Chapitre 26

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Elina se demanda pourquoi personne n'éclatait de rire. Le seul capable d'une telle mise en scène affichait la même mine que la sienne. Leur père paraissait soulagé. Noble. Royale. Sa mère était issue d'une famille royale.

Amaury enchaîna, ému.

– Je ne pensais pas vous revoir un jour...

– J'aurais dû te donner de nos nouvelles, s'excusa leur père.

– Je ne t'en ai jamais voulu, mon ami. Je ne comprends que trop bien les raisons qui t'ont poussé à partir.

Un profond respect liait les deux hommes.

– Après la mort de votre mère, j'ai voulu revenir à une vie plus simple, expliqua-t-il à ses enfants.  À une vie que je connaissais mieux. Je n'ai compris que trop tard qu'en agissant ainsi je vous privais d'une partie de votre famille. Et je ne pouvais plus faire marche arrière...

– En tout cas, je dois dire que votre nom de famille était plutôt bien trouvé ! Codeugnal... Languedoc, à l'envers... Intéressant ! s'amusa le roi.

Leur père leva les épaules en signe de dépit. Il avait voulu conserver ce nom en hommage à sa femme et, durant toutes ces années, était parvenu à garder le secret.

– Il est évident que nous allons vous emménager dans le château, au plus vite, ajouta Amaury.

– Je te remercie, mais à vrai dire, je préfère rester dans notre maison.

– Je serais plus rassuré de vous savoir au moins dans l'enceinte du village. Tout ceci va se répandre dans la région en un rien de temps.

– Si un jour nous nous sentons menacés, pour quelle que raison que ce soit, je te promets que nous viendrons aussitôt prendre refuge chez toi.

Il était particulièrement étrange aux yeux d'Elina de voir son père s'adresser de cette façon au roi.

– Au moindre doute, alors, répondit Amaury.

La reine arriva, entourée de gardes.

– Ermeline... dit leur père.

– Bonjour, Grégoire. Bonjour, les enfants... Vous m'excuserez de vous appeler de la sorte, j'ai du mal à croire que vous soyez presque tous des adultes !

Elle posa une main délicate sur la joue de William. Elle dégageait une incroyable chaleur humaine et un calme contagieux.

– Félicitations, ma jolie.

Elle enserra Elina avec affection. Celle-ci se laissa aller, ferma les yeux et respira son parfum. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti la douceur d'un câlin de maman.

– Merci, Madame, répondit-elle.

– Ermeline, s'il te plaît.

Un faible sourire s'étira sur le visage de la jeune apprentie.

– Pardonnez-moi, Majesté, les interrompit un garde, je pense qu'il est temps que nous nous retirions.

– Prépare les hommes, nous arrivons. Fais également évacuer la lice, je préfère que les gens ne pensent pas qu'ils peuvent désormais venir ici à leur gré.

Le garde salua et exécuta la demande de son souverain. Le couple royal prit congé de la famille et repartit en direction du château. Elina se dit que le roi avait raison. Il ne faudrait pas plus de quelques heures pour que la nouvelle se répande dans le village.

Les réactions envers Elina furent diverses, voire extrêmes. Pierrick et Victor vinrent la congratuler, chaleureux et sincères. Gaëtan et son propre père, eux, s'en allèrent, furieux. Certains ne savaient pas comment réagir et se contentaient de lui serrer la main ou de la saluer brièvement.

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant