Chapitre 4

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Elina, Aymeric et William étaient assis dans l'herbe, épuisés mais satisfaits, après deux heures d'entraînement intensif.

– Bon travail aujourd'hui ! s'exclama William.

– Une chose est sûre, je meurs de faim, déclara Aymeric, alors, qui m'aime me suive !

Il se leva et se dirigea sans attendre vers la maison. Les deux autres lui emboîtèrent le pas. Ils aperçurent au loin leur père et Gauthier, qui revenaient du village. Lundi était jour de marché sur la place. Ils firent de grands signes à leur père, mais ce dernier répondit à peine.

– Ça n'a pas l'air d'être la folle ambiance, remarqua William.

Ils contournèrent la maison et allèrent à leur rencontre.

– Vous en faites une tête ! lança Aymeric. Pas bien vendu aujourd'hui ?

– Au contraire, répondit leur père, excellente matinée.

– Alors, pourquoi n'êtes-vous pas plus... joyeux ? demanda Elina.

– Oh, mais nous l'étions, figure-toi. Nous l'étions, jusqu'à ce que nous rencontrions Monsieur de Beaupré. Tu sais, ton directeur.

Bien qu'il n'ait pas haussé la voix, leur père avait employé le ton qui incitait au calme. Le ton qui indiquait que c'était fini de rire. Le ton que même Aymeric n'osait contourner avec l'une de ses blagues. En bon aîné, William rompit le silence qui s'était installé.

– Tu nous expliques ? demanda-t-il, à l'adresse de leur père.

– Honneur à toi, Elina, intima ce dernier.

– Euh... disons que... heu... enfin...

Un mélange de gêne et de honte l'envahit.

– Disons que... j'ai répondu à un professeur et... cela ne lui a pas plu...

– Elina !

– Oui, d'accord, j'ai été un peu arrogante envers Madame Montdeau, s'énerva-t-elle, mais...

– Un peu arrogante ? Je ne vous ai pas éduqués de la sorte, Elina ! Que ton directeur et moi soyons amis ou pas, si tu ne changes pas d'attitude, il finira par ne plus t'accepter dans son école ! As-tu la moindre idée de ce que tu veux faire de ta vie ? Y as-tu seulement songé ?

Que pouvait-elle lui répondre ? Oui, elle le savait. Son souhait de vie s'ancrait davantage en elle chaque jour, sans qu'il en ait le moindre soupçon.

– Je me suis battu pour que nous puissions mener la vie que nous menons ! gronda-t-il. Et c'est comme ça que tu me remercies ?

– Tu n'as pas le droit de dire ça ! répliqua-t-elle. Tu sais très bien que... que...

Les larmes lui montèrent aux yeux.

– Quelqu'un va-t-il finir par nous expliquer ce qui s'est passé ? intervint William.

Elina ne parla pas. Leur père se lança alors dans l'explication des « prouesses » de sa fille. Aymeric ne put retenir un éclat de rire.

– Enfin, papa, ce n'est pas si terrible que ça, avoue franchement que...

– Tiens donc, ironisa Gauthier.

Les deux frères se défièrent du regard.

– Je veux que tu t'appliques ! la réprimanda leur père.

Elina ne comprenait pas l'intensité de sa réaction.

– Mais ça ne m'intéresse pas ! Je me fiche de connaître la manière correcte de dresser la table quand on a des invités ! Ou la manière dont il faut s'habiller quand on veut s'asseoir devant le feu avec son mari !

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant