La plupart des candidats étaient déjà présents lorsque Elina et Gauthier arrivèrent, ensemble, mais silencieux. La pluie tombait à verse sous un ciel plombé. Du coup, leur père était parti plus tard que d'habitude. Ce dernier semblait de plus en plus suspicieux. À leur grand soulagement, personne n'était autorisé à assister à l'épreuve et les familles présentes avaient été priées d'attendre au village. Elina avait décidé d'emmener Kiko, malgré le risque que cela représentait. Sa présence la rassurait. Au centre de la prairie, un drapeau marquait le point de ralliement. Le déluge qui s'abattait sur Le Rouge contrastait avec le ciel radieux des derniers jours.
Le son d'une trompette fut suivi d'un imposant déploiement. Une cinquantaine de gardes progressaient à cheval, en une longue procession. Cinq chevaliers suivaient, parmi lesquels Gontran, Falkor et Thibaut. Ils menaient chacun un cheval supplémentaire, sellé et bridé. Les candidats s'étaient agenouillés sur le sol, transformé en gadoue détrempée. Une trentaine de gardes se répartirent autour de la prairie afin d'en empêcher l'accès aux éventuels curieux que les torrents de pluie n'auraient pas découragés.
Le cortège continua, vif et précis. Lorsque l'immobilité remplaça la danse militaire, Falkor invita les candidats à se relever. On n'entendait plus que le fracas des énormes gouttes qui s'écrasaient sur les arbres, le sol, les armures.
– Bonjour à tous. Nous allons débuter la deuxième journée d'épreuve, en espérant que les caprices du temps ne la rendront pas trop pénible.
– Aujourd'hui, poursuivit Thibaut, nous allons tester votre habileté à cheval. Nous avons emmené cinq montures, parfaitement dressées. Vous devrez effectuer avec précision le parcours que nous allons vous présenter. Sachez que vous n'aurez droit qu'à une seule chance.
– Cela signifie, enchaîna Gontran, de son froid habituel, que si l'un d'entre vous tombe, si votre monture se cabre ou si vous partez dans la mauvaise direction, vous ne pouvez pas recommencer. Vous continuez l'épreuve et nous en tiendrons compte lors des délibérations.
Au moins, c'était clair. Il n'y avait de la place que pour les meilleurs. Elina échangea un regard avec Pierrick qui semblait sur le point de défaillir.
– À présent, nous allons installer le circuit, reprit Falkor. Ensuite, nous le parcourrons tous les cinq pour vous montrer ce que nous attendons de vous. Nous n'effectuerons qu'un seul passage. Si vous ne respectez pas le circuit présenté, comme l'a dit Monseigneur de Languedoc, nous en tiendrons compte. Ceci dit, ne perdez pas tous vos moyens au moindre accroc.
Elina ne sut réprimer un rictus. Même entre eux, régnaient donc des discordes.
– Peut-on savoir ce qu'il y a d'amusant ? aboya Gontran à moins d'un mètre au-dessus de sa tête.
Elle sursauta et, lentement, releva les yeux. Les épaisses gouttes lui embrumaient la vue, mais elle ne pouvait s'y tromper : Gontran la fixait de son air sévère.
– Monseigneur ?
Elle n'en revenait pas : comment s'y prenait-elle pour se faire remarquer alors qu'elle essayait par tous les moyens de se fondre dans la masse ?
– Ton nom ?
– Elian... Codeugnal, Monseigneur.
Elle était mortifiée.
– Pourquoi riais-tu ?
Son esprit bouillonnait, à la recherche d'un prétexte crédible.
– Je ne riais pas, je...
– Baisse les yeux, jeune insolent.
« Falkor et Thibaut, dans les yeux, Gontran, pas dans les yeux, ce n'est pourtant pas si compliqué à retenir ! »

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Elina
Teen FictionCroire en ses rêves. Mettre tout en œuvre pour les atteindre. Se cogner. Tomber. Se relever. Encore et encore. Le chemin est long pour ceux qui osent se lancer à la conquête de leurs rêves les plus profonds ! Elina a quatorze ans. Orpheline de mère...