My Rehab

Chapitre 3

J'ai passé la journée le cerveau retourné. J'ignore pourquoi je suis autant à fond sur elle...

Il est 16h pile quand je passe la porte de la bibliothèque, qui est plutôt calme pour cette heure.

Je cherche Billie du regard, qui n'est pas encore arrivée.

Je décide de m'installer à la première table que je vois. Une table de quatre.

Je sors mon téléphone et décide de regarder un live Twitch en l'attendant.

Il doit être aux environs de 16h10, lorsqu'elle n'est toujours pas là.

Elle m'a mit une carotte, c'est sûr et certain.

À quoi je m'attendais ? Je suis vraiment con.

Moi qui pensait qu'elle était vraiment gentille. Peut-être qu'elle est plus vicieuse que ses potes en fin de compte.

Je verrouille mon portable et me motive à bosser seul.

Je cherche dans les rayons de la bibliothèque un livre parlant de la crise de 1929. Aucun bouquin.

- Bonjour, est-ce que vous auriez un livre sur la crise et la 2nde Guerre Mondiale, s'il vous plaît ? Je demande à la documentaliste.

- Oui, bien sûr, vous pouvez aller voir dans la réserve. Il y a une étagère complète dédiée à l'histoire américaine. Répond la vieille dame en tricot, en ne relevant point les yeux de son ordinateur.

J'arrive devant la porte avec l'inscription "RESERVE, INTERDIT AU PUBLIC".

Il y a un long couloir avec plusieurs pièces, au bout, un peu en retrait, il y a une réserve vide avec un hublot sur la porte.

Personne ne vient jamais ici.

Mais, étrangement, j'entends du bruit provenant de cette pièce.

Je m'approche doucement et passe le haut de ma tête à travers la vitre ronde.

Mes yeux s'agrandissent automatiquement.

C'est Billie...

Elle est assisse sur la vieille imprimante, en sous-vêtements couleur lilas, et se tient à l'armoire à côté d'elle.

Je devrais me barrer.

Billie est en train de baiser avec Nick Olson dans l'ancienne réserve de la bibliothèque.

Il donne de grands coups de reins, alors que la brunette a les yeux fermés, excitée comme jamais.

Il lui embrasse les seins, tandis qu'elle passe ses mains dans les cheveux de son connard de mec.

Je les vois se rouler de grosses pelles avant de me tirer d'ici.

J'ai envie de tuer ce gars. Pourquoi c'est ce connard qui l'a dans ses filets ?

Je vais quand même chercher mon livre sur la crise américaine.

Cinq minutes plus tard, j'entends une grande porte claquer.

Je détourne le regard de mon livre et aperçois la grande brunette replacer correctement son gilet, en regardant autour d'elle.

Je soupire d'exaspération.

- Salut.

Mes yeux remontent jusqu'aux siens. Les cheveux en pétard, elle poursuit en s'asseyant en face de moi :

- Désolée, j'ai eu un petit contretemps.

Ouais, un contretemps appelé Nick Olson. C'est ce que j'aurais dû dire. Mais voilà ce que j'ai répondu :

- Pas de soucis. Suivi d'un sourire.

Elle sort un bloc note ainsi qu'un crayon gris de son sac et pose son téléphone sur la table.

- T'as déjà trouvé quelques trucs ? Elle demande en penchant la tête vers mon livre.

- Pas grand chose, je viens juste de commencer. Mais y'a pleins de livres là-dessus dans la réserve.

Sa bouche s'ouvre doucement et elle ne répond pas directement.

Merde. C'est vrai qu'elle était ici il y a cinq minutes.

- J'peux te l'emprunter ?

La main tendue vers le livre, je ne peux que lui donner.

J'ai envie de parler d'autre chose que d'histoire avec elle, mais qu'est-ce que j'aurais d'intéressant à ses yeux ?

Je griffonne quelques phrases d'un récit trouvé sur Google, alors que Billie commence à faire des schémas sur sa feuille.

- On devrait se répartir le travail. Elle dit en jouant avec son crayon à papier.

- Comment tu veux faire ça ?

Elle pose le bouquin de 400 pages devant mes yeux et commence à glisser son crayon sur les grandes lignes du chapitre.

- Toi tu bosse sur la crise et comment elle a duré jusqu'à la guerre, et moi je parle plus de la guerre. Comme ça on pourra avancer chacun de notre côté.

Je fronce les sourcils, comme déçu qu'elle ne veuille pas plus travailler avec moi que ça.

Je fais mine de tousser avant de dire :

- On...on devait pas travailler à deux ?

Elle lève les yeux vers moi.

- C'est ce qu'on fait. Juste on sera plus efficaces comme ça. Et on aura terminé plus vite.

Elle a toujours un petit sourire qui suit ses fins de phrases. Mes poils se dressent quand elle fait ce genre de chose.

J'avais oublié qu'elle, elle avait une vie à côté.

En plus de ses fêtes à organiser, je vois souvent sur son compte Instagram qu'elle a un train de vie très dynamique.

Elle ne me suit pas, mais je me fonds dans ses 2700 abonnés.

Ayant un père très riche, je vois souvent qu'elle part en voyage ou alors qu'elle se permet des virées shopping hors de prix.

Mais elle ne le publie pas pour narguer les gens, elle le fait parce qu'elle partage ce qu'elle aime.

Elle veut boucler au plus vite cette histoire d'exposé avec un pauvre geek, pour sûrement pouvoir sortir avec ses potes ce week-end.

Tous les vendredis, samedis et dimanche, Billie va souvent en boîte avec Nick et son groupe de basketteurs.

Des boîtes de luxe, où forcément des gens comme moi n'y seraient pas les bienvenus.

- Tu fais quelque chose ce week-end ? Elle finit par dire.

Inconsciemment, mon coeur se met à palpiter. Qu'est-ce qu'elle va me demander ?

Ma bouche s'ouvre, mais ne laisse s'échapper aucun son.

Je la vois me regarder, attendre patiemment une réponse de ma part. Alors elle fronce les sourcils et secoue doucement la tête.

- Je suis pas là.

- Oh...d'accord.

Pourquoi est-ce que j'ai dis ça ? Enfin, je ne savais pas ce qu'elle allait me demander, mais j'ai répondu non comme un con.

- On aurait pu se voir pour avancer un peu avant que je ne sorte samedi. Mais bon, tant pis.

Elle replonge son nez dans ses notes et continue de travailler studieusement.

Je la regarde, concentrée dans ce qu'elle fait.

Je suis tellement stupide, j'aurais dû accepter. Elle fait un effort à m'inviter chez elle, et moi, je ne suis même pas capable de mettre ma timidité de côté.

Une bonne heure après, elle me salue en disant "à demain", de sa voix douce, puis quitte la bibliothèque.

Il faudrait vraiment que je m'affirme un jour.