Ce soir quelque chose a changé.
Je n'ai plus envie de comprendre ce qu'il se passe.
Je pense que chacun d'entre nous est seul.
Seul dans sa nuit parsemée d'étoiles
Et de peintures à l'infini.
Autant de choses à penser
Que de corps célestes se mettant à tournoyer.
Le spectacle est fini m'a-t-on dit.
Cette représentation faisait ma vie.
Qui en était le réalisateur, le metteur en scène ?
La grande caméra funèbre a effacé derrière elle
Ce qui restait de la pensée universelle.
Une myriade d'étoiles se télescopent à l'infini.
Regardez-les ce sont vos vies.
L'astre noir représentant d'un peuple lointain
Nous montre le passage sur son cheval carmin.
Je me lance du haut de ma tour d'ivoire
Mais ne sachant plus voler il est trop tard.
Mon corps est déjà en bas parmi les entrailles lunaires.
Je suis un envoyé de l'espace
Qui sur terre cherchera à jamais sa place.
Mais ce n'est en rien douloureux.
Mon âme, plus légère à présent,
File à une vitesse vertigineuse
Vers les hauteurs infinies.
De l'intérieur de mes trois yeux
Je quitte la sphère bleue.
Je vais vers ce monde du dehors
Situé juste après la mort.
Là se cache la vérité.
Enfin.
L'impatience me gagne.
La porte est juste en face.
Tout le monde m'attend
Depuis la nuit des temps.
Je vais rejoindre les miens,
Les représentants d'un peuple lointain.
Le cheval carmin se tient devant moi
Mais ne me regarde pas.
J'ai ouvert la porte et franchi un pas vers mon esprit.
Il est toujours là.
Le cube.
Imposant.
Puissant.
Changeant de taille
Suivant les aiguilles du temps.
Plus transparent que la nuit
Je le regarde avec envie.
Un bruit.
Là, sur la droite.
Va voir, me dit une voix.
Une voix que l'on n'entend pas.
Deux pas et des années plus avant
Je ne crois pas ce que je vois devant.
Des milliers de pierres en feu
Traînent derrière elles une coulée de tristesse.
Heureusement elles ne sont pas ici.
Mais loin.
Très loin.
L'escalier de gauche me semble praticable.
Je ne peux qu'admirer la structure interne
Du culte de l'imaginaire.
Pourquoi monte-t-il ?
La première marche est sertie de diamants.
Je veux savoir où il mène.
Haut.
Très haut.
Plus haut que ma tour,
La tour de Babel
Où se trouvait enfermée ma belle,
Crucifiée pour le culte de l'astre noir.
En haut de cet escalier rien n'est réel.
Personne n'y vit.
Les nuages en sont partis,
Laissant la place au génie.
Il n'est pas encore rentré.
Mais tout à coup le ciel s'assombrit.
La pluie menace.
Les nuages viennent vers moi.
Cours !
Vite !
Sauves-toi !
Montes sur le cheval !
Mais il ne me regarde pas !
Le problème n'est pas là !
Le problème c'est toi !
Le moi qui est en toi !
Le toi en moi ?
Oui !
Je deviens fou !!!
Le ciel désormais rougeâtre
S'est éventré et libère une ondée saumâtre.
Des gouttes rouges puis noires.
Le sang des victimes puis celui des démons.
Je me libère enfin de mes pêchés.
C'est le grand déluge.
J'ai vu Noé.
Son bateau a sombré.
L'espèce humaine anéantie par ses larmes.
Tout à refaire.
Mon père va m'en vouloir.
Il va me dire :
Satan tu as échoué.
Je lui répondrai :
Mon Dieu, mon frère Jésus m'a trompé.
Il doit me croire.
Je monte sur le dos du cheval.
Il me regarde enfin.
Je plonge dans son regard.
La pluie a cessé.
Les nuages noirs m'ont quitté.
Le piano joue une triste mélodie.
Je n'ose pas pleurer dans le dôme du temps,
Voisin de l'arcade de l'univers.
C'est ici que tout a commencé.
Et que tout finira.
Mais quand ?
Sans doute le jour où l'être humain se rendra compte
Qu'il n'est autre que le reflet que je lui renvoie
Au travers du miroir de sa propre existence.
Exsudant de sa chair meurtrie
S'extirpe en mourant le secret de l'oubli.
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LA MORT DE LA POESIE
PoésieUltime recueil de poésie pour un écrivain qui a définitivement déversé toute sa rage, sa tristesse et ses doutes dans ses pages numériques. Après ça, le Néant, la Mort ou la Liberté, j'ai choisi. Et vous ?