Epilogue

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Le dernier ptit chapitre de cette histoire et je suis triste.

Pour changer, je vais vous dire que la musique est extraordinaire, vous avez l'habitude maintenant ahah.

Bonne lecture à vous :)


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          Il posait un regard fatigué sur le bout de ses chaussures au cuir éliminé qui menaçait dangereusement de tremper dans l'eau. Il venait à peine de s'assoir lorsqu'il se demanda comment il allait réussir à se lever du petit ponton en bois grisé par le temps et les marées. Il soupira. Après tout ce qu'il lui était arrivé, ses muscles avaient malheureusement perdu de leur superbe. Il planta son regard dans le bleu de l'océan, suivant paresseusement des yeux la houle qui torturait l'étendue d'habitude si paisible. Le temps gris se reflétait dans le bleu presque noir de l'eau dont les vagues venaient se fracasser inlassablement, infiniment, contre les poteaux usés du ponton. Une bourrasque provoqua un frisson à l'homme qui releva un peu plus le col de son imperméable noir sur son cou. Il ferait bien de se dépêcher, le temps ne devrait pas tarder à tourner à l'orage.


          Il se tortilla pour sortir un journal de sa veste. Ses gestes étaient maladroits, mal maitrisés, fatigués. Tout comme le papier qu'il tenait maintenant entre les mains. L'encre avait fané à force d'avoir été lu et relu et les pages cornées à trop avoir été tournées. Pourtant, il ne datait que d'une semaine. La couverture affichait toujours une grande photo avec deux visages barrés de larges sourires. Alors qu'il triturait les pages pour accéder à l'article du gros titre, le vieil homme enfonça un peu plus ses lunettes sur son nez. Il s'appliqua alors à la lecture, dans un silence religieux seulement rompu par les bourrasques du vent. Au fur et à mesure que l'homme avançait dans le texte, son visage, enfin éclairé par un sourire doux, se parait de mille couleurs. Il paraissait renaitre alors que le papier contait le destin fabuleux de deux jeunes homes. Alors que leurs destins semblaient être joués à l'aube de leur vie, leur dévouement et leur confiance sans faille les avaient épargnés d'une funeste fin.


         L'article relatait l'enquête qui avait été menée, pendant une année durant, sur la disparition mystérieuse d'un tableau de maître. A ce moment, la moindre des pistes s'avérait être un échec cuisant et pourtant la police semblait tenir le coupable parfait, le fautif que tout désignait, l'homme que tout semblait accabler. Et il avait fallu un procès de plus de seize heures, suivi par la France entière, pour démontrer l'innocence d'un jeune régisseur d'art promis à une carrière prestigieuse et permettre le démantèlement d'une des bandes de faussaires l'art les plus connues du pays.


          Alors que le régisseur d'art, un certain Thomas Iturralde, était sous les projecteurs, un homme semblait constamment assurer ses arrières. Si l'on observait bien les photos de chaque article de presse, on aurait pu discerner dans chacune un homme, qui se tenait bien droit dans leur arrière-plan. Son regard azur perçant défiait quiconque de s'en prendre à celui qui faisait battre son cœur. Il formait un duo hors normes, un couple fusionnel. Ils étaient deux âmes sœurs réunies. Chacun, pris indépendamment n'était qu'une mauvaise version de lui-même, une pâle copie de la réalité. Sans l'autre, ils n'étaient rien, une vulgaire poussière dans l'immensité de l'humanité.


          Alors que les lettres continuaient de se succéder sous ses yeux, l'homme tritura nerveusement de ses doigts usés un anneau monté en pendentif qu'il portait autour de son coup. Il continua de lire l'article et la façon dont le journaliste décrivait ce couple hors pairs et leur montée fulgurante dans le milieu ultra sélect de l'art. Il passa l'anneau autour de son annulaire gauche et observa, sans grande surprise, ce dernier flotter autour de son doigt trop maigre et de ses articulations déformées par les rhumatismes. Ses yeux quittèrent l'article et posèrent un regard ému sur les bagues brillantes autour de son doigt. Il ne put empêcher d'ailleurs empêcher ses lèvres de sourire.

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