Jeudi. Quatre jours sont passés depuis la dispute avec Satoru, j'avoue avoir plutôt mal vécu cette courte période m'étant beaucoup trop attachée à la présence de l'exorciste, à ses blagues récurrentes et à sa fâcheuse habitude de vouloir toujours me provoquer. Même si c'est moi qui ai lancé le sujet, je ne me sens pas fautive, mais le voir m'ignorer dans les couloirs de l'école lundi m'a particulièrement atteinte. Son attitude me blesse au plus haut point malgré que je feigne l'indifférence, je pensais que nous étions passés outre nos différents depuis longtemps et que nous étions prêts à faire face à notre passé commun, à croire que nos comportements d'il y a dix ont refait surface dimanche : puérils, blessants et hautains.
Je déambule dans les couloirs, mes petits secondes sont en cours avec Satoru donc il me reste pas mal de temps libre. Si j'étais une bonne professeure, assidue dans son travail, je préparerais mes prochains cours pour avoir de l'avance, mais ce n'est pas le cas alors je bifurque vers l'infirmerie pour retrouver une Shoko le nez plongé dans un tas colossal de feuilles, j'y aperçois des équations étranges et autres langages complètement inconnus pour moi.
- Bonjour jeune médecin, dis-je joyeusement en m'asseyant sur le bureau.
- Nomura Saori, que venez-vous faire ici ? souffle la brune sans relever le visage de ses écrits.
- Je m'attendais à un accueil plus chaleureux, je renifle, mais je venais seulement prendre de tes nouvelles ça fait longtemps.
- On s'est vu hier soir.
- T'as eu le temps de me manquer quand même.
Shoko soupire profondément avant de se redresser et de s'éloigner de son bureau avec sa chaise, ses yeux se lèvent vers moi avec fatigue.
- Tu t'ennuies ouais.
J'affiche un sourire forcé.
- Démasquée.
Mon amie pouffe de rire avant de se mettre debout, elle parcourt l'infirmerie et traverse un rideau, je l'entend me dire de la suivre, je m'exécute joyeusement puis franchis à mon tour le rideau. J'atterris dans une sorte de salon à l'ambiance reposante et aux néons violets, Ieiri revient vers moi avec deux verres à la main, nous nous asseyons en un souffle d'aise dans le canapé en vieux cuir. Je sirote ma boisson qui s'avère être un simple jus d'orange, je repose le verre sur la table basse.
- J'en ai marre Shoko, il m'ignore encore.
- Est-ce que c'est vraiment étonnant ? Tu lui as clairement dit que t'avais des sentiments pour lui et t'as dit tout haut ce qu'il pensait tout bas, évidemment qu'il n'a pas apprécié.
- Rah oui, je sais ça. C'était pas mon intention de le braquer, mais il fuit toujours.
- C'est propre à sa nature, ne rien montrer parce qu'il est "le plus fort".
Je peste rageusement. Pourquoi diable a-t-il fallu que je tombe sur pareille. énergumène ?!
- Tout s'arrange avec le temps, conclue Shoko.
J'acquiesce en maugréant. Le temps. Cette notion si abstraite quand on y réfléchit vraiment. Soudainement, mon téléphone vibre avec ferveur dans ma poche, je fronce les sourcils et regarde l'heure avant de décrocher : 15h45. J'apporte l'appareil à mon oreille et me fige en entendant la voix de l'autre côté du fil. Mes yeux s'écarquillent et Shoko me fixe, dubitative.
- Je serais là et à l'heure.
Je raccroche, les mains légèrement tremblantes, je me lève subitement, informe Shoko que j'ai une urgence puis file à l'extérieur. En arrivant à l'air libre, je m'arrête, ferme les yeux avant d'inspirer une grande bouffée d'oxygène. Le gaz s'engouffre dans mes poumons, je réfléchis à tout allure, que va-t-il arriver maintenant ? Si moi et Gojo ne parvenons pas à les faire changer d'avis, Yuji va probablement... Non, on fera tout pour empêcher que cela arrive, d'où le repas administratif de ce soir avec une grande partie des dirigeants des Grandes Familles ainsi que trois des exorcistes de classe S dont moi. J'expire l'air emmagasiné avant de reprendre la route jusqu'à chez moi.
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𝐘𝐨𝐮'𝐫𝐞 𝐝𝐮𝐦𝐛 / 𝐆𝐨𝐣𝐨 𝐒𝐚𝐭𝐨𝐫𝐮 𝐱 𝐎𝐂
FanfictionTOME 2 Une femme se réveille dans un hôtel, un homme se réveille dans un hôtel. Ils abandonnent leur coup d'un soir et s'apprêtent à reprendre leur vie. Ils s'entrevoient à travers une glace et semblent troublés comme si des souvenirs jusque là enfo...