Chapitre 2

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– Les latrines* ! Je dois nettoyer les latrines ? s'insurgea Elina.

– Tu sais combien de fois tu as déjà passé ton tour ? lui fit remarquer Aymeric.

– Je suis la seule fille de la maison, j'ai quand même bien droit à quelques faveurs, non ?

– Euh, non...

Elle se résigna et s'activa afin de terminer au plus vite cette tâche ingrate. L'entraînement aurait lieu ensuite, moment qu'elle préférait par-dessus tout.

Elle sortit dans le jardin et rejoignit ses trois frères. Elina était ravie que Gauthier, le plus jeune des trois, soit de la partie ; il lui arrivait souvent de ne pas se joindre à eux. Le terrain qu'ils avaient réussi à aménager au cours des années ressemblait à une véritable lice miniature. Ils avaient débroussaillé une partie du jardin et, d'année en année, avaient accumulé du matériel : boucliers, lances, épées. Ils avaient même réussi à assembler deux armures complètes, en achetant des pièces dans les marchés ou en récupérant des morceaux auprès du forgeron du village.

– Salut sœurette ! lança Aymeric. On t'attendait.

– Je vais chercher Aurea et j'arrive, se réjouit Elina.

Elle courut à l'écurie. Sa jument l'avait entendue et trépignait d'impatience.

– Doucement, ma belle, doucement. Tu vas pouvoir te dégourdir les jambes.

Elle lui caressa le chanfrein* avec tendresse avant d'aller chercher sa bride et sa selle. Aurea était un animal que l'on pouvait qualifier de farouche. Elle obéissait à sa maîtresse comme à personne d'autre, mais ne se laissait pas approcher par n'importe qui. Son père lui avait dévoilé qu'elle l'avait reçue à sa naissance.

L'animal lui chatouilla la tête de son souffle chaud.

– Alors, ma toute belle, prête ?

La jument frappa doucement le sol de son sabot et Elina se hissa sur son dos avec aisance. Toutes deux se connaissaient par cœur. Un rayon de soleil fit scintiller la robe dorée d'Aurea. La jeune fille n'avait jamais croisé d'autre cheval présentant cette couleur, ce qui rendait Aurea plus unique encore à ses yeux.

Ses frères avaient déjà placé les différentes cibles et la quintaine*. L'aîné de la famille avait plus d'expérience et planifiait les séances. Ils firent plusieurs tours du terrain au trot et au galop afin d'échauffer les animaux. Ils réalisèrent aussi plusieurs exercices d'agilité. Vint ensuite la partie consacrée à la rapidité d'exécution, avec quelques passages par la quintaine. Elina adorait cet exercice. Elle était petite, vive, et de ce fait, même quand l'imposant sac de sable lui revenait en pleine tête, elle parvenait à l'éviter.

– Aïe !

Ce n'était pas toujours le cas d'Aymeric.

– Alors frérot, on s'empâte ? ricana Elina.

– Très drôle, moustique ! Qui a alourdi ce fichu sac ? Il pesait moins lourd la dernière fois !

– Là, je te crois sur parole. Tu es devenu expert en la matière.

Elina n'allait pas louper l'occasion de se venger de toutes les taquineries que son frère lui infligeait.

– Tu l'auras cherché ! s'écria ce dernier.

Il détacha l'imposant sac de sable et s'élança au galop vers sa sœur. Mais il ne parvenait pas à s'approcher suffisamment d'elle pour lui balancer le sac à la figure.

– Se faire battre par une fille, quelle honte ! se moqua-t-elle. Heureusement que ta dulcinée n'est pas là pour assister à ça.

– Qu'est-ce que j'entends ? intervint William, qui avait arrêté son cheval au milieu de la piste, accompagné par Gauthier.

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant