Chapitre 16

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Personne n'attendait Elina lorsqu'elle revint au village. L'épreuve avait été longue. De plus, ses frères avaient peut-être dû faire diversion à l'égard de leur père.

À la fin de l'épreuve, Falkor leur avait annoncé que leur comportement avait été étudié tout au long de la journée, pas uniquement lors de l'épreuve. Les gardes et les membres du personnel avaient observé les candidats, parfois à leur insu.

– Nous allons nous entretenir avec eux et délibérer ensemble, avait expliqué le chevalier. Les résultats seront donnés ce soir, sans doute assez tard, sur la place.

Elina déambula à travers son cher village. Elle progressait lentement le long des maisons et finit par s'asseoir sur un petit muret, situé non loin de la demeure de Falkor. Allait-elle poursuivre le concours ? Sa décision avait plus ou moins été arrêtée au moment où elle avait épargné Gaëtan. Aurait-elle le courage d'affronter cette terrible réalité ? Aucun retour en arrière ne serait possible.

Elle n'entendit pas le bruit des sabots qui approchaient.

– Bonjour, Elian. Je suis heureux que tu sois encore là.

– Monseign... euh... Falkor.

Lorsqu'elle vit l'expression se modifier sur le visage du chevalier, elle se rendit compte qu'elle pleurait. Aussitôt, elle regarda le sol et s'empressa d'essuyer ses larmes.

– Voudrais-tu rentrer mon cheval ? demanda Falkor, à l'adresse de l'un des gardes qui l'accompagnaient.

– Certainement.

Elina entendit le bruit de multiples sabots s'éloigner. Falkor prit place à ses côtés, sur le petit muret en pierres rouges.

– Je ne vais pas te demander de m'expliquer ce qui te cause tant de chagrin ou prétendre que je comprends ce que tu ressens, dit-il. Sache seulement que si tu en as l'envie ou le besoin, je suis prêt à t'écouter. Tu sais, j'ai aussi connu des événements pas faciles, il y a quelques années de ça... Et puis, j'ai rencontré notre roi.

La jeune fille releva son visage vers lui. Tandis qu'elle plongeait dans ses yeux verts, elle fut soudain frappée par le fait qu'il ne devait pas être plus âgé que William. Il était temps qu'elle arrête de se comporter comme une gamine en sa présence.

– Merci, répondit-elle.

Ils demeurèrent un instant silencieux.

– Alors ? demanda-t-il.

– J'ai décidé de...

Elle soupira.

– J'ai décidé de poursuivre le concours. Si je suis pris, s'empressa-t-elle d'ajouter.

– Je suis ravi de l'entendre.

Elle parvint à lui adresser un faible sourire.

– Rentres-tu chez toi aujourd'hui ou loges-tu chez ton oncle ?

– Je reste ici ce soir, quels que soient les résultats.

Elle se sentait mal à l'aise de mentir à cet homme, lui qui faisait preuve d'une honnêteté sans faille à son égard.

– Dans ce cas, tu remettras mon bonjour à ta famille. J'ai eu la chance de rencontrer l'un de tes cousins et ta cousine, il y a quelques jours. D'ailleurs, tu as les mêmes yeux qu'elle, ajouta-t-il, avant de se lever. À bientôt, Elian. Et n'oublie pas, ma porte t'est ouverte.

Il la salua, se dirigea vers son manoir et disparut à l'intérieur. Elina prit alors conscience de sa décision. Jubilation et anxiété se côtoyèrent à intensité égale.

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant