28* Discussion

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3727 mots

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11 août

Maison
Arrondissement de Nishikyō-ku, Kyoto
Préfecture de Kyoto
Japon

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Même si je n'étais clairement plus dans la meilleure des formes, les derniers jours du camp d'entraînement de volley se sont passés sans accros particuliers. Enfin, seulement si on en oublie le fait que j'ai passé plus de temps à regarder les gars jouer qu'à moi-même courir sur le terrain. En guise de justificatif du bandage sur mon bras, j'ai prétexté m'être foulée le poignet. Le coach n'a pas posé de questions, mais il m'a demandé de me ménager. Ce qui fait qu'au lieu de pouvoir me dépenser comme tous les autres pour ne pas avoir à penser au retour de mon père, j'ai eu tout le loisir d'y resonger. En boucle.

Cependant, lorsque je suis rentrée du camp il y a de ça maintenant trois jours, j'ai eu la très bonne surprise d'apprendre que mon père n'y était plus. Kai m'a dit qu'il était revenu au japon à l'occasion d'un congrès. Apparemment, durant son séjour long de quelques jours à peine, notre père a eu la merveilleuse idée de passer à l'improviste à la maison. Et comme je n'étais pas là, il a demandé à Kai de lui prêter son portable afin de me contacter. Même si ce n'est pas tout à fait son cas, Kai est loin d'ignorer l'aversion que j'ai pour notre père. Il sait que trop bien à quel point je ne veux plus le revoir. Je ne comprends donc pas à quel moment mon abruti de frère a pensé qu'il s'agissait là d'une brillante idée, que de passer son cellulaire à notre père. En fin soit, passons. Le fait est que lorsque je suis revenue à Kyoto, notre cher père se trouvait déjà dans l'avion, en route pour sa prochaine destination. Il est à nouveau parti, sans même nous dire quand il comptait nous rendre visite à nouveau. Probablement de nouveau dans cinq ans. S'il le fait. C'est en tout cas ce que j'imagine, s'il a prévu de réitérer le schéma. Savoir que je ne risque pas de le revoir de sitôt me soulage. Ça me permet de repousser encore plus loin l'affreux jour de nos potentielles retrouvailles.

Rien que d'y penser, ça me fait le même effet que si on m'envoyait au peloton d'exécution.

-Yumi t'aurai pas vu mon...tu fous quoi, là ?

La voix de Kai me sort brusquement de mes pensée, et je réalise que je me suis encore une fois perdue dans mes songes. J'dois avoir l'air un peu bête, debout au milieu de ma chambre et parfaitement immobile. En plus, je suis actuellement en short et brassière de sport puisque, comme j'avais chaud, j'ai retiré mon sweat à capuche crop top.

-Je danse, soupirai-je dépitée.

-Ah bon ? Réplique Kai en haussant les sourcils. Dis, t'es sûre que ne t'as pas confondu « premier rôle » avec « mimer l'arbre dans le décor » ?

Alors que mon frère s'invite dans ma chambre, je me dirige vers mon bureau afin d'éteindre la musique qui tourne en boucle depuis plus d'une heure, maintenant. Chose faite, il ne m'en faut pas plus pour me laisser tomber sans aucune grâce sur mon lit. Seigneur, avec ce degrés de concentration, je ne suis pas près de créer un semblant de chorégraphie de sitôt.

-J'essaye de travailler la chorée que je dois présenter à Ohatsu sensei, en septembre. Mais je pèche totalement.

J'ai clairement sous-estimé la difficulté de cette tâche, et j'en paye les conséquences maintenant.

-Eh t'en fais pas, tente de me rassurer Kai en s'asseyant à la chaise de mon bureau. J'suis sûr que ce n'est pas si terrible.

-Je ne sais même pas par quoi commencer, gémis-je les yeux couverts par mon bras. Déjà que je ne me suis toujours pas décidée pour le titre sur lequel je veux danser, je ne parviens pas à trouver ni un thème, ni un enchaînement intéressant. C'est à se demander si je sais vraiment danser....

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