Chapitre 24

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Pierrick remporta son duel contre Robert et Gaëtan le sien, face à un concurrent dont Elina n'avait pas retenu le nom.

La jeune fille se tenait à l'entrée de la tente, prête à s'élancer contre Gonzagues de Courtelande. Aymeric dévisageait sa sœur, inquiet. Elle était trempée de sueur et ne parvenait pas à se ressaisir. Elle avait blessé et forcé un candidat à l'abandon, malgré les consignes très strictes de Falkor. Elle ignora volontairement de regarder son frère et, au signal, lança Aurea au galop. Gonzagues se rapprochait. Elle prépara son coup. La douleur, lancinante, irradiait à présent vers les côtes. La défense de son adversaire n'était pas bonne : il laissait tout son torse à découvert quand il levait le bras pour attaquer. Elina ne pouvait se résoudre à prendre le risque de blesser un deuxième candidat et hésita à porter son coup. Gonzagues profita de cet instant de doute et la percuta en plein poitrail. Malgré l'impact, elle parvint à se maintenir en selle, le souffle coupé. Elle fit demi-tour dans la tente et osa un coup d'œil dans la tribune royale. Falkor regardait dans sa direction, l'air sérieux, presque fâché.

La deuxième vague fut lancée. Gonzagues commettait la même erreur : il levait son bras, mais au lieu de pivoter le torse pour se couvrir, il laissait le champ libre à son adversaire. Le duel fut identique au premier : la jeune apprentie fut heurtée de plein fouet, mais ne tomba pas. Juste avant de pénétrer dans la tente, elle aperçut Gaëtan et son père qui l'applaudissaient et formaient des « bravos » muets.

– On peut savoir à quoi tu joues ? l'accueillit Aymeric. Es-tu en train d'essayer de te faire tuer ?

Elina releva sa visière. Il se calma devant son expression de douleur et les larmes qui coulaient sur ses joues. Il fit pivoter Aurea et se plaça devant sa sœur.

– Je ne comprends pas, souffla-t-il. Tu souffres le martyr ! Pourquoi fais-tu durer ce duel ?

Elle se pencha pour ne pas devoir parler trop fort.

– Je ne sais pas... C'est depuis que j'ai blessé cet autre garçon !

– Si tu veux devenir chevalier, tu devras inévitablement blesser, voire tuer d'autres combattants. Tu le sais quand même ?

– Oui, couina-t-elle d'une toute petite voix.

– Tu es sûre ?

– Oui... Seulement, je n'avais pas réalisé l'effet que ça produirait de blesser quelqu'un... ou pire...

Aymeric se tourna vers le garde.

– Serait-il possible de nous donner quelques instants de pause ?

Ce dernier acquiesça et alla l'annoncer. Aymeric attira sa sœur dans un coin où ils ne pouvaient être entendus. Il se planta devant elle.

– Pourquoi veux-tu devenir chevalier ? murmura-t-il.

– Tu sais pourquoi je veux devenir chevalier.

– Moi, oui, mais toi ?

Elle le regarda, surprise.

– J'aimerais entendre tes raisons, répéta-t-il.

– Eh bien... Pour commencer, j'aime que les choses soient justes.

Elina était mal à l'aise d'aborder ce sujet, même avec Aymeric. Elle n'aimait pas parler de ces rêves qui la rendaient différente.

– Je veux protéger ceux qu'on ne respecte pas, ceux qu'on maltraite, poursuivit-elle.

– C'est une noble cause. Quoi encore ?

– Je pense être assez douée pour monter à cheval et manier les armes.

– C'est certain. Ensuite ?

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant