne complètement, auquel cas ses menaces ne sont que des paroles en l'air, soit elle tient une piste des plus croustillantes, et elle attend patiemment le bon moment pour frapper.

Comme le dit ce vieux dicton,  « méfie-toi de l'eau qui dort ». Ce sont toujours les personnes les plus calmes en apparences qui se révèlent dangereuses. Je reste donc sur mes gardes, parce qu'avec Tsubaki, on ne sait jamais. Elle est pleine de ressources...

Après avoir rejoint les filles du cours de danse, qui observent avec attention la chorée de leur camarade, je m'assois aux côtés de Mina et Sumire, légèrement en retrait.

-Je n'aurais pas aimé passer après toi, annonce dramatiquement Mina en lançant un regard furtif en direction de Sanae.

-J'avoue, je ne savais pas que tu dansais aussi bien, me complimente Sumire. Ma cousine a bien raison de te craindre.

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