Elina

Chapitre 10

Elina, Aymeric et Alixe étaient assis dans l'herbe, devant la maison de cette dernière.

– Alors, c'est juré, tu ne m'en veux plus ? s'enquit Elina.

– Bien sûr que non... Je suis autant responsable que toi. J'aurais dû te parler, t'écouter. Je suis désolée aussi.

Les deux amies s'étreignirent. Elina sentit le poids de son cœur s'alléger un peu.

– Voilà au moins un souci en moins, soupira-t-elle.

– Que veux-tu dire ?

– Gauthier ne nous adresse plus la parole, à Aymeric et à moi, et mon père croit toujours que nous avons sagement vaqué à nos occupations aujourd'hui. Du moins, je l'espère...

– Eh bien, je comprends que tu aies grand besoin de ta meilleure amie, lui sourit celle-ci.

– Et de son frère favori ! ajouta Aymeric.

Il plaça son bras autour de l'épaule d'Alixe et fit une révérence, l'entraînant avec lui.

– Je suis quand même déçue de ne pas avoir pu participer aux interrogatoires, se lamenta Alixe. Je vais devoir me contenter de ton rapport.

– Pour être honnête, commença Elina, il n'est pas si beau que ça.

– Sérieux ? aboya Alixe.

– Et c'est parti, grommela Aymeric. Oh, Falkor, mon beau Falkor, dis-moi qui est la plus belle ? couina- t-il ensuite.

– Je t'assure, grosse déception, vu de près. Notre imagination nous a joué des tours.

– Pourquoi toutes les femmes de la région se pâment-elles devant lui, alors ? s'indigna Alixe.

– Bonne question ! s'exaspéra Elina. Toutes des pimbêches, à n'en pas douter ! Elles lui ont attribué le statut de célibataire le plus convoité et depuis, elles se l'arrachent, sans l'avoir vu de bien près !

Aymeric la considéra avec suspicion, et elle ne put garder son sérieux plus longtemps.

– Mais arrête ! J'ai failli m'évanouir ! Bien sûr qu'il est... merveilleux ! soupira-t-elle, rêveuse.

Son amie gloussa telle une poule affolée.

– Il est merveilleux, grincha Aymeric. Pourrais-je vous signaler qu'il existe d'autres hommes tout aussi charmants dans cet humble village ?

Les deux adolescentes éclatèrent de rire en se tapant la main sur la cuisse. Elles se seraient roulées par terre si elles n'avaient pas été dehors.

– Désolée, Aymeric, rigola Alixe, tu ne fais pas le poids !

– C'est ce qu'on va voir ! jubila-t-il.

Il se lança à la poursuite d'Alixe. Il la chatouilla au point qu'elle le supplia d'arrêter.

– Eh, les gars !

William leur faisait signe depuis la route. Il était accompagné de Gauthier, qui les ignora et continua son chemin. Les trois compères rejoignirent l'aîné. Il affichait un visage sérieux.

– Ça ne s'est pas bien passé ? demanda Elina.

– Si, si. Et toi ?

Elina avait retrouvé sa bonne humeur et se lança dans l'explication détaillée de son aventure.

– Heureusement, Aymeric m'a retrouvée, je m'étais endormie contre un mur ! s'esclaffa-t-elle.

William ne semblait pas apprécier le comique de situation.