Chapitre 8

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L'affluence s'était intensifiée, comme prévu. Des cavaliers et des charrettes les doublaient allègrement. Certains piétons s'étaient mis à courir. Alixe, qui les attendait un peu plus haut sur la route, leur fit signe.

– Pas mal du tout ! fit Aymeric, admiratif devant la transformation de la jeune demoiselle.

– Merci !

Elle tourna sur elle-même.

– Et toi, Elina, qu'en penses-tu ?

Elle ne répondit pas, incapable de contrôler la colère qui avait envahi ses traits.

– Je vois, se vexa Alixe. Quand c'est toi la vedette, toute l'attention doit t'être accordée.

– Ça n'a rien à voir ! Comment as-tu pu t'imaginer que ceci me ferait plaisir ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça !

– Oh, mais je te connais, Mademoiselle Il-N'y-A-Que-Moi-Qui-Compte !

– Du calme, les filles.

– Parce que tu t'imagines que je suis jalouse ? riposta Elina. Mais ma pauvre, tu ne tiendras pas une épreuve !

– Ce n'était pas mon but, espèce d'ingrate ! Mais puisque tu me défies, pourquoi ne pas tenter d'en remporter quelques-unes ?

– Les filles, pour l'amour du ciel !

– Fais ça, oui, on va bien rire ! Et la prochaine fois, essaye de te trouver tes propres rêves, voleuse !

Elina reprit la route, suivie par une Alixe piquée au vif et un Aymeric penaud.

– Génial... soupira-t-il.

La foule progressait lentement. Certains s'impatientaient et tentaient de se frayer un chemin sur les côtés. D'autres poussaient derrière, faisant tomber des gens dans la poussière. Enfin, ils franchirent la porte du village. À leur surprise, la pression se relâcha une fois à l'intérieur des murs.

– Regarde ! pointa Aymeric. Ils sont plus d'une dizaine de gardes à présent.

Ils passèrent le contrôle et déboulèrent sur la place.

– Et maintenant... ? croassa Elina.

L'église n'avait pas encore sonné les douze coups de midi, mais la foule agglutinée devant eux paraissait infranchissable.

– C'est cent fois pire ! paniqua Elina.

Elle se tourna vers son amie et, malgré la rancœur, se rendit compte que quelque chose clochait.

– Qu'est-ce que tu as ?

– Tu vas être contente, je ne vais pas savoir venir...

– Pourquoi pas ?

– Je ne supporte pas d'être collée aux gens, comme ça ! L'odeur et les vêtements poisseux de certains me retournent le cœur, dit-elle avec dégoût.

– Dans ce cas, reste ici, répliqua Elina.

– Arrêtez ça, intervint Aymeric. Alixe est venue jusqu'ici pour te soutenir. Nous avons d'autres tracas plus importants. Alixe, tu viens sur mes épaules, comme ça tu seras au-dessus de la foule et tu pourras nous guider.

Sans leur laisser le temps de réagir, il hissa sur son dos une Alixe devenue aussi rouge que les pierres des maisons du charmant village qui les entourait.

– Qu'est-ce qui te prend ? s'indigna Elina.

– Tu as une autre solution ? En plus, je trouve la proposition d'Alixe plutôt chouette. Tu crois sérieusement qu'elle rêve de devenir chevalier ? Maintenant, tais-toi et suis-moi. On va finir par arriver trop tard !

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant