Chapitre 27

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Elina observait son reflet dans le grand miroir de sa chambre. La jeune fille ne possédait que deux robes, ayant toutes deux appartenu à sa mère. Elle ne cessait d'enfiler l'une, puis l'autre.

– Alixe, tu veux bien m'aider à la fin !

– Je t'ai déjà répété cent fois qu'elles sont toutes les deux très jolies, se lamenta Alixe.

La longue robe en lin rose pâle qu'elle portait lui allait bien. Sans plus. L'autre ne produisait pas davantage d'effet. Pourtant, elle désirait faire honneur à sa mère.

– Alors, ce sera celle-ci, adjugea-t-elle, même si je la trouve trop simple. J'ose à peine imaginer le nombre de tenues resplendissantes que nous allons croiser à ce bal !

– C'est donc ça qui te tracasse, comprit Alixe.

– Et ces cheveux courts n'aident pas ! Je suis moche comme ça !

Alixe réalisa à quel point le poids de ce sacrifice pesait lourd sur le cœur de son amie.

– Attends... lui dit-elle.

Elle retira le châle qu'elle portait et le plaça sur les épaules d'Elina. Elle fouilla dans la petite boîte à bijoux de son amie et en sortit une paire de boucles d'oreilles, un bracelet en argent et un long ruban de soie rose foncé, qu'elle entreprit de lui nouer à la taille. Elle la considéra ensuite de haut en bas et fit une moue satisfaite.

– Qu'en penses-tu ?

– Mieux ! 

On frappa à la porte et Aymeric entra, un paquet à la main.

– Mesdames, salua-t-il avant d'embrasser Alixe. Vous êtes à couper le souffle !

– Tu vois Elina, on avait tort de dire que ton saltimbanque de frère ne sait pas parler aux femmes.

– Modère tes propos, donzelle, sinon tu restes ici pendant que nous allons festoyer au château !

Il l'embrassa à nouveau puis se tourna vers sa sœur.

– J'ai quelque chose pour toi.

Il lui tendit le paquet.

– Tu n'es pas obligée de la mettre. Mais en grand connaisseur de la gent féminine...

Il lança un regard éloquent à sa petite amie et à sa sœur.

– ... du moins, en grand connaisseur des deux femmes ici présentes, j'ai pensé que tu t'inquiéterais peut-être de ne pas avoir une robe appropriée.

Elina défit le nœud et déplia la robe que contenait le paquet. Elle était splendide. Bien que la coupe soit simple, elle dégageait une incroyable finesse. La soie, d'un rose quasi identique à la robe qu'elle portait, était parsemée de fines lanières, de différentes teintes de rose. Le dos était fermé par un long ruban croisé qui terminait en un nœud discret dont les extrémités tournoyaient avec élégance. La pointe du décolleté en V se prolongeait en minuscules boutons blanc nacré. Des manches légèrement bouffantes rendaient le tout extrêmement gracieux. Un châle assorti avait été placé dans un paquet à part.

Elina resta silencieuse, émue par l'attention de son frère.

– Je suis retourné chez Margaux, la couturière qui a cousu la robe que tu portes. Elle m'a dit que si elle ne te plaisait pas, je pouvais la lui...

– Elle est parfaite, le coupa Elina. Merci, Aymeric.

– Nous sommes tous prêts, on vous attend en bas.

– Vas-y aussi, Alixe. J'enfile cette merveille et j'arrive.

Elina se retrouva seule. Elle ôta la robe qu'elle portait et la posa sur le lit. Elle serra le médaillon qui ne quittait plus son cou et enfila sa nouvelle tenue. Le reflet que lui renvoya son miroir la déstabilisa. Chaque détail s'ajustait à son corps comme si la couturière l'avait taillée sur elle. Le décolleté mettait en valeur son cou et sa poitrine. Elle mit un soupçon de rose sur ses joues et ses lèvres. Elle ne maquillait jamais ses yeux. Le contraste entre la noirceur de ses longs cils et la couleur presque transparente de ses yeux verts lui donnait un regard naturellement intense. Kiko la dévisageait de ses grands yeux jaunes et Elina éclata de rire.

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant